12 : 𝑃𝑙𝑎𝑦 𝑤𝑖𝑡ℎ 𝑚𝑒

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« I think I found a new addiction. » Dutch Melrose

Point de vue Zoë

Le vent joue avec mes cheveux, fatigué d'attendre que je me décide enfin à entrer dans ce café. Mon arrivée bien trop ponctuelle m'oblige à hésiter, dois-je vraiment le rejoindre ?

Eliott a insisté pour qu'on travaille ensemble, qu'on coopère au moins une fois, pour voir. Cette soit disant trêve n'est qu'un prétexte pour mieux me mettre hors course, je le sais et j'ai l'impression d'y consentir. D'où ma présence ici.

Le vent me pousse à l'intérieur, lassé de cette hésitation bien trop longue. J'entre malgré moi, honnêtement, je ne sais même pas ce que je fais encore ici. Je devrais partir, le fuir.

Les serveuses dansent entre les tables, elles slaloment et se croisent afin de servir tous les clients en un temps record. Le café est bondé, c'est à peine si je distingue les clients entre eux.

Ce n'est qu'après plusieurs regards dispersés que j'aperçois Eli au fond de la pièce, assis seul avec ses cahiers. Sa proposition a l'air sérieuse, je ne comprends pas pourquoi j'hésite. C'est pourquoi je me décide à flancher et le rejoins.

- Salut, je lance d'un ton un peu trop précipité avant de m'asseoir en face de lui.

- Je t'ai pris un café, il doit sûrement être froid maintenant.

- Ce n'est pas grave, je n'aime pas le café.

Je crois me faire agresser mentalement lorsqu'il me lance un regard surpris et interrogateur. Ce jugement soudain me laisse indifférente, je n'apporte aucune valeur à ses idées.

- Qui n'aime pas le café sérieusement ? à part les enfants sans palais et sans goût.

Je vais le trucider.

- Je suis convaincue que les spécimens comme toi font semblant d'aimer.

Le goût riche et amer reste perturbant, je n'apprécie pas l'amertume et j'aime encore moins le fait d'être assise ici en face de lui. Il ne manque pas de se foutre de moi, comme si tout était une opportunité à saisir à tout prix.

Il m'offre un sourire mi-provocateur, mi-amusé, chacun de ses regards est une épine tendre et douce, elle offre réconfort aux exilés avant de les faire couler.

Décidée à travailler et à lui laisser une chance, je sors mes livres et ma trousse sur la table. La littérature est passionnante en surface mais plonger à travers des horizons plus obscurs s'avèrent moins distrayant.

Nous travaillons tous deux dans le silence, j'ai envie de partir mais je n'ose plus me lever.

- Dans une heure, on va retrouver Morgan.

- Je ne peux pas, j'ai des trucs à faire, je mens en essayant de me trouver une issue.

- Il ne me semble pas t'avoir demandé ton avis.

Sa concentration sans faille m'oblige à forcer le regard pour attirer le sien. Je ne sais plus si je dois m'enfuir ou le suivre dans ses plans.

- Le consentement, tu connais ? je demande d'un ton sarcastique en gardant le contact inexistant.

- Une proposition de sortie pour aller voir un ami n'a rien à voir avec une violation de consentement. Je me trompe ?

- T'as gagné.

Victoire un peu trop rapide cela dit.

Je tente par tous les moyens de retenir les informations importantes que je dois mémoriser mais c'est à peine si j'arrive à me concentrer. Eli bosse comme un acharné, sans relâche, sa concentration est trop imperturbable.

Begin againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant