𝑷𝒓𝒐𝒍𝒐𝒈𝒖𝒆

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Ce jour-là, tout a viré au cauchemar.

Le bruit assourdissant des balles m'assomme. Ma vision se trouble tandis que j'essaye de reprendre mes esprits. Je suis déstabilisée, je me demande où je suis, ce qui se passe, pourquoi tout le monde crie.

L'impact de ma tête contre le sol me donne encore le vertige, un liquide chaud coule le long de ma tempe. Qu'est-ce qui se passe, putain ?

Les hurlements et les cris se brouillent, je discerne à peine les meubles du magasin de luxe.

Deux hommes en noir pointent leurs armes sur des clients et des employés, la panique règne. Cette atmosphère angoissante, presque effrayante me donne le tournis. Seule sur le côté du comptoir, je vois à peine où sont les autres personnes.

Une arme surgit de nulle part et vient se pointer contre mon crâne, je ne comprends rien. La panique éveille mes sens, j'ai la nausée.

Je ne peux discerner qu'un regard sombre, le reste du visage de ce type est camouflé sous une cagoule avec une tête de mort dessinée à l'encre blanche.

Son regard plonge dans le mien, il essaye de me noyer, de m'enfoncer la tête sous l'eau. Il n'éprouve pas de pitié et encore moins de remords, il ne ressent rien. Son regard est vide, aucune émotion ne traverse ses pupilles. Cet homme est détruit, anéanti, massacré, perdu dans un torrent de tristesse. Cette absence d'émotions me fait comprendre qu'il n'a plus rien à perdre et que tout lui est égal.

J'ai peur de mourir.

Le braqueur de la bijouterie me tire par le bras avant de me plaquer contre son torse. Je suis morte de peur, incapable de bouger et pourtant, une haine démesurée me supplie de me défendre.

- Si vous ne fermez pas tous vos gueules dans la seconde, je la bute ! hurle-t-il à travers les coups de feu.

Pourquoi je suis venue dans cette bijouterie déjà ?

Les gens encore présents comprennent très vite le message, le silence règne. Un ange passe, tout semble s'illuminer, et pourtant nous voilà en enfer.

Retour au "calme".

L'homme qui me garde en otage ne desserre pas sa prise pour autant. Ses muscles se crispent lorsque je tente de lui infliger un coup dans les côtes.

- Si j'étais toi, je n'essayerais pas de me débattre inutilement.

Le coup de pression du cinglé a au moins l'avantage de calmer mes ardeurs. Sa prise se resserre un peu plus à chacun de mes mouvements. Chaque membre de mon corps se retrouve comprimé, j'ai l'impression d'étouffer.

Le canon froid limite glacial de son arme est toujours braqué contre ma tempe. Mes mains commencent légèrement à trembler sous cette angoisse multipliée par mille.

Il le sent, il recule son arme de cinq millimètres.

- Ne fais pas genre de ressentir de la pitié pour moi, râle-je un brin agacée.

Je tente de camoufler ma peur, de masquer mon stress et pourtant, il parvient à sentir tout ce que je m'efforce de faire disparaître. Est-ce si facile de lire en moi ? Suis-je toujours si incapable de gérer un tant soit peu mes émotions ?

Un gloussement vient narguer mon oreille, un souffle chaud voire étouffant s'abat contre mon cou. Mon envie de le trucider provoque des spasmes incontrôlés dans tout mon corps.

Tu ne perds rien pour attendre, connard.

- Tu devrais déjà t'estimer chanceuse que je ne t'ai pas encore buté.

Connard ×2.

Deux de ses complices tiennent encore les clients en joue. Si la peur emplit la pièce et nous condamne, chacun cherche encore le moindre espoir - même le plus insignifiant - auquel se raccrocher.

Des sirènes étourdissantes viennent changer la donne, tout bascule enfin en notre faveur.

Les braqueurs du dimanche se lancent des regards inquiets, signe que ce n'était pas prévu ou du moins, que quelque chose avait foiré.

- Merde, grogne le cinglé dans mon dos avant de ranger son arme.

Il me lâche enfin, plus aucune force ne me retient, plus rien ne m'étouffe. Je me sens soudain libérée d'un poids, j'inspire, je reprends une bouffée d'oxygène, je suis vivante.

Encore sonnée, je ne comprends plus ce qui est en train de se passer. Je perçois juste les dernières paroles de mon oppresseur : "ce fût un plaisir".

Ce type est complètement cinglé.

Ses deux acolytes commencent à fuir mais sont très vite rattrapés par mon bourreau. Ils s'enfuient sans même se retourner avec des sacs remplis de bijoux, billets et autres objets de valeur.

Je me sens encore incapable de bouger, je les regarde en train de s'enfuir, esquivant de peu la police.

Mon cerveau ne fonctionne plus, mes sens m'ont abandonné tandis que la panique, elle, me brûle de l'intérieur.

Les gens sont soulagés, je suis toujours terrifiée. Ils sont rassurés, je suis encore bousculée. Ils sourient, mon âme pleure.

Begin againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant