Begin again

17 : 𝐵𝑎𝑐𝑘 𝑡𝑜 ℎ𝑒𝑙𝑙

« I look inside myself. I'm seeing someone else that I don't know.» Dead Lakes

Point de vue Eliott

- J'ai le reste de l'argent, m'informe Marlon en posant un sac de sport sur la table basse.

J'hoche la tête sans lui répondre. Mes doigts continuent de caresser Vador, ce chaton quémande tout le temps des caresses. Son manque d'affection constant tend à me faire tourner en bourrique.

Les regrets m'assaillent en me chuchotant que j'aurais dû rester avec elle, que je n'aurais pas dû l'abandonner. Je me remémore son visage ébahi devant cette boutique de disques égarés entre plusieurs grandes enseignes de Manhattan.

Elle se plaisait à les contempler et j'aimais admirer son air fasciné.

Ma lâcheté me saisit à la gorge, le nœud coulant se resserre de plus en plus. J'ignore ce qui se trame dans sa tête, je n'ai pas non plus la moindre idée de ce qu'elle a pensé devant ce paradis musical mais une partie de moi aurait tout donné pour le savoir.

Le mystère fait peur aux hommes courageux. Bercé dans l'ignorance où les mots ne franchissent jamais la barrière de ses lèvres, les ténèbres narguent la pâle lueur de ses yeux.

Tu n'es qu'un lâche.

Ces mots que je me répète sans cesse résonnent en moi, ils me font perdre la tête tant ils m'obsèdent. Les souvenirs crus du passé me filent un coup de poignard rouillé dans l'estomac dès qu'ils en ont l'occasion.

C'est à croire que même avec toute la volonté du monde, les cauchemars nous rattrapent pour nous filer des terreurs nocturnes. Comment arrive-t-elle à faire semblant ?

Elle espère trouver une issue, une rédemption pourtant condamnée à rester enfermée. Elle ne vit plus, elle tente de survivre, et elle continuera à s'accrocher même si elle sait que tous ses efforts seront voués à l'échec.

Son sourire s'estompe mais jamais elle ne le laisse s'échapper, comme si elle y tenait. La faible lueur de ses yeux ne brille plus autant qu'avant mais un reste d'elle survit.

J'admire ce désir d'affranchissement, de liberté soudaine. C'est ridicule comme elle pense pouvoir s'en sortir avec une telle facilité; je comprends ses faiblesses mais je suis incapable de comprendre sa force.

- A quoi tu penses ? me demande finalement l'autre bougre en s'installant à côté de moi.

- Tu crois que c'est une bonne idée de me mentir ? Je sais que cet argent provient du manoir, je ne veux pas savoir ce que vous foutez avec Morgan mais ne me suivez pas dans ma chute.

Ma franchise soudaine le fait écarquiller les yeux, son air candide me fascinera toujours. Cacher décemment un secret n'est pas donné à tout le monde. Le mensonge me frôle à peine, nous nous guettons en s'affrontant l'un l'autre.

Nos erreurs d'autrefois courent après des âmes abîmées qui n'arrêtent jamais de courir après la source de leur égarement. Aucune distraction ne nous détourne de l'errance, le vice menace là où la morale se fragilise.

- On ne peut définitivement rien te cacher, toi.

Un sourire railleur mais satisfait trône fièrement sur mon visage angélique. Vador choisit ce moment pour sauter dans les bras de Marlon et m'abandonne dans se retourner, cet enfant n'est qu'un traître.

Cela dit, on se connait par cœur, même le mensonge ne peut dépasser le prisme de la vérité, il lui est soumis et le respecte. Même si nous étions tenté de nous cacher des choses, nous finissions toujours par nous les avouer. Comme si mentir était impossible.