7 : 𝑅𝑢𝑛 𝑎𝑤𝑎𝑦 𝑓𝑟𝑜𝑚 𝑚𝑒

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« We are broken bodies bound for each other » Silent Planet

Point de vue Eliott

Encore un braquage effectué sans accrocs, un énième. Cette petite bijouterie est en faillite depuis quelques mois déjà, qui s'en préoccupera ?

J'ai certes failli déclencher l'alarme, réveillé le gardien qui ne dort en bavant plus qu'il ne surveille et oublié de couper les caméras mais au moins, je ne me suis pas fait prendre.

Même si, bon d'accord, j'ai fait tomber un diamant par inadvertance. Je ne comprends pas le principe de mettre un gardien et des caméras de surveillance dans un magasin en faillite. Ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'elle ne ferme définitivement.

Je me gare devant le hangar où le type qui m'a engagé pour cette mission m'attend. Des hommes en costumes surveillent les alentours, tous sont armés.

Même si l'appréhension me tord les boyaux, je sais que je n'ai pas le choix. Le traitement coûte limite plus cher que mon loyer et j'ai à peine de quoi payer l'électricité. Marlon me tuerait s'il me voyait faire ça.

J'avance presque à reculons, ma cagoule ne dévoile que mon regard émeraude. Tout est si faux chez moi que je doute qu'on ne reconnaisse quoi que ce soit.

Un des types me jauge avant de me laisser entrer, il me reluque comme pour voir si je serais apte à tenir le coup si ça dérape. Il sait que je suis apte.

Le client sirote sa boisson alcoolisée avant de se lever dès que j'entre. Son regard est sombre, avide, presque monstrueux. Je suis terrifié alors que j'ai l'habitude de côtoyer ce genre de personnage.

- Eli ! Ravi de vous rencontrer.

Ses faux airs me donnent la gerbe, son amère sourire hypocrite ne fait qu'accroître mon envie de le baffer. Il compte parler, je ne compte pas m'éterniser.

- J'ai ce qu'il vous faut, c'était sympa de bosser pour vous mais c'est fini. Donnez moi ce que vous me devez et je m'en vais.

- Je crois qu'on s'est mal compris...

Vous voyez ce « et merde » qui traverse un coin de votre esprit et qui vous fait réaliser à quel point vous êtes dans la merde ? Et bien ma vie se résume à cela.

C'est à ce moment-là, ce moment précis, que je saisis l'envergure de ma connerie et de ma naïveté. Le problème avec le Dark Web, c'est qu'on ne sait jamais sur qui on va tomber.

Évidemment, les types armés se tournent vers moi. Chacun de leur regard est dissimulé derrière des lunettes de soleil trop noires. Le client m'offre un sourire espiègle, je tente de rester impassible mais le stress m'assaille.

- Vous allez encore un peu travailler pour moi, annonce-t-il en me servant un verre que je ne vais certainement pas boire.

- Je ne vais pas encore un peu travailler pour vous.

- Et pourtant, vous allez encore un peu travailler pour moi.

Un de mes rictus se mêle au sien, cet homme est intelligent et très drôle mais sa folie des grandeurs va le perdre.

- Je ne tire mon coup qu'une seule fois, désolé mais nous n'allons pas nous revoir.

Son regard s'assombrit, le mien aussi. Lorsque ses avant-bras se posent sur le bureau en bois, je vois ses muscles se crisper. Sa colère prend forme, l'idée de le faire vriller me fait jubiler.

- Je ne suis pas l'une des putes que vous baisez, Eli.

- Et moi qui vient de vous offrir un sac rempli de bijoux... Vous n'aimez pas les diamants, client ?

Begin againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant