𝕷𝖔𝖛𝖊 𝕸𝖊 𝖔𝖗 𝕶𝖎𝖑𝖑 𝕸𝖊 (⚤)

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- JAX -

Elle sourit alors que tout le monde rit. Elle reste silencieuse alors que tout le monde parle, et elle observe les autres alors que personne ne fait attention à elle. Comme une étrangère, Violet essaie de se fondre dans la masse et s'adapter à son environnement. Mais ce bar n'est pas son environnement habituel. Il y a trop de bruit et trop de gens. Violet est discrète, timide, réservée. Elle sourit au serveur par politesse, lève son verre comme tout le monde alors qu'elle ne boit qu'un soda, et n'expose jamais sa gêne lorsque le dernier de la bande les rejoint et prend place à ses côtés.

Emprisonnée entre une de ses amies et ce nouvel arrivant, elle recroqueville ses épaules et sirote son soda par la paille en baissant la tête. Elle se colle au dossier du siège quand le garçon serre la main de tout le monde et se penche pour faire la bise à la fille sur sa gauche. Ma pauvre Violet est presque invisible. Elle ne représente qu'un obstacle sur le chemin de deux êtres affamés de sexe. Ils se dévorent du regard et ne prêtent aucune attention à ma Violet.

Elle me fait de la peine. Je vois bien qu'elle s'est forcée à accepter l'invitation de son amie, alors qu'elle aurait préféré rester chez elle et lire une romance clichée. Je l'imagine dans le coin de son canapé, les jambes croisées et collées contre sa poitrine, ses petits pieds nus qu'elle décide de cacher par un plaid lorsque sa romance prend une tournure plus épicée. Elle rêve sûrement de heurter un millionnaire ou un motard tatoué. Elle s'excuserait de sa petite voix timide et rougirait comme une vierge effarouchée. Malheureusement pour elle, ses espoirs de romance vont tomber à l'eau lorsqu'elle se rendra compte que le seul homme qui la regarde souhaite la dépecer.

Violet finit par s'excuser auprès du garçon, qui lui bloque le chemin des toilettes. Il se décale nonchalamment et se presse de prendre sa place pour passer son bras autour de son amie. Tous ces visages m'écœurent. La gentille Violet va mourir et personne ne s'en préoccupe. Son amie, qui l'a pourtant invitée, ne tente même pas de la retenir lorsqu'elle revient des toilettes, le visage rougis par les larmes, et qu'elle les salue. Elle se contente d'un faux sourire, d'un mouvement de la main hypocrite et aussitôt a-t-elle passé la porte du bar que le groupe se met à pouffer de rire, sûrement pour se moquer d'elle. Ils sont désormais plus libres de parler de ce qu'ils veulent, et même de critiquer Violet s'ils le souhaitent. Ils ne s'inquiètent pas de savoir si elle est en sécurité, et si personne ne la suit. Personne n'a proposé de la ramener alors qu'il fait nuit, et que la sortie des bars est toujours agitée.

Heureusement pour elle, je m'assure que personne ne lui fasse de mal. Je reste près d'elle lorsqu'elle passe devant des groupes d'hommes, et la laisse vagabonder un peu plus loin devant quand la voie est libre. Je tourne vers le parking pour y récupérer ma voiture et coupe la radio pour me faire discret. Je sais où elle va. Je sais où elle habite. Je la suis.

Violet a froid. Elle croise ses bras contre sa poitrine. Son pull ne sert qu'à cacher ses bras et sa poitrine, mais pas à lui tenir chaud. Il est blanc et a été tricoté avec de grosses mailles, qui laissent passer la fraicheur de la nuit. Par chance, elle n'aura pas à s'inquiéter du froid lorsqu'elle sera morte.

Je roule lentement et me poste à sa hauteur. Elle ne réagit pas tout de suite, mais tourne la tête lorsque j'ouvre ma fenêtre. Elle continue de marcher pendant que je roule à sa vitesse.

- Salut.

Elle ne répond rien et regarde à nouveau devant elle en accélérant le pas. J'accélère également la voiture.

- Je t'ai vue sortir du bar. Tu habites loin ? Tu veux que je te ramène ?

Intriguée, elle s'arrête. Elle étudie ma voiture de collection, l'intérieur propre, puis mon visage. Le sien est plutôt pale, mais ses yeux et le bout de son nez sont rouges.