𝕷𝖔𝖛𝖊 𝕸𝖊 𝖔𝖗 𝕶𝖎𝖑𝖑 𝕸𝖊 (⚤)

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- VIOLET -

Je me réveille brusquement en inspirant comme si je revenais à la vie. Je dégage la couette sous laquelle j'étouffe, me retourne et m'assieds sur les genoux, un bras tendu sur le matelas et une main autour de ma gorge endolorie. J'ai l'impression d'avoir été pendue et de me réveiller d'un coma.

Ma vision est trouble. Tout ce qui est dans ma chambre semble se mouvoir, tandis que je reste immobile, les yeux grands ouverts. Peu à peu, mon cerveau s'alimente en oxygène et arrête de faire danser la pièce. Mes nausées s'apaisent, et enfin, je peux me redresser. Mes yeux sont pleins de petites croutes de larmes séchées, et ma bouche est pâteuse. J'ai soif.

Je me racle la gorge et me lèche les lèvres en grimaçant avant de descendre de mon lit. Quand mes pieds se posent au sol, je baisse la tête et m'immobilise. Mon short est arraché. La partie qui cachait mon entre-jambe pend dans le vide. Je ressens même une drôle de sensation entre mes cuisses. D'ailleurs, tous mes muscles me font mal. Ma tête est lourde, mon corps est chancelant et mon vagin est irrité.

Je commence mon périple par les toilettes, dans lesquelles j'urine et découvre d'autres trucs séchés sur ma peau. En m'essuyant, je remarque une nouvelle cicatrice sur mon avant-bras, qui traverse toutes les autres. Elle est plus profonde, plus gonflée, et plus récente. C'est alors qu'un éclair de lucidité me traverse. Mon pouls s'accélère, me procurant une douleur intense au poignet, et sans même tirer la chasse d'eau, je cours dans la salle de bain pour faire face à mon reflet dans le miroir.

J'ai les yeux gonflés, mais ce que je vois en premier, ce sont les traces violettes sur mon cou. Elles sont douloureuses et par conséquent, bien réelles. Comme ma coupure, ces marques sont le reflet de la réalité. Elles me prouvent que je n'ai jamais rêvé. Jackson est vraiment entré chez moi et m'a étranglée au point que je me suis évanouie.

La nuit est encore assez confuse, tous les détails ne me reviennent pas en mémoire. Cependant, je me rappelle ses mains autour de ma gorge, dont je reproduis le geste inconsciemment. Je me rappelle ses doigts dans mon sexe, sa langue chaude et pleine de cyprine, son goût, sa texture... Je ne me souviens plus de mon orgasme, ou du sien. Je ne revois que son regard bestial, qui m'a terrifiée pendant une seconde. Pendant une seconde, j'ai bien cru mourir. Je pense que c'est ce qui m'a fait jouir, parce que je n'ai jamais ressenti autant de volonté de vivre.

Dans la voiture, je ne l'ai pas cru. Je ne le pensais pas capable de me tuer. Jackson voulait jouer les gros durs pour m'impressionner. Il jouait avec un couteau qu'il aurait pu dérober à son père et gardait un revolver vide dans sa boite à gants pour effrayer les fous qui se baladent la nuit. Je n'ai jamais eu peur qu'il me tue. Au mieux, je craignais qu'il ne me coupe, mais en était finalement excitée. Je ne l'ai pas cru, et j'aurais voulu y croire.

Encore maintenant, après tout ce qu'il s'est passé, je n'y crois pas. Je suis toujours en vie, et je n'ai servi qu'à son plaisir. Jackson ne tue pas. Il est seulement attiré par des relations un peu brutales. Il ne peut pas être un tueur. Il ne peut pas. Si c'était le cas, je devrais le signaler à la police. S'il en est un, il a sûrement déjà tué des gens, et prévois d'en tuer d'autres. Mais surtout, si je le crois, je suis sur sa liste de victimes. Il compte me tuer, et je devrais me protéger, m'enfuir et rester aussi loin de lui que possible. Mais cela ne me procure aucun plaisir.

En revanche, l'illusion d'être assez importante pour lui, au point qu'il veuille "s'amuser avec moi" avant de me tuer, ça me satisfait. Je sais que c'est tordu de penser qu'être l'attraction d'un psychopathe est une chose acceptable, mais je ressens des picotements dans ma nuque et de la vie dans mon cœur lorsque je pense à Jackson. Il me traite mal, et j'aime ça. Il me déshumanise et se sert de mon état mental pour assouvir ses fantasmes.