- VIOLET -
Comme je m'y attendais, je regrette aussitôt mon geste. Pourquoi est-ce que je fais ça ? Pourquoi est-ce que je risque mon boulot en m'introduisant dans le bureau du patron, pour fouiller un registre confidentiel ? Pourquoi est-ce que dès que quelqu'un me porte de l'intérêt, je m'accroche à lui et refuse de le laisser partir ?
Je fais ça avec toutes mes relations, qu'elles soient amicales ou sentimentales. Les rencontres virtuelles deviennent des besoins vitaux, et les garçons qui me plaisent prennent toute la place dans mon cœur, pour ensuite le briser. Ce n'est même pas leur faute. Je me brise le cœur toute seule. J'imagine faire ma vie avec le premier qui croise mon regard, me complait dans ma désillusion et force des relations qui sont vouées à l'échec. Tous me l'ont dit : je m'attache trop, et ça leur fait peur. "Parce qu'ils ne veulent pas me blesser". Mais surtout parce que personne n'est prêt à supporter mes problèmes. Personne ne le devrait, d'ailleurs.
J'ai trouvé la pensée qui occupe mon esprit toute la journée, et qui me fait verser quelques larmes par moment, que j'essuie entre deux rayons de disque sans qu'on ne remarque jamais la rougeur autour de mes yeux.
Le soir, je rentre avec, à nouveau, une boule dans l'estomac. Aucune voiture ne m'écrase et je dois subir la routine de la douche et du brossage de dents. Il m'arrive très souvent de céder à ma fainéantise et ne rien faire de tout cela. Si je mange quelque chose, c'est déjà quelque chose de fou. Cette fois, je m'oblige à faire cette toilette pour mériter ma récompense : le lit. Je me jette sous la couette et saisit mon ordinateur au sol pour regarder quelques épisodes d'une série, que j'ai du mal à finir. Parfois, je vais passer ma journée de repos entière à la regarder et parfois, je vais terminer un seul épisode en une semaine.
Ce soir, je n'ai pas goût à suivre ce qu'il se passe. Je laisse l'épisode tourner, mais je joue à des jeux sur mon téléphone. Et puis finalement, ce n'est pas assez pour me distraire. J'ajoute un peu de musique. Je n'entends même plus ce que les personnages se disent, et je me noie dans un mélange de sons qui n'ont plus aucun sens, au point que je ne me concentre plus sur les paroles des chansons ou sur les répliques de la série, mais seulement sur le bruit du melon qui se transforme en pastèque.
Je perds, lance une nouvelle partie.
Puis une troisième.
Puis une quatrième, puis je m'ennuie.
Je passe à un autre jeu, je m'ennuie aussi.
Je ne suis pas fatiguée.
Je me sens mal.
J'angoisse.
Pourquoi ?Je pense à Jackson. Jackson est une bonne distraction. Il est beau, il m'a souri, et a été gentil avec moi. Il sent bon, il a du style, et je me suis sentie bien dans ses bras. J'ai aimé me déshabiller, me retrouver complètement nue dans sa voiture, et m'être abandonnée à une débauche surprenante.
Je ne coupe rien des bruits qui m'entourent. Au contraire, j'ajoute à tout ce bazar, une nouvelle page internet. Je tape "Jackson Godfigers" dans la barre de recherche, mais ne trouve rien. Je réduis ma recherche aux réseaux sociaux, mais toujours rien. J'étais excitée, maintenant je suis triste. Je n'ai aucun moyen de le retrouver, et lui ne fera jamais le premier pas.
Je me suis fait avoir par ses belles paroles. Je suis faible et manipulable. J'ai un problème d'attachement et les garçons aiment se servir de ça pour me baiser. Ce n'est pas la première fois que ça arrive, et chaque fois, c'est ma faute. C'est ma faute d'avoir imaginé plus que du sexe, d'avoir cru être importante et d'avoir pensé que je trouverais quelqu'un d'assez fort pour me supporter, moi, et tous mes bagages.
Au fond, je sais comment cela va se terminer, mais je n'arrive pas à fuir. Ces courts instants me bercent d'illusions. C'est très bref, mais pendant quelques minutes, mon esprit s'apaise. Je crois que mes idées noires vont disparaître, que tout n'est qu'une "phase", comme me répétaient mes parents. Je me dis que je ne suis pas si malheureuse, que la vie n'est pas si terrible et qu'il est facile de trouver le bonheur quand on s'en donne la peine. Je me moque de moi-même, ris de mes angoisses et de mes ridicules tentatives de suicide. Et puis, quand le plaisir disparait, quand tout s'arrête, l'espoir meurt aussi vite qu'il est apparu. Je retombe dans mes vieilles habitudes.

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𝕷𝖔𝖛𝖊 𝕸𝖊 𝖔𝖗 𝕶𝖎𝖑𝖑 𝕸𝖊
Romance- POUR PUBLIC AVERTI - Tuer, c'est facile. Ce qui est difficile, c'est de garder en vie quelqu'un qui ne souhaite que mourir. « Je voulais la tuer, mais elle est déjà morte à l'intérieur. » ♪ : 𝙼𝚊𝚛𝚢𝚕𝚒𝚗 𝙼𝚊𝚗𝚜𝚘𝚗 / 𝙺𝚒𝚖 𝙳𝚛𝚊𝚌𝚞𝚕𝚊 F...