- VIOLET -
J'allais jouir. J'avais réussi à oublier mon malheur pour profiter de la joie immense qui montait en moi. Au milieu de cette nature resplendissante, pendant une chaude journée d'été, sous un soleil de plomb, j'étais heureuse. Je me sentais désirée, aimée, libre. J'allais jouir, mais un vieux connard est venu tout gâcher.
En tenue de joggeur, un homme d'une soixantaine d'années - voire plus - est apparu derrière Jackson pour le pointer avec son propre révolver. Je reconnais le manche noir et le canon argenté avec lequel il m'avait menacée la première nuit. Il l'a emmené avec lui dans son sac et pendant que nous échangions nos corps et nos fantasmes, le vieil homme a dû le récupérer.
- Écartez-vous de la jeune fille !
Une énorme frustration m'envahit. Cette sensation est encore pire que la solitude ou la déception. J'allais atteindre le bonheur. Je le touchais du bout des doigts. Cet intrus vient de me priver d'un bonheur immense. Et pour la première fois de ma vie, je ressens de la haine. Une haine qui transforme les traits de mon visage et tend chacun de mes muscles.
Je lance un regard de détresse à Jackson, qui me sourit comme si tout allait bien, sûrement pour me rassurer. Il referme silencieusement son couteau et relâche ma jambe. Sans me quitter des yeux, il remonte son pantalon, lève les bras et recule de quelques pas. Il s'éloigne assez pour que l'homme à lunettes se rapproche de moi, son bras tendu fermement vers Jackson.
- Vous faites fausse route, monsieur. On était en train de se faire un peu de bien, explique Jackson. Contrairement à ce que vous croyez, je n'étais pas en train de la violer...
- Taisez-vous !
Jackson reste souriant. Il semble carrément s'amuser de la situation, alors que mon cœur bat la chamade. J'ai peur qu'il soit blessé, que sa confiance le mette en danger.
L'homme tourne la tête vers moi, mais jette constamment des coups d'œil à mon partenaire, tandis qu'il approche sa main de mon visage. Je recule ma tête. Je ne veux pas qu'il me touche. Je veux qu'il pose son arme, et qu'il s'en aille. Mais il gratte le bout du ruban adhésif avec ses ongles pour l'arracher violemment, m'épilant une moustache inexistante au passage. Je grimace et pousse un petit cri de douleur.
- Tout va bien, mademoiselle, tente de me rassurer le vieux fou.
- On était en train de baiser, putain !
Je ne me reconnais pas. Je suis même surprise de ma réaction, et du ton agressif que j'ai employé. Ce n'est pas moi. Je ne me reconnais pas. J'ai pour habitude de me soumettre à plus fort que moi, et à refouler ce que je veux vraiment. Cependant, je cède facilement à la panique et ne contrôle pas toujours ce que je dis ou ce que je fais. J'ai les mains liées à un arbre, incapable de m'enfuir, et je suis complètement nue face à un homme qui menace le garçon qui me plait. C'est irréel. Je vis un cauchemar. J'ai peur.
- Mais vous... vous...
Le vieil homme me regarde avec stupeur, les sourcils froncés et le visage ridé. Il relâche un peu son bras tant il est perturbé.
- Vous êtes tordue !
- Je le suis encore plus.
Jackson apparaît devant lui avec une vitesse surprenante, dévie l'arme de trajectoire et plante violemment son couteau dans la jugulaire du vieil homme. Son coup est d'une telle précision et effectué avec un tel sang-froid que j'en oublie de hurler.
Il récupère l'arme dans sa main, pour la jeter plus loin. Le joggeur flanche, tombant à genoux lentement, puis face contre terre, la main sur son cou. Le sang coule tellement vite, et par litres, que ses doigts ne suffisent pas à tout contenir. Il git au sol avec une expression de choc figé sur son visage, tandis que nous le regardons, Jackson avec satisfaction et moi avec horreur.
Jackson est un tueur, un vrai. Il ne mentait pas, et son amusement me démontre que ce n'est pas sa première fois, et qu'il aime ça. C'est un fou. Un psychopathe. Et il m'a choisie comme victime. Il va vraiment me tuer.
L'homme finit éventuellement par arrêter de geindre et je constate qu'une lueur dans ses yeux s'est éteinte. Ce n'est plus qu'un cadavre, un homme sans vie, dont la vision me file la nausée. Mes genoux faiblissent, mais lorsque Jackson porte à nouveau son attention sur moi, je réussis à reculer, au point de me coller à l'arbre.
- Non..., je couine.
Il ne perd jamais son sourire. Je suis torturée de l'intérieur, priant secrètement pour que ce ne soit qu'un cauchemar. Je veux me réveiller et oublier cet homme baignant dans son propre sang. Mais Jackson ne compte pas me laisser partir. Il me désire autant, et je ne peux détacher mon regard de lui. Dans ses yeux transparaissent la même envie, la même folie qu'auparavant. Jackson n'a jamais caché sa nature. C'est moi qui ai refusé de le croire, et qui me suis offerte à lui, alors qu'il ne souhaite que me tuer. Me tuer, et me baiser.
- Chhh..., murmure-t-il en remettant le scotch sur ma bouche.
Si je ne regarde pas Jackson, je me sens obligée de regarder le cadavre. Je suis partagée entre ressentir du dégoût et de la peur, et retrouver le plaisir qui m'a été arraché. La terreur a noué mon estomac et m'a fait oublier les palpitations dans mon sexe, qui réapparaissant à la première pénétration.
Comme précédemment, Jackson soulève ma jambe et effectue des mouvements de va-et-viens rapides, donnant des coups de reins très secs et très violents. Il a encore plus de hargne que tout à l'heure, comme si avoir tué cet homme avait réveillé ses démons. Tuer l'excite. Je devrais crier, pleurer, ou même m'évanouir. Pourtant, ce n'est pas quelque chose qui me semble possible.
Je n'arrive toujours pas à y croire. Pas une seule seconde, je n'aurais imaginé qu'un psychopathe puisse s'intéresser à moi, me vouloir comme victime, et encore moins me désirer au point de me violer. Un viol qui n'en est pas un. Je ne le ressens pas comme ça. J'aime ce qu'il me fait. J'aime ce qu'il me fait, et mon corps se trouve davantage excité face à la violence des évènements.
Jackson n'a pas hésité à se défendre, et à planter son couteau dans un homme. Il n'a pas eu peur du révolver, et malgré tout, il continue de me désirer. C'est étrange, mais je me sens protégée. Je sais qu'il veut me tuer, mais j'ai le sentiment qu'il ne laisserait personne me faire de mal. Et si je dois mourir, autant que ce soit de sa main. Ma vie ne vaut rien de toute façon. Je vais finir comme cet homme. Quand Jackson aura joui, il me tuera. J'en suis certaine.
Je me laisse emporter par la folie de l'instant. Je suis prête à mourir, et je veux profiter de mes derniers instants. Je laisse Jackson posséder mon sexe, menacer ma gorge de sa lame ensanglantée, et lui offre des gémissements soumis. Je ne le quitte pas des yeux, lui non plus. Nous échangeons un regard intense, qui laisse transparaître beaucoup de noirceur et de folie. Et dans un dernier battement de cil, j'accueille mon orgasme.
Le dégoût que me procurait le cadavre m'offre désormais un plaisir tordu, rempli de soumission et de liberté. La liberté de ne plus avoir à penser. La liberté d'être arrachée à cette vie monotone. Jackson a bien raison de vouloir me tuer. Je ne suis pas normale.
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𝕷𝖔𝖛𝖊 𝕸𝖊 𝖔𝖗 𝕶𝖎𝖑𝖑 𝕸𝖊
Romance- POUR PUBLIC AVERTI - Tuer, c'est facile. Ce qui est difficile, c'est de garder en vie quelqu'un qui ne souhaite que mourir. « Je voulais la tuer, mais elle est déjà morte à l'intérieur. » ♪ : 𝙼𝚊𝚛𝚢𝚕𝚒𝚗 𝙼𝚊𝚗𝚜𝚘𝚗 / 𝙺𝚒𝚖 𝙳𝚛𝚊𝚌𝚞𝚕𝚊 F...