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- JAX -

Je commence tout juste à m'amuser avec mon nouvel ami quand on vient m'interrompre. Il se réveille à mon vingt-neuvième coup d'aiguille dans sa peau. Le foutre à poil et le pendre par les poignets n'a pas été une tâche facile, et je m'attendais à ce qu'il revienne à lui à ce moment-là, mais rien. Ça fait des heures que je m'ennuie et que j'attends qu'il soit conscient. Ce n'est qu'une fois que j'obtiens enfin ce que je veux que quelqu'un frappe à la porte.

Les coups sont plutôt faibles. Ce n'est pas la police et pour s'être aventuré jusqu'ici, il faut du courage. Il faut chercher quelque chose, quelqu'un. Un sourire se dessine sur mes lèvres quand je remonte les marches.

Impatient, j'ouvre la porte aussitôt qu'un nouveau coup retentit, surprenant Violet dans sa démarche. Elle sursaute et rapproche son bras de sa poitrine pour se faire toute petite. Aujourd'hui, elle porte un simple t-shirt blanc et un legging de sport. À ses pieds, toujours ses petites baskets blanches que j'affectionne particulièrement.

- Salut..., dit-elle en levant timidement les yeux sur moi. On... on peut parler ?

Je n'aime pas le ton hésitant qu'elle prend, ni la nature de sa proposition. Son attitude trahit déjà un manque de confiance en soi et une certaine angoisse à être ici. Ça sent mauvais pour ce qui va suivre, ça ne me convient pas. Mais ce n'est pas grave, c'est à moi de prendre les devants et lui imposer ce qu'elle refuse d'accepter.

- Entre, je lui ordonne d'un ton froid en me décalant de l'entrée.

- Merci...

Quand elle entre, elle jette un regard furtif à la porte de la cave que j'ai laissée ouverte, mais ne dit rien. Elle se retourne de nouveau vers moi et tente de sourire malgré son malaise.

- Je ne t'ai pas montré la maison, la dernière fois. Ça t'intéresserait, une petite visite ?

- Pourquoi pas...

La visite est un prétexte pour retarder le sujet qu'elle veut aborder. Je dois la distraire, et la mettre à son aise avant de la laisser déblatérer des conneries. Je sais déjà ce qu'elle va me dire : "Jax, tu es un tueur. Je ne peux pas être avec toi. Blablabla...", un discours qu'elle a sûrement révisé toute la nuit et même sur le chemin pour venir, entre deux hésitations à faire demi-tour. Mais ça n'arrivera pas. Même si elle pense que c'est ce qu'elle veut, ce n'est pas ce qu'il lui faut. Il est trop tard pour ça. Elle et moi, c'est pour toujours. Jusqu'à ce que la mort nous sépare.

La maison n'est pas très équipée et tombe en ruine. Je lui montre d'abord l'étage, avec une chambre peu éclairée, des toilettes bouchées et moisies et une salle de bain. En bas, je lui fais découvrir la cuisine, le salon qu'elle a déjà vu et d'autres toilettes, un peu plus propres. Cette partie de la maison est en meilleur état parce que j'y passe pas mal de temps, au contraire de l'étage dans lequel je ne vais jamais.

Il reste une pièce qu'elle n'a pas vue, et qui semble l'intriguer. Quand elle jette un nouveau regard en biais à la cave, je souris et tends mon bras pour l'inviter à descendre, mais une fois devant, elle se fige et agite la tête.

- Tu ne veux pas visiter la cave ? je demande sur un ton mesquin.

- Non, merci.

Je ne peux empêcher un rire amusé quand je la vois aussi réticente. Évidemment qu'elle est pleine d'angoisses, que le noir lui fait peur, tout comme les étranges bruits qui en émanent. Après tout, c'est une cave, et je suis un tueur. Elle se doute qu'il s'y passe des choses, donc elle refuse de s'y aventurer.

- Tu as peur d'une cave ? Pourquoi ? Tu sais très bien que je vais te tuer un jour, de toute façon...

En lui rappelant son destin, je passe le dos de mon index sur son visage, avec tendresse. Elle frémit et relève des yeux de chien battu vers moi. J'attrape une de ses mèches de cheveux et la glisse derrière son oreille. C'est exactement ce que j'aime voir : une petite souris prisonnière de mes griffes.

𝕷𝖔𝖛𝖊 𝕸𝖊 𝖔𝖗 𝕶𝖎𝖑𝖑 𝕸𝖊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant