Avant nous, le chaos

CHAPITRE 19 : LES BLESSURES QUI FORGENT

Ne réussissant pas à fermer l'œil en se tournant et retournant sans arrêt dans son grand lit à cause de l'inquiétude profonde qu'elle ressentait pour Clint, elle décida de descendre à la cuisine pour se préparer une tisane relaxante puis s'installa dans un transat sur la terrasse où seuls les bruits de la mer et de la légère brise troublaient le silence paisible de la nuit. Le ciel était dégagé et parsemé de milliers d'astres brillants qui la plongeait dans une mélancolie profonde. Depuis combien de temps était-elle ici, prisonnière de ce Cartel ? Des semaines, des mois ? Quelle importance ! Se dit-elle. Lexie avait la cruelle impression que personne ne sortirait de cette merde indemne, mais elle nourrissait encore le faible espoir que tout se termine bien, même si cela semblait de plus en plus impossible à mesure du temps qu'elle passait ici.

Lorsque le soleil pointa enfin le bout de son nez au petit matin, et n'ayant toujours pas vu le docteur redescendre, Lexie décida d'aller prendre une bonne douche pour soulager ses muscles crispés par l'anxiété, puis enfila rapidement un legging de sport avec une brassière qu'elle couvrit d'un sweat à capuche trop grand que Clint lui avait prêté quelques semaines plus tôt, avant d'aller camper devant la porte de sa chambre. Si Kyle refusait qu'elle y reste pendant que le médecin œuvrait pour sauver la vie de son ami, il ne pourrait pas l'empêcher de veiller sur lui d'ici.

Bercée par les bribes de mots qui lui parvenaient de la chambre et usée par l'interminable attente, elle s'autorisa à fermer les yeux, se sentant soudainement à bout de force.

Ce n'est qu'une bonne heure plus tard qu'elle se réveilla en sursaut lorsque le médecin flanqué de ses infirmières et de Kyle sortirent de la chambre.

- Vous devriez aller dormir dans un endroit plus adéquat, lui lança le médecin en lui adressant un demi sourire avant de lui tendre la main pour l'aider à se relever sous le regard sévère de Kyle.

Encore endormie, Lexie se frotta légèrement le visage et les dépassa tous les quatre pour entrer dans la chambre, bien que Kyle ne soit pas de cet avis puisqu'il la rattrapa avant qu'elle ne puisse poser sa main sur la poignée de porte. Frustrée et trop fatiguée pour faire preuve d'une once de savoir-vivre, Lexie sentit ses nerfs cédés peu à peu à une colère froide.

- Ne t'avise pas de m'en empêcher ! Lui balança-t-elle avec froideur.

Déterminée, elle entra dans la pièce d'où s'échappait une odeur de sang et de produit aseptisant et put enfin revoir son ami qui gisait inerte sur son lit, relié à un tas de perfusion dont les liquides s'écoulaient lentement dans ses veines. Ses longs cheveux châtains étalés sur l'oreiller lui donnant une allure angélique, elle s'approcha et le caressa avec délicatesse avant de lui murmurer qu'elle resterait près de lui, puis elle s'installa dans le grand fauteuil près de la fenêtre et le veilla jusqu'à ce qu'elle s'endorme.

Les jours suivants se déroulèrent plus ou moins de la même façon, seulement, Lexie était épuisée. Clint ne s'était pas réveillé malgré tous les efforts du médecin qui semblait désormais réellement inquiet de la situation de son patient.

Lorsqu'il lui annonça que Clint avait perdu beaucoup trop de sang et que son corps avait du mal à se remettre, Lexie crue revivre l'enfer qu'elle avait vécu à l'annonce du diagnostic de son père, mais elle refusait de faire preuve de scepticisme et tenait nuit et jour compagnie à son ami dont elle prenait soin avec une ferveur et une délicatesse bouleversante. Elle ne s'alimentait et ne dormait que très peu pour ne pas avoir à quitter son chevet. Kyle avait pourtant essayé par tous les moyens de la déloger, mais il ne voulait pas utiliser la force, sachant pertinemment qu'elle finirait par le détester encore plus.

Ce n'est qu'après le sixième jour qu'elle fut réveillée au petit matin par un grognement

et un bip strident provenant du système de perfusion qui indiquait que quelqu'un venait de débrancher les fils distribuant les médicaments de son protégé.