Flashback 3

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Point de vue de Camilla Rodriguez.

Ça fait presque deux mois que je suis en vadrouille, que je fuis pour ne pas que le cartel me mette la main dessus et ce n'est pas une mince affaire, je suis exténuée. Je ne sais pas combien de temps cela va durer mais j'ai bien peur que ça ne s'arrête jamais tant qu'ils ne m'auront pas tuée. Mais je promets devant Dieu qu'ils ne m'auront pas si facilement.

Je ne reste jamais longtemps au même endroit, je ne donne jamais mon vrai nom, je me fais appeler Antonella Vasquez, je ne dis jamais rien sur ma vie privée, ni d'où je viens. Je galère tout les jours à trouver des endroits pour manger, boire ou me laver, mais je m'en sors tant bien que mal. Je dors dans les rues, sous des préaux, dans les caves des bâtiments, dans des maisons abandonnés, je me débrouille comme je peux.

Mais je dois dire que cette vie me fatigue de jours en jours, je suis épuisée, fatiguée, lessivée et j'en passe. J'aimerais que ça s'arrête. Parfois, je me sens prête à me livrer de moi-même puis je réfléchis et je me dis que je ne suis pas une fille avec ce tempérament là, je suis une coriace, qui a la hargne et jamais je ne me laisserais faire.

Même si le Jefe de ce cartel me poursuit, je lui échapperais jusqu'à ce que mort s'en suive. Il ne mettra jamais la main sur moi. Et pourtant, dieu sait que j'ai envie de le rencontrer, de mettre un visage sur ce nom qui me terrifie tout les jours, je veux pouvoir le regarder droit dans les yeux et lui cracher toute ma haine.

Pourquoi ne me laisse t'il pas tranquille ? Je n'irais pas voir la police, je n'irais pas dénoncer ses magouilles, je veux simplement vivre ma vie paisiblement, sans embûche, comme je le faisais jusqu'à présent.

Je marche seule dans les rues de San Pedro au Costa Rica, il fait beau et chaud, les rues sont bondées de monde, je dois faire tache au milieu de cette foule, avec mes vieux vêtements miteux, je dois sentir le phoque à quinze kilomètres à la ronde.

J'arrive au bout d'une rue en pavé, il y a moins de gens ici, car moins de boutiques et autres commerces, je me retrouve quasiment seule dans cette ruelle à l'ombre. Mais au loin, deux hommes vêtus de noir me font m'arrêter, mon coeur commence à palpiter. Je sais qui sont ces hommes, je reconnais l'un d'eux. Celui qui a failli me mettre une balle dans la tête dans ce vieux cimetière, Carlos.

Je fais demi tour et commence a courir le plus vite possible, malgré la fatigue et l'épuisement. Je dois leur échapper coûte que coûte, j'ai juré devant Dieu qu'ils ne m'auront jamais, et je tiendrais ma parole.

Je manque plusieurs fois de me casser la figure sur ces pavés, mais je continue de courir tout de même, ces deux hommes a ma poursuite. Ils sont rapides, sportifs, musclés, et si je ne cours pas plus vite, ils auront vite fait de me rattraper.

Je décide de tourner dans une autre ruelle, gardant toujours la même allure, il y a encore moins de monde ici, mais peu importe car personne n'en aura que faire de voir une gamine se faire enlever par deux malfrats, ils se diront sûrement que c'est une histoire pas claire avec de la drogue. Si seulement quelqu'un pouvait m'aider, mais non, je suis terriblement seule dans cette galère.

Je continue ma course, je suis essoufflée, mon coeur tambourine dans ma poitrine, jusqu'à ressentir mon pouls à l'arrière de mon crâne. A tout moment, je pourrais m'écrouler d'épuisement. Mais je ne renoncerais pas à ma liberté.

Je tente un regard en arrière, les deux hommes me pourchassent toujours, déterminés à en finir avec moi. J'aperçois un escalier en métal dans une ruelle, je m'y aventure, ils me mènent sur un toit, mais je n'ai aucune issue, je suis coincée.

Dans quelques secondes, les deux hommes seront montés le rejoindre, et ils me tueront. Je suis faite comme un rat. A quelques mètres, un autre toit, mais je ne pourrais jamais sauter, si je tente, il y a de forte chance que je finisse dix mètres plus bas. J'entends les pas lourds des hommes qui montent l'escalier en fer. Mes mains deviennent moites, je transpire de peur. Je cherche une issue mais à part celle de sauter sur l'autre toit, je n'en vois pas d'autres.

- Tiens tiens tiens, ma jolie.. te voilà enfin. Dit Carlos d'un ton qui ferait peur à un fantôme.
- Laissez-moi tranquille ! Réussis je à dire.
- Oh que non ma belle, tu va nous suivre, Ellies Gomez veut te voir.
- Jamais de la vie, plutôt crevée.
- Ton souhait est exaucé.

Le dit Carlos dégaine son arme de l'arrière de son pantalon et le pointe sur moi. Ni une, ni deux et sans réfléchir, je cours pour prendre de l'élan et saute le plus loin possible pour atterrir sur le toit d'en face. J'ai réussi ! Je roule au sol et me griffe les coudes avec le bitume. Un coup de feu, deux coups de feu, je me rends compte que les hommes du cartel essaient de me tirer dessus, en vain. Je me relève rapidement et vais me cacher derrière un muret, à couvert. Ils ne peuvent pas m'atteindre d'ici. Je prie pour qu'ils n'aient pas la folle idée de sauter par dessus le toit eux aussi.

- T'inquiète pas ma belle, on se retrouvera !

Je tente un regard par dessus le muret, et je vois les hommes descendre l'escalier en ferraille. Ouf, ils partent. Je prends deux petites minutes pour respirer et me remettre de mes émotions. J'ai cru que j'allais y passer cette fois.

Après plusieurs minutes, je décide de sortir de ma cachette, il faut que je trouve le moyen de descendre de ce toit. En espérant qu'ils ne soient pas en bas, en train de m'attendre.

A quelques mètres, une porte en métal, j'appuie sur la poignée, elle s'ouvre. Je m'engouffre et descends les quelques marches, je ne sais pas où je suis, ni sur qui je pourrais tomber, et ça m'angoisse. J'arrive dans un grand couloir éclairé, la moquette est rouge et les murs sont noirs. Il y a des portes en bois avec des numéros tout les cinq mètres, je pense que je suis dans un hôtel. Je tente d'ouvrir une porte, fermée. J'essaie toutes les portes jusqu'à la dernière qui s'ouvre enfin. J'entre dans la pièce. J'avais raison, je suis bien dans un hôtel. Au milieu de la pièce se trouve un lit, un peu plus loin une petite salle de bain. Quel bonheur. Je m'enferme dans la chambre à double tour et envisage de me reposer quelques heures ici, d'en profiter pour me décrasser et laver mes vêtements. Finalement cette journée ne se termine pas si mal que ça, même si les hommes de ce fameux Ellies Gomez ont bien failli m'attraper.

Ellies Gomez, tu peux toujours courir avant que je me mette à tes pieds, tu ne m'auras pas.

•••

OrphelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant