Flash back

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Point de vue de Camilla Rodriguez

C'était un jour d'été, j'avais onze ans, l'école était terminée depuis deux semaines déjà, et j'avais eu l'idée d'aller me promener dans la ville, il faisait beau et chaud, j'étais vêtue d'une petite robe à fleurs et des petites sandalettes jaune. J'étais sortie de la maison de ma famille d'accueil sans prévenir, parce que j'étais comme ça, insolente et désobéissante. Du moins avec cette famille. C'était la pire famille que j'avais pu avoir, alors chaque moments passés loin de cette maison me redonnait espoir, je me disais que peut-être un jour je tomberais sur une bonne famille d'accueil, qui me chérirais et m'accepterais comme j'étais.

Cela faisait plusieurs heures que je vagabondais dans ces rues, la nuit commençait à tomber et il fallait que je rentre. Même si ça ne m'enchantait pas vraiment. Je savais très bien qu'à mon retour, j'allais passer un sale quart d'heure mais peu importait, j'avais l'habitude. Je prenais le chemin du retour et arrivais devant cette maudite maison, je montais les marches du perron et ouvrais la porte en silence. Je faisais quelques pas dans l'entrée, en espérant que personne ne m'avait entendu. À peine avais-je eu le temps de gravir les escaliers, qu'une grosse main m'attrapait la nuque me retenant en arrière. La prise était bien trop forte, ce qui me faisait gémir de douleur. Mes jambes flanchaient et je me retrouvais à genoux par terre. Je relevais mes yeux, et je voyais mon bourreau. Le père de famille, Lock.

- T'étais où ?! Me criait il dessus, en postillonnant sur mon visage.

Je ne répondais pas et me contentais d'essuyer les quelques crachats sur ma joue.

- Réponds idiote !

Je n'aimais pas le ton sur lequel il me parlait, mais je n'avais pas peur de lui, je n'avais peur de personne, depuis bien longtemps. Je crois que j'étais née comme ça. Et le problème était que ma peur se transformait presque instantanément en colère, en rage, en fureur. Et dans ces moments là, plus rien ne pouvait me retenir et me calmer, plus rien.

Je me relevais d'office pour faire face à Lock, le regardant droit dans les yeux, il n'était pas beaucoup plus grand que moi, plutôt potelé et bossu, il avait des poils noirs qui dépassés de son marcel blanc. Autrement dit, il n'avait rien pour lui.

- J'en avais marre de renifler ton odeur de pourriture qui empeste la maison.

Ni une, ni deux, Lock m'assenait une gifle au visage, ce qui me faisait tourner la tête et virevolter mes cheveux devant mes yeux. Je serrais les dents et les poings pour ne pas lui rendre son coup.

- File dans ta chambre, tu ne mangeras pas ce soir.

Je ne répondais pas, faisais volte-face et montais les escaliers pour échapper à cet homme ignoble. Je m'enfermais ensuite dans ma chambre, enfin dans mon taudis. Cette chambre était plus petite qu'un placard à balai et elle sentait le moisi. J'avais juste le droit à un matelas pourri qui trônait dans un coin de la pièce, et une petite fenêtre qui ne s'ouvrait même pas. Je m'affalais sur ce matelas puant et fermais les yeux, je rêvais de pouvoir partir et de vivre une vie fantastique.

Si mes parents ne m'avait pas abandonnée à la naissance, je n'en serais pas là aujourd'hui. Je n'aurais pas cette vie minable. Parce que je crois qu'on peut difficilement faire pire.

OrphelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant