Flashback 4

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Point de vue de Camilla Rodriguez.

Voilà six mois maintenant que je suis en cavale, je n'ai pas recroiser la route des hommes de Gomez, pour mon plus grand bien.

Aujourd'hui, je suis de retour à San Miguelito, là où tout a commencé, là où j'ai vu un homme se faire abattre de sang froid par des mafieux corrompus. Là où j'ai été pourchassée sans relâche, là d'où je me suis enfuie.

Mais aujourd'hui, j'y reviens, je ne suis que de passage dans cette ville, je dois savoir comment va Félix, c'est lui qui m'a aidé à me sortir de cette merde, qui m'a aidé à m'échapper, sans lui mon corps pourrirait très certainement sur cette tombe en ruine.

J'arrive près du bar où je travaillais il y a encore six mois, j'entre par la porte de derrière, je sais qu'il suffit juste d'un petit coup de hanche pour qu'elle s'ouvre. J'avance dans l'arrière cuisine et ouvre la porte battante qui mène dans la salle. J'aperçois Félix au bar, en train d'essuyer un verre. Je parcours la salle du regard, m'assurant que les hommes de Gomez ne soient pas là. Puis j'avance vers Félix, il ne me voit pas tout de suite. Mais lorsque son regard se pose sur moi, ses yeux s'écarquillent, et un large sourire apparaît sur son visage.

- Camilla ! Lance-t'il en posant son verre sec.

Il fait le tour du bar et vient me prendre dans ses bras, quel bonheur de le voir, il a l'air d'aller bien, d'être en forme.

- Tu es folle, tu devrais pas être là, s'ils te voient ici, c'est fini pour toi.
- Je sais, mais j'avais besoin de savoir que tu allais bien.
- Je vais bien, ne t'en fais pas pour moi, je suis un grand gaillard. Dit-il en gonflant les pectoraux.

Je ricane face à son comportement. Oui, en effet, Félix est un grand gaillard, assez grand, plutôt bien musclé, le teint mate, les cheveux et les yeux bruns, il a tout d'un Panaméen.

- Je suis désolé de te dire ça ma belle, mais vraiment tu sens mauvais. Dit-il en brassant l'air devant son nez.

Évidemment que je le sais, moi-même je n'arrive plus à supporter mon odeur. Je compte aller chez moi, dans mon appartement pour prendre une douche et me reposer quelques jours.

- Va t'asseoir, je vais te servir un repas, c'est gratuit, c'est la maison qui offre !

Felix fait le tour du bar, et pose une assiette et des couverts dessus, puis il m'invite à m'assoir sur un tabouret. Je parcours la salle du regard après m'être assise, c'est vide, il n'y a pas un client mais ça ne m'étonne pas, c'est plutôt le soir où le bar se remplit.

Félix s'affaire en cuisine, et moi j'attends. Je me remémore ma vie d'il y a six mois, lorsque tout allait bien, lorsque je n'avais pas de soucis. J'étais moi-même derrière ce bar en train de servir des habitués, qui eux passaient leur temps à me charrier. Mais cette vie me plaisait, elle n'était pas si mal que ça au final.

Aujourd'hui, je me retrouve en cavale, à fuir des membres d'un cartel super puissant qui ne recule devant rien, qui est au-dessus des lois et qui agit dans l'ombre.

Félix revient avec un plat rempli de frites et un steak, il pose le tout devant moi, et je me lèche les babines, j'en ai déjà l'eau à la bouche. Ça fait six mois que je n'ai pas mangé un vrai repas, et celui là je vais le déguster car je ne sais pas quand je pourrais en remanger de sitôt. Je dévore le plat à une allure folle. Felix en rigole.

- Doucement Fiona, tu vas finir par te faire vomir.

Je ne l'écoute à peine et fini mon assiette. Il dépose à côté de moi, une liasse de billet. Je le regarde interloquée.

- C'est pour toi, tu en auras plus besoin que moi.
- Merci Félix, tu es un vrai ami, merci !

Je le prends dans mes bras pour le remercier une énième fois. Félix est quelqu'un sur qui je peux compter, jamais il ne me laissera tomber, il sera toujours de mon côté, et je ne le remercierais jamais assez pour ça. Il est le grand frère que je n'ai jamais eu.

Après ça, je quitte le bar avec plusieurs recommandations de la part de Félix, je lui répète milles fois que je serais prudente mais il sait pertinemment que je n'en ferai rien.

Je me rends à mon appartement à pas de loup, heureusement que Félix avait un double de mes clés, j'y pénètre et ferme les volets avant d'allumer la lumière, je ne veux pas être repérée. Je file directement sous la douche.

Félix m'a dit qu'il a continuait à payer mon loyer pendant mes six mois d'absence, il ne voulait pas que je me retrouve à la rue le jour où tout ça serait fini. Et il a bien fait.

Je laisse l'eau couler sur mes cheveux crasseux et mon corps, je me lave plusieurs fois d'affilé, je fais plusieurs shampoing pour redonner de la brillance à cette chevelure qui, a l'époque, était magnifique. Je me sèche ensuite, et prends de nouveaux vêtements dans ma penderie. Un jean, un teeshirt, et un sweat feront très bien l'affaire. Je change également de basket, celle-ci commencent légèrement à être usées. Je remercie Dieu pour tout ça.

Je file ensuite dans la cuisine et ouvre tout les placards, je ne suis pas étonnée de voir qu'il reste encore des pâtes, c'est à peu près tout ce que je mangeais. La pendule dans l'entrée annonce presque vingt et une heures, je décide donc d'aller me reposer un peu. Je pense que je partirais dès demain, je ne peux pas rester ici trop longtemps. Les hommes de Gomez sont sûrement en train de quadriller toute la ville dans l'espoir que j'y remette les pieds un jour.

Maintenant que je sais que Félix va bien et que personne ne s'en prends à lui, je peux repartir sereinement. J'avais tellement peur que les hommes de Gomez s'en prennent à lui, qu'ils le torturent pour avoir des informations sur moi, ou pire qu'ils le tuent. Mais non, ils n'ont rien fait de tout ça. Alors qu'ils auraient pu, je pensais même qu'ils l'auraient fait. Pourquoi ne l'ont t'ils pas fait d'ailleurs ?

Plusieurs questions traversent mon esprit puis je finis par m'endormir, en me disant qu'ici, pour cette nuit, je serais en sécurité. Du moins, je l'espère.

•••

OrphelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant