A tous les garçons que j'ai aimés ( reprise )

Chapitre 16

Les cours ont officiellement repris et le lycée a retrouvé son activité habituelle. Les premiers jours de la rentrée sont toujours inutiles : on nous distribue les manuels et les programmes, on nous explique où on doit s'asseoir et à côté de qui... Aujourd'hui, les choses sérieuses vont enfin commencer. 

Pendant le sport, M. White nous laisse nous défouler dehors et profiter des derniers rayons de soleil. Je me promène sur la piste de course avec Chloé. Elle me raconte une fête où elle s'est rendue pendant le week-end. 

— J'ai failli me bagarrer avec une fille. Elle n'arrêtait pas de dire que je portais des extensions. Ce n'est quand même pas de ma faute si j'ai des cheveux canon ! 

On attaque notre troisième tour de piste lorsque je surprends Sidjil Mahiddine en train de m'observer. Au début, j'ai cru que je me faisais des films, mais c'est la troisième fois. Il joue au frisbee avec d'autres types. Dès qu'il nous voit, il nous rejoint à petites foulées. 

— Je peux te parler une minute ? 

Chloé et moi, on se regarde sans comprendre. 

— À elle ou à moi ? demande-t-elle. 

— À Nina. 

Chloé pose un bras protecteur sur mon épaule. 

— Vas-y. On t'écoute. 

Sidjil lève les yeux au ciel. 

— Je veux lui parler en privé. 

— O.K., dit-elle sèchement en s'éloignant de façon théâtrale, non sans me jeter un regard inquisiteur. 

« Qu'est-ce qu'il te veut ? » semble-telle demander. Je hausse les épaules, comme pour lui répondre « Aucune idée ! » 

— Pour info, je n'ai pas de MST, déclare Sidjil calmement, à voix basse. 

Mais qu'est-ce qu'il raconte ? Je le dévisage un moment, bouche bée. 

— Je n'ai jamais dit que tu avais une MST ! 

— Et je ne prends pas toujours la dernière part de pizza ! ajoute-t-il, toujours à mi-voix, mais l'air furieux. 

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? 

— C'est ce que tu as écrit dans ta lettre ! Tu te souviens ? Tu dis aussi que je suis un gros égoïste et que je file des MST à toutes les filles ! 

— Quelle lettre ? Je ne t'ai jamais écrit de lettre ! 

Euh... Oups... Si. Je lui ai effectivement écrit une lettre. Il y a un million d'années. Mais il ne parle certainement pas de cette lettre. C'est impossible. 

— Si, si. Elle m'est adressée et tu l'as signée. 

Oh mon dieu. Non. Non. Je rêve. C'est un cauchemar. Ce n'est pas vrai. Je suis dans ma chambre et je rêve de Sidjil Mahiddine. Et il me fusille du regard. Je ferme les yeux. Est-ce la réalité ? 

—Nina ?

J'ouvre les paupières. Non. Je ne rêve pas. C'est réel. Ce n'est pas un cauchemar. Sidjil brandit ma lettre. C'est bien mon écriture, et mon enveloppe. 

— Où... Où as-tu trouvé ça ? 

— Dans ma boîte aux lettres. Hier. (Il soupire, avant d'ajouter d'un ton maussade :) Bon, écoute. Ce n'est pas grave. J'espère juste que tu ne racontes pas aux gens...