Chapitre 1

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Sacha est le petit copain de ma sœur, mais tout le monde est un peu amoureux de lui, chez nous. D'ailleurs, c'est difficile de savoir qui est son plus grand fan dans la famille. Avant de sortir avec Camille, Sacha était Sacha. Point. Il était tout le temps fourré à la maison. Bon, quand je dis « tout le temps », j'exagère un peu. Il a emménagé à côté il y a seulement cinq ans, mais j'ai l'impression de le connaître depuis toujours. 

Mon père l'adore parce que c'est un garçon. Il faut savoir qu'il est cerné de filles, au sens propre du terme. Non seulement il a trois filles, mais en plus il est gynéco. Un vrai « femmes club ». Par ailleurs, Sacha est fan de comics et l'accompagne volontiers à la pêche. Mon père a essayé de nous emmener pêcher...une seule et unique fois. J'ai pleuré parce que mes chaussures étaient pleines de boue. Camille a pleuré parce que son bouquin était trempé. Et Luna a pleuré parce que c'était encore un bébé. 

Luna adore Sacha parce qu'il joue aux cartes avec elle sans jamais se lasser. En tout cas, il n'a pas l'air de s'ennuyer. Ils se lancent des gages : « Si je gagne la prochaine manche, tu es obligé de me faire un sandwich au beurre de cacahuète... et d'enlever la croûte du pain de mie. » C'est Luna tout craché. Un coup sur deux, il n'y a pas de beurre de cacahuète. Sacha lui dit : « Dommage, choisis un autre gage », mais Luna le tanne jusqu'à ce qu'il sorte en acheter. Ça, c'est Sacha tout craché. 

Quant à Camille, je ne sais pas vraiment pourquoi elle est amoureuse de lui. Probablement parce que tout le monde l'adore. 

On traîne ensemble dans le salon. Tout en chantonnant, Luna colle des photos de chiens sur un énorme carton. Elle est entourée de bouts de papiers découpés.

Si papa me demande ce que je veux pour Noël, je lui répondrai : « Tu n'as qu'à choisir ta race préférée ! » explique-t-elle.

Camille et Sacha sont assis sur le canapé. Je regarde la télé, allongée parterre. Sacha a préparé un énorme saladier de pop-corn. Je n'arrête pas de piocher dedans. Une vraie morfale.

C'est le moment de la pub pour parfum. Une fille vêtue d'une robe dos nu couleur orchidée, pas plus épaisse qu'un kleenex, erre dans les rues de Paris. Je donnerais tout pour me promener à Paris au printemps ! Je me relève si rapidement que je manque de m'étouffer avec un grain de maïs.

Camille ! je m'exclame en toussant. Et si on se rejoignait à Paris au printemps, pendant tes vacances ?

Je me vois déjà gambader dans les rues, un macaron dans chaque main(pistache d'un côté, framboise de l'autre).

Tu crois que papa te laisserait partir ? demande-t-elle, les yeux remplis d'espoir.

Bien sûr. C'est un voyage culturel. Il ne peut pas refuser.

D'un autre côté, je n'ai jamais pris l'avion toute seule, encore moins pour aller à l'étranger. Je me demande si Camille viendra me chercher à l'aéroport ou si je serai obligée de rejoindre l'auberge de jeunesse toute seule.

Sacha décèle mon anxiété.

Ne t'inquiète pas, dit-il. Si je viens avec toi, ton père acceptera forcément.

Génial ! On dormira dans une auberge de jeunesse et on se nourrira de fromage et de pâtisseries.

On pourra aller sur la tombe de Jim Morrison, renchérit Sacha.

Et dans une parfumerie ! Pour commander un parfum sur mesure !

Sacha ricane.

Euh... C'est grosso modo le prix d'une semaine en auberge de jeunesse.(Il secoue légèrement Camille.) Je crois que ta sœur a la folie des grandeurs.

A tous les garçons que j'ai aimés ( reprise )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant