Prince des serpents (VF) | Dramione

Chapitre 1 - Acte Un -

« Hogwarts will always be there to welcome you home. »

Pour une raison obscure, Hermione Granger se retrouvait les pieds enfoncés dans les pavés du chemin de traverse, à Diagon Alley. Là où les rues commerçantes du monde magique étaient empreintes d'une énergie florissante de bonheur et d'espoir. Le pub du Chaudron Baveur, les librairies par dizaines et la boutique de baguettes d'Ollivander faisaient pâle mine depuis la guerre. Les pancartes étriquées, les portes défoncées et les murets miroitant de poussières renvoyaient l'image défaillante d'une ville en ruine. La jeune Gryffondor ne pensait pas errer de nouveau dans ces rues adjacentes où les nombreux magasins étaient désaffectés. Pourtant, ses longues jambes galbées, sous son jean à taille haute blanc, chevauchaient chaque débris comme si elle vivait dans un autre monde, comme s'il ne s'agissait que d'un rêve. Peut-être avait-elle besoin d'une piqûre de rappel ? Peut-être que ses cauchemars envahissaient trop son esprit, jusqu'à la maintenir dans un état comateux de souvenirs funestes ? Elle ne savait dire.

La guerre ravageait tout sur son passage, les bâtisses, les familles, le cœur des gens et fragmentait même l'âme profonde, jusqu'à tarir la source profonde d'un individu. Hermione se savait différente depuis ces dernières années, brisée. Mais en dehors de sa petite voix intérieure lui soufflant d'abandonner, rien ne pouvait transpercer sa carapace d'acier bâtit pour éloigner les zones obscures qui s'étaient tapis à l'intérieur. Elle avait besoin de s'aérer l'esprit, de réfléchir avant de plonger vers l'inconnu. Une nouvelle année à Poudlard ne devrait pas lui donner cette sensation de bile au fond de la gorge. C'était du déjà-vu. Pourtant... Pourtant, les lèvres tremblantes, elle n'arrivait pas à s'imaginer cette même étincelle de vie au fond de sa poitrine. Elle avait disparu, en même temps que plusieurs de ses confrères sur les pistes de la bataille.

« Pourquoi revenir à Poudlard ? » lui avait demandé Ron d'une voix exaspérée, il y a quelques mois.

Son meilleur ami n'avait pas opté pour l'école des sorciers. Une toute nouvelle voix s'était offerte à lui. Depuis le moment où Voldemort avait été vaincu, les suites d'événements s'étaient enchaînées avec une folie accablante. Les héros ayant conquis et vaincu le sorcier obscur, Ron Weasley, Hermione Granger et Harry Potter. Le trio d'or avait survécu à l'impensable et sous l'acclamation du public et du ministère, les enveloppes brunes s'étaient dispersées avec frénésie pour atteindre leur éloge, promouvoir leur avenir. Ron s'était fait offert un poste haut placé dans l'équipe de Quidditch en Irlande. Harry, quant à lui, avait reçu le poste d'auror au ministère de la Magie, mais serrant les dents, il avait accepté sous la seule condition de finir ses études à Poudlard. Le choc avait parsemé tous les visages, mais pas celui de Hermione. Tout comme elle, la seule lueur d'amour ou l'image d'un foyer se retrouvait au sein des murs magiques du château qui les avaient accueillis tant d'années. Plus rien ne les attendait en dehors de cette forteresse. La seule bénédiction de Harry, face aux horreurs du passé, se retrouvait chez sa copine, Ginny Weasley, qui passait son année à l'école des sorciers. Combattant le deuil de son frère défunt, Fred, partit bien trop tôt, la jeune Weasley s'était plongée dans les bras de ses amis et du reste de sa famille.

Ron lui envoyait des lettres. Elle eut un sourire ironique en pensant au contenu de celles-ci. Il s'agissait plus de formalités que de l'intérêt profond pour sa personne. Ils avaient échangé un baiser sous la frayeur du moment et tout était parti en fumée depuis. Ron ne tentait pas de la comprendre et l'avait repoussée à la suite de la tragique mort de son frère. Quand une opportunité de Quidditch s'était présentée, il avait plongé vers l'inconnu avec enthousiasme. Elle ne lui en voulait pas. Chacun gérait les méandres de ses émotions profondes à sa manière. Peut-être s'attendait-elle à un peu plus de phrases de sa part ? Certes. Aussi surprenant que ça soit, la petite enveloppe entrelacée sous ses doigts ne lui apportait aucune accalmie. Elle connaissait son contenu sur le bout de la langue.