Chapitre 11

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Hermione était revenue au bercail, dans cette même atmosphère morne où Draco et elle devait se détester et ne plus s'adresser la parole. Elle trouvait le tout puéril. Si le Serpentard excellait dans ses démarches pour se plonger dans un profond déni quant à ce qui s'était produit, Hermione quant à elle n'en menait pas large. Elle ne pensait qu'à lui et à leur baiser, remplit de cette passion incandescente. Pourquoi faisait-il comme s'ils ne se connaissaient pas ? Était-il empli de cette peur immorale de s'attacher ou était-ce autre chose ? Ces questionnements intérieurs ne lui apportaient aucune réponse et il lui était inconcevable de continuer dans cette direction avec lui. Pas alors qu'ils avaient échangé de telles paroles la veille.

Pourtant, au petit matin, alors qu'elle s'était dirigée vers la salle de bain, Malfoy avait à peine posé ses prunelles sur sa personne, alors qu'il avait le torse suintant de gouttelettes d'eau. Il l'avait ignoré avec une force si ahurissante que ça en avait été douloureux. Hermione s'était contenté de serrer les dents, jouant l'indifférente. Mais quel mensonge. Elle ne pouvait ignorer le pincement dans le fond de sa poitrine, ni l'accélération de son palpitant alors qu'elle avait posé ses iris sur son visage, tentant de comprendre ce qui pouvait bien se cacher derrière cette carapace en acier, qu'il semblait revêtir en toute occasion. Y avait-il seulement un moment où il se sentait libre d'exprimer ses émotions, de se montrer vulnérable ? Ou est-ce qu'il était comme ça seulement avec elle ?

Époussetant avec soin sa jupe noir plissée qui lui arrivait à mi-cuisse, elle revêtit de longs bas et s'attacha les cheveux, formant un chignon défait avec des crayons. En s'observant dans le miroir, elle laissa vagabonder ses yeux caramélisés vers son visage. Elle avait repris des couleurs, ses joues colorées d'une teinte rosée vive. Ses iris brillaient avec ardeur, pétillante de vie. Draco lui avait redonné cet éclat longtemps perdu et serrant ses poings à s'en faire blanchir les phalanges, elle se dit que c'était sûrement une illusion. Il ne pouvait avoir autant de pouvoir sur sa personne. Sur son âme.

Le menton relevé dans une fausse détermination, elle déboutonna sa chemise, laissant entrevoir le début de sa poitrine. La dentelle noire qu'elle entraperçut détonait avec la blancheur de son haut. Alors qu'elle passait les doigts sur le tissu doux, elle se surprit à imaginer une autre main et son souffle erratique reprit forme. Pour l'amour de Dieu, pensa-t-elle. Ne pouvait-il pas la laisser en paix ?

Soufflant avec exaspération, elle attrapa son bouquin sur les Transformations occultes du monde Magique et se dirigea à grands pas vers la Grande Salle, là où ses camarades l'attendaient, un sourire innocent au coin des lèvres, ne pouvant se douter ses pensées de la jeune Gryffondor. Hermione entraperçut du coin de l'œil la table des Serpentard. Malfoy discutait à mi-voix avec Théodore, et celui-ci releva sa tête à son arrivée, lui adressant un hochement de tête bienveillant. Elle se surprit à lui sourire en retour. Nott pouvait être un vrai imbécile et rebelle dans l'âme. Mais elle voyait son bon fond et elle en fut touchée, surtout lorsqu'il avait pris sa défense quelques heures plus tôt. Blaise échangeait de grandes poignées de mains, rigolant à gorge pleine avec un camarade.

A peine Hermione posa ses fesses contre le banc des Gryffondors qu'une tête aux mèches courtes et noires fonça dans sa direction. Elle retint son souffle sous l'apparence de la nouvelle arrivante. Les yeux vifs et étonnamment railleurs, Pansy Parkinson siffla son prénom dans une voix chantante. Elle ne fit pas le moindre mouvement, se contentant de la dévisager avec curiosité. Harry, face à elle, en avait perdu sa cuillère sous le choc. Ginny lança à la jeune Gryffondor un tel regard hargneux qu'elle en déglutit. Pourquoi le lui en voulait-elle ? Hermione ne savait pas plus que ses amis la raison de la venue de la Serpentard à leur table. Et ce n'était pas qu'une ringarde soirée qui allait faire la différence, ronchonna-t-elle, se forçant à baisser ses yeux vers son assiette, évitant les œillades de son meilleur ami au passage.

Prince des serpents (VF) | DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant