Chapitre 3

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« C'est le destin qui distribue les cartes, mais c'est nous qui les jouons. » Randy Pausch

Alors que Hermione Granger traversait les couloirs sinueux de Poudlard à une heure tardive, elle se rappela qu'elle n'avait toujours pas annoncé la nouvelle à ses amis. Inconsciemment, elle s'était repliée sur elle-même, le temps d'encaisser la conversation avec McGonagall. Elle n'osait se rendre au septième étage de la tour éponyme, là où se trouvait le portrait de la grosse dame.

Ses pieds l'y menèrent quand même, comme une ottomane, en proie à une indécision macabre. La salle commune des Gryffondors se trouvait à deux tournants du couloir de l'école des sorciers. Elle n'osait respirer, tant le stress lui nouait la gorge. Comment ses amis réagiraient-ils ? Ses escarpins ancrés au sol, comme si un sable mouvant la tuait de l'intérieur, elle se força à prendre de grandes inspirations pour calmer les battements frénétiques de son cœur.

Elle ne voulait aucunement se retrouver aux côtés du grand blond aux allures prétentieuses et irritables.

Sa décision prise, elle força ses béquilles à avancer, desserrant la cravate qui lui serrait le cou comme un étau saillant de noirceur. La grosse dame lui offrit un sourire pincé avant d'amorcer une chanson grotesque. Hermione la coupa dans sa tirade stridente en prononçant les deux mots lui donnant accès à son ancienne maison : Fortuna Major ! Sous une insulte bien ponctuée de salive, le portrait de la dame pivota pour révéler un trou dans le mur. Suivant le conduit, Hermione déboucha sur le grand salon aux couleurs rouges et or. Tentant de trouver ses précieux camarades, ses yeux flânèrent dans la pièce, jusqu'à se poser sur deux individus. Dean Thomas et Seamus Finnigan, dans sa ligne de mort, étaient installés dans des grands fauteuils aux coussinets doucereux. Ils s'échangeaient des bonbons à Farce et Attrape que George, le frère de Ginny, continuait de vendre. L'aîné des Weasley avait changé de secteur, à Londres, enfoncé dans les contrées magiques d'un petit commerce reculé, mais prospère.

Lorsque Seamus l'aperçut, un sourire moqueur transperça ses lèvres. Il avait le visage plein de suie, et ses cheveux noirs en forme de hérisson lui rappelèrent les cours de potion dans leurs premières années à Poudlard.

« Tu as testé une nouvelle recette catastrophique ? » demanda Hermione, amusée.

Seamus se contenta de hausser les épaules, feignant l'indifférence alors qu'il était offusqué. Dean à ses côtés éclata de rire.

« Tout le monde n'excelle pas dans toutes les sphères qu'il touche, Hermione. »

« Oh Seamus, tu oublies qu'elle n'est pas invincible. Si je me rappelle bien, Granger ne sait pas voler sur un balai. »

Il y eut un nouvel éclat de rire de la part des garçons sous les iris en feu de la jeune Gryffondor. Elle tenta de ne pas rentrer dans leur jeu et échoua.

« Je sais parfaitement voler, Dean, merci. Je ne trouve seulement rien d'alléchant à voir le monde en petits points et d'avoir froid pour sentir un peu d'adrénaline. »

« Peur des hauteurs alors ? »

Hermione se contenta de rire.

« Si ce n'est pas les hauteurs qui te donnent de l'adrénaline, est-ce que les livres te le permettent vraiment ? » se moqua Seamus, toujours penché sur le canapé, la fusillant du regard.

Une lueur d'intérêt flottait dans ses iris.

« Plus maintenant, » avait-elle envie de répondre.

Seul un haussement d'épaule suivit ses paroles et les deux Gryffondors éclatèrent de rire.

« T'es pas croyable, » lui souffla l'incorrigible Seamus.

Prince des serpents (VF) | DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant