Chapitre 14

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Hermione observait les allées et venues des étudiants dans la salle commune des Serpentard d'un œil détaché. Elle ignorait pourquoi elle était encore entre ces quatre murs, à siroter un verre, l'esprit ailleurs. Elle pourrait retourner dans son dortoir et s'emmitoufler sous ses couvertures, un bon livre entre les mains. Mais non. Elle n'osait se l'avouer, mais cette joie de vivre lui avait manqué. Pansy, bien qu'elle soit terriblement mesquine, réchauffait son cœur par ses joutes verbales incessantes. Théo était charmant avec son sourire en coin, enjôleur et Blaise, bien qu'insupportable, avait un humour à couper au couteau. Il avait cette manie à jouer des sourcils et Hermione ne pouvait s'empêcher de glousser sous ses prouesses. Il était professionnel dans l'art de donner des explications qui ne voulaient rien dire. Bon sang. Quelle étrangeté de se retrouver ici et d'autant apprécier, pensa-t-elle.

La jeune Gryffondor s'était isolée un bref instant. Elle avait ce besoin de reprendre contenance. Son esprit n'arrêtait de divaguer vers les yeux cendrés de Malfoy. Il embaumait son esprit, ne lui laissant aucun répit. Postée un étage plus haut, Hermione pouvait observer en contre-bas les élèves s'échanger des messes basses. Elle vit des sourires malicieux, des regards furtifs et des gestes élégants. Certains discutaient aisément, d'autres dansaient au rythme de la musique qui emplissait la pièce. Alors qu'elle continuait d'observer en silence les convives, Hermione amorça un geste pour prendre une gorgée de sa boisson.

« Eh bien, ça en a pris du temps pour que la Mudblood soit enfin toute seule. A croire que tout le monde se fiche de ton sang sale ! » Cracha une voix.

En se retournant, les lèvres pincées, la jeune femme croisa le regard de Marcus Flint. Les yeux noirs et le nez retroussé, long et bossu, il l'analysait avec une colère mal contenue. Il s'approcha d'elle d'une démarche souple et fière, un sourire presque ironique sur le bord des lèvres. Il n'était pas seul. Au contraire. Deux de ses acolytes encadraient la Gryffondor maintenant. Goyle et Crabbe.

« Tu ne devrais pas être ici, susurra Goyle tout proche de son oreille.

Elle frissonna d'horreur. Crabbe, plus en retrait, observait la scène avec un amusement presque malsain. Hermione ne prit pas longtemps avant de comprendre qu'ils avaient l'intention de lui causer des ennuis, mais elle ne se laisserait pas faire. Ce n'était pas dans sa nature. Marcus, le regard hargneux, empoigna son gobelet et le fracassa par terre, répandant son contenant dans une tornade de bris de verre. Hermione n'avait pas besoin de se retourner pour savoir que la foule ne prenait aucunement conscience de ce qui se produisait plus haut. Le bruit de la mélodie était trop assourdissant pour qu'on entende la moindre lutte. Et les Serpentard avaient choisi le parfait moment pour venir agresseur la Gryffondor.

Hermione grimaça. Elle tâta la poche de son pantalon noir par automatisme, cherchant à trouver sa baguette, sa seule barrière de protection. Mais elle ne trouva aucune consolation dans son geste, car son arme ne se trouvait pas avec elle. Bordel, pensa-t-elle. Dans quel pétrin se trouvait-elle. Elle n'avait pas le choix de remédier à la bonne vieille méthode. Les poings. Son cœur battait contre ses tempes, elle appréhendait les futures paroles des étudiants. Ils l'observaient avec une moquerie à peine déguisée. Quand Goyle empoigna ses boucles de cheveux, se pressant contre sa hanche en reniflant son parfum, Hermione eut envie de vomir. Elle tenta de se dégager, la gorge nouée. Il la maintint en place, riant dans sa barbe.

« Tu as grandi, Mudblood. Si ce n'était que ton sang, je t'aurais déjà mis dans mon lit, » grogna Flint, la voix rauque.

Hermione insulta Goyle alors qu'il resserrait sa poigne sur sa chevelure.

« Mais c'est pas grave. On a été patient, je pense qu'on peut bien en profiter maintenant. »

Les lèvres tremblantes, Hermione se figea un court moment, le cerveau au ralenti alors qu'elle sentait des mains se faufiler sous son t-shirt et d'autres s'agripper à ses fesses. Sous la terreur, ses iris caramel cherchèrent de l'aide et elle croisa les pupilles dilatées de Malfoy, posté tout au bout de la salle commune. Il semblait en proie à une haine farouche. Allait-il l'aider ? Elle ne pouvait attendre. Pas lorsqu'une telle peur prenait forme dans son ventre, lui arrachant une plainte trop familière.

Prince des serpents (VF) | DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant