Chapitre 7

81 11 0
                                    

« Si on te pose une question qui te pétrifie, sourit. La joie de vivre, même si irréelle, fait fuir les questions les plus improbables.

Hermione était revenu à la case de départ, entre son déjeuner précipité à la table des Gryffondors, à éviter avec un grand soin les œillades de son meilleur ami, Harry Potter et la jalousie prestigieuse de Ginny, la jeune femme passait la majorité de son temps à la bibliothèque de Poudlard. Comme dans le bon vieux temps, colportèrent plusieurs étudiants, en l'observant à la dérobée. Il y avait des choses qui ne changeaient pas. Elle se comportait comme la Hermione de tous les jours, studieuse et discrète, mais c'était tout le contraire. Elle avait besoin de revenir à cette phase centrale de son existence, bien qu'elle ne lui apportât aucune flamme et étincelle de vie.

La passion était morte avec les sortilèges de torture, pensa-t-elle avec douleur.

Elle n'était qu'une coquille vide, flétrie et ternie d'une couleur obscure. Le temps avait cette capacité de ramifier toute chose, de consolider les peines, comme une cloison fortifiante de résilience. Baisser les bras, après tant de sacrifices, serait manquer d'honneurs aux défunts. Du moins, c'était ce que devait penser Harry ou Ginny. C'était pourquoi, il était important pour la jeune Gryffondor de ne pas perdre la face, de garder la tête sur les épaules, le regard porté vers l'horizon, tout en se montrant forte et courageuse en tout temps. Elle était tenace, n'est-ce pas ? Elle avait survécu. Les dents grinçantes sous les mensonges formulés et faisant écho dans les parois de son cerveau, Hermione détourna les yeux de son livre aux formules magiques non verbales, dont l'importance prédominait dans un monde aussi austère qu'était le leur.

Il n'y avait pas d'âme qui vive dans les couloirs de la bibliothèque. Formée de quatre étages, avec des escaliers serpentant chaque allée, la jeune Gryffondor pourrait probablement passer le reste de ses jours ici. C'est ce qu'elle aurait aimé. Plus maintenant. Les rangées aux étoffes lourdes de couvertures en cuir et aux parchemins aux senteurs naturelles, la fit plisser des yeux. C'était plus fort qu'elle. Il fallait qu'elle s'autorise un moment de répit, qu'elle tente de consolider les morceaux du puzzle pour se convaincre qu'elle restait toujours entière. La même Hermione. Seulement, ses intérêts avaient changé, et son goût en termes de beauté masculine aussi.

Merlin, maugréa la jeune femme dans sa barbe, les joues colorées. Elle n'arrivait pas à croire que Malfoy passait son temps à la hanter, même lorsque sa présence sournoise se retrouvait seulement à travers les parois de son cerveau. Perdu dans un coin du château, le Serpentard devait sûrement continuer d'agir avec fierté. Quel cliché, formula son esprit dans une critique déguisée d'intérêt pour le grand homme à la chevelure cendrée.

Peut-être qu'il ne s'agissait que d'une curiosité maladive ? Peut-être avait-elle besoin d'un instant de réflexion et d'éprouver de la compassion pour le second parti de la guerre pour enfin passer à autre chose, pour tourner la page ? Hermione savait que le mensonge se profilait sur sa langue depuis ces derniers mois avec une facilité hors-norme, presque insidieuse de jugement. Mais elle ne pouvait se voiler la face. Elle pouvait tromper les autres, mais pas elle-même. Pas alors que son bras continuait d'irradier de cette horrible sensation d'impuissance. Le couteau de Bellatrix Lestrange, fait de magie noire, ne pouvait qu'engendrer une cicatrice ineffaçable. La jeune Gryffondor connaissait les raisons de sa blessure, elle avait baissé sa garde et alors que ses amis s'étaient retrouvés enfermés dans les cachots du manoir des Malfoy, elle s'était battue pour sauver leur cause, pour cacher Harry.

Sa lutte n'avait pas duré bien longtemps. En quelques coups de baguette, Hermione s'était retrouvée contre le sol et la sorcière aux cheveux touffus noirs, l'avait enjambée comme si elle n'était qu'une fourmi. Peut-être était-elle aussi insignifiante que ces petits insectes ? Peut-être que son sang de née-moldu ne lui apportait qu'une faiblesse inégale aux prodigieux sorciers purs ? Impossible. Elle connaissait ses capacités, mais l'injustice de ces dernières années la rendait amère et venait semer le doute en elle. Le venin du serpent s'était faufilé entre ses veines et pompant chaque parcelle de son sang, il ne restait plus rien de vivant en la Gryffondor. Elle n'était qu'un corps chaud, incorrigible par ses impulsions, et mortel. Elle n'avait su protéger les gens qu'elle aimait, ni sauver ses amis. Elle n'avait pu qu'observer les désastres, se détourner et accepter la réalité avant même qu'elle ne se formule dans l'esprit des autres Sorciers.

Prince des serpents (VF) | DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant