« La magie peut venir du sang, de l'esprit, mais surtout du cœur. »
Pour la première fois de sa vie, Hermione Granger n'éprouvait aucun enthousiasme à se retrouver au sein des murs de la classe des défenses contre les forces du mal, où le nouveau professeur, Madrick BoeilFleur enchaînait des tirades d'explications chaotiques avec de grands mouvements, les bras ballants et les yeux déterminés posés sur ses élèves. Les mots se succédaient sur ses lèvres et l'esprit ailleurs, la jeune Gryffondor semblait dans un autre monde. Elle ne voyait que du coin de l'œil les cheveux vénitiens du professeur. Ses yeux verts dévisageaient chaque individu dans la salle, à la recherche d'une étincelle de feu et d'intérêt.
D'habitude, Hermione lèverait sa main, énergique et désireuse de démontrer son savoir-faire ou tout simplement, pour faire taire les rumeurs dans son dos. Certains étudiants la soupçonnaient, par le passé, d'être plus faible, dû à la provenance de son sang. Elle était née Moldu et ça ne plaisait pas à certains énergumènes. Les temps avaient changé, mais sous ses cogitations, un vague souvenir remonta à la surface, créant une douleur incommensurable dans son bras droit. La chaleur étouffante de sa blessure la fit grimacer, mais elle tint bon sous le désir tenant de se gratter la chair, jusqu'à s'arracher chaque parcelle de peau qui l'identifiait comme telle : une Sang-de-bourbe.
Une pensée en entraînant une autre, Hermione se revit, à travers les bois, un an auparavant, disposant des sortilèges de protection autour d'une tente pour affermir le sentiment de sécurité qui manquait grandement chez ses meilleurs amis, Ron et Harry. Ils n'avaient pas vécu dans un luxe, et la précarité des moments s'était évaporée seulement sous les regards d'encouragement que son ami à la crinière noire leur lançait. La jeune Gryffondor s'y était accrochée avec une force sourde, sous son désir effervescent de survivre. Et ça avait fonctionné. Jusqu'à ce que tout change.
Sa cicatrice la lança de nouveau et elle jura entre ses lèvres silencieusement. Elle n'avait pas parlé de ses douleurs à ses amis. Elle ne voyait pas l'intérêt d'envoyer une missive à Ron pour lui expliquer son état, surtout qu'il semblait enfin se fondre dans son nouveau cycle de vie. Ils avaient rompu et il était parti vivre son rêve. Même s'ils restaient amis, elle avait perdu ce lien indéfectible qui les nouait. Son sentiment de brûlure intérieur n'était pas important en comparaison à la perte d'un être cher. Chacun de ses camarades avaient souffert et les cicatrices restaient présentes, tangibles et inébranlables d'affliction. Pourquoi y ajouter son grain de sel ? Peut-être était-ce stupide de penser ainsi. Elle savait que Harry lui exprimerait son désaccord s'il venait à découvrir le martyr que lui causait sa plaie. Et c'était pour cette raison qu'elle s'était tue. Le tout ne ferait qu'aggraver son inquiétude, déjà omniprésente.
Soufflant, exténuée du conduit de ses pensées, Hermione releva ses pupilles de son livre, qui était fermé sur sa petite table et croisa les iris de BoeilFleur. Il ne perdit pas de temps à reprendre la parole, d'une voix suinte de sarcasme.
« J'ai entendu de grandes choses de la part de Miss Granger, mais s'ennuyer en cours n'en faisait définitivement pas parti. »
Il y eut plusieurs rires dans la salle de cours et d'ordinaire, Hermione aurait les joues enflammées sous la gêne et baisserait la tête, embarrassée. Mais elle était trop consternée par le manque d'empathie du professeur et par sa propre colère intérieure pour suivre ses bonnes habitudes. Pour qui se prenait-il ? Il y avait bien une vingtaine d'élèves qui l'écoutaient avec envie, et ce n'était pas parce qu'elle était déconcentrée quelques secondes qu'il devait sauter aux conclusions sur sa personne. Parce qu'elle était considérée comme une élève modèle, elle n'avait plus le droit d'être exténuée et de s'égarer dans ses pensées ?
« Les gens changent monsieur et je pense qu'il est tout à fait normal d'éprouver moins d'intérêt pour certains cours, comparativement à d'autres, » finit-elle par répondre entre ses dents, une colère vicieuse tournoyant autour de sa personne.
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Prince des serpents (VF) | Dramione
Hayran KurguLa guerre est finie. Voldemort a été vaincu. Alors que Hermione Granger tente de garder la face, faisant foi du courage et de la ténacité de la maison Gryffondor, elle ne fait que sombrer un peu plus dans un silence tangible, au plus grand désarroi...