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2012
Ella
Left outside alone - Anastacia
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En tant que capitaine de l'équipe, je me dois d'agir en conséquence. Mon rôle va bien au-delà de la performance individuelle : il est question de soutenir mes coéquipières, d'incarner une figure d'encouragement, de leadership. Mais ce n'est pas toujours aussi simple que je l'imaginais. Ce poste est un défi constant, une source de motivation qui me pousse à persévérer, même lorsque je doute.

— À GO, ON LEUR MONTRE QUI ON EST ! cris-je en plaçant ma main en premier dans le cercle que nous avons formé. ON EST QUI ? NOUS ON EST QUI ? ON EST LES RECKLESS ! QUI ? LES RECKLESS ! réponds l'équipe en chœur.

Tout le monde reprend en cœur, la voix unie, portée par l'excitation d'avant match. Puis, notre chanson d'équipe, Enter Sandman de Metallica, explose dans les haut-parleurs du stade, nous donnant ce sursaut d'énergie qui fait battre nos cœurs plus fort. Ce morceau nous galvanise, nous transporte presque dans un état de puissance invincible. À chaque fois qu'il résonne, c'est comme si rien ne pouvait nous arrêter. On rejoint notre banc, prêtes à en découdre, tandis que notre coach nous briefe sur le plan de jeu. Tout le monde écoute attentivement, mais dès que l'équipe adverse entre sur le terrain, l'attention se détourne.

Quand l'équipe adverse fait son entrée théâtrale sur Highway to Hell d'AC/DC, l'atmosphère change dans le stade. Leur entrée est spectaculaire, comme si elles cherchaient à impressionner tout le monde, à se rendre plus grandes qu'elles ne le sont réellement. Stella, leur star arrogante, fait des mouvements exagérés au rythme de la musique, s'y donnant comme si elle était en plein concert devant des milliers de personnes. Mes coéquipières ricanent discrètement, mais au fond de moi, quelque chose gronde. L'arrogance de Stella me tape sur les nerfs, mais aujourd'hui, c'est plus que ça. Il y a une sourde irritation que je n'arrive pas à chasser. Elle se croit tellement au-dessus de tout le monde. Ça me donne encore plus envie de gagner.

— On reste concentrées, il nous reste cinq minutes, intervint notre coach, rappelant l'attention sur le jeu.

Je prends une grande inspiration, refoulant cette gêne en moi. Le coach nous briefe sur les trios, et j'apprends que je jouerai en offensive avec Lydia et Yussra dans le premier trio. C'est parfait, je vais pouvoir me défouler sur le terrain, laisser sortir cette agitation sans la laisser me dévorer de l'intérieur.

Mais alors que je me prépare mentalement, Nefissa me sort brusquement de mes pensées :

— T'as vu ? T'as ramené des fans, me lance Nefissa en regardant vers les gradins.

Je suis son regard, et un choc me saisit. Ma famille. Tous mes amis de la cité sont là, un soutien massif que je n'attendais pas. Mais dans ce tableau joyeux, une absence m'arrête. Une silhouette manque à l'appel. Nabil. Pourtant, Walid est bien présent. Mon copain depuis un mois, assis tranquillement, son sourire éclatant braqué sur moi que je me force de lui renvoyer sans artifice. Mais une gêne sourde me saisit. Cette présence inattendue aurait dû me réconforter, me donner de la force, et pourtant...

— Vous foutez quoi là! Hurlai-je pour qu'ils m'entendent tous avec un énorme sourire plaquer sur les lèvres.

— Bah pour t'encourager et...Bah pour toi, connasse ! crie Lucas comme si c'était une évidence.

— Ta gueule, gros con, vous auriez pu me prévenir avant aussi ! lui répondis-je en rigolant, tellement heureuse de les savoirs présent.

C'est joyeux, familier, et je me laisse emporter dans cette légèreté, jusqu'à ce que me demande Zora d'un ton plus curieux que moqueur :

— C'est lui, ton mec ? Le rebeu, là-bas ? En faisant référence à Walid.

— Ouais, pourquoi ? demandai-je en fronçant les sourcils et la fixant dans l'attente de sa réponse.

Partir ou pourrir (PNL N.O.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant