La haine de vivre, la rage de survivre.
Ella veut réussir, elle rêve de quitter cette cité pour perccer dans le sport.
Nabil aspire à percer dans la musique, désireux de tourner le dos à la bicrave et de progresser enfin dans la vie.
Ils se côtoient...
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2012 Ella Skyfall - Adèle ---
Je suis assise sur le lit, les jambes croisées, fixant l'écran de mon téléphone. Le message de Nabil me revient encore en tête.
Nabil :" Je sais que c'est bizarre, mais est-ce que tu veux venir voir un film ce soir ? Juste nous deux. Pas besoin de parler, juste te changer les idées. Cinéma de quartier. Skyfall, à 20h. "
Un instant, je doute. Depuis trois jours, on ne s'est pas parlé. Je l'ai évité, comme si le fait de l'approcher me replongeait dans des souvenirs trop lourds à porter. Et pourtant, là, je suis tentée. Walid occupe mes pensées bien trop souvent, me rongeant de l'intérieur. Peut-être que cette invitation de Nabil est une porte de sortie temporaire, une manière de respirer, même si ce n'est qu'une illusion.
Je finis par taper : "D'accord. 20h." et me prépare à sortir. Je ne réfléchis pas trop, pas cette fois. Juste agir, juste... m'échapper un peu.
En arrivant devant le cinéma, je le vois. Nabil, imposant comme toujours, appuyé contre un mur, les mains dans les poches de son blouson noir. Même de loin, sa silhouette dégage une sorte d'aura, quelque chose de puissant, de protecteur. Il n'a pas besoin de parler pour qu'on le remarque. Ses yeux croisent les miens, et je sens une vague de chaleur mêlée à un respect que j'ai toujours eu pour lui, malgré tout ce qui s'est passé.
Il ouvre la porte du cinéma pour moi sans un mot, mais dans son regard, il y a cette détermination silencieuse. Ce soir, c'est comme s'il voulait m'enlever tout le poids qui me pèse sur les épaules. Juste un moment, une pause.
– Prête pour James Bond ? murmure-t-il d'une voix grave, mais douce. Un mélange de force et de délicatesse qui semble naturel chez lui.
Je hoche la tête. En vérité, je ne m'intéresse pas vraiment au film. Ce que je veux, c'est me noyer dans autre chose que mes propres pensées.
La salle est presque vide, quelques silhouettes éparpillées ici et là. Nabil m'accompagne jusqu'à une rangée au fond, où personne ne peut nous déranger. Il s'assoit à côté de moi, et je sens cette présence, solide, à la fois rassurante et intimidante. Comme s'il était là pour s'assurer que rien ne pourrait m'atteindre tant qu'il est là. Le film commence, je m'enfonce dans le fauteuil rouge du cinéma, mon regard fixé sur l'écran immense devant moi. La salle est plongée dans une pénombre rassurante, seulement brisée par les éclats lumineux du film. Le générique de Skyfall commence à défiler, la voix d'Adele emplit l'espace avec une gravité solennelle. Je sens une certaine lourdeur m'envahir, non pas à cause du film, mais à cause de tout ce que je traîne avec moi. Et Nabil, assis à côté de moi, silencieux.
Je ne lui ai pas demandé pourquoi il m'a invitée ici ce soir. Je suppose qu'il voulait juste m'aider à me changer les idées, me distraire de mes pensées obsédantes qui tournent toujours autour de la même chose : ce que Walid m'a fait. Je devrais être reconnaissante, mais je ne suis même pas sûre de savoir comment être reconnaissante, comment ne pas me perdre dans mes propres ténèbres.