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2012NabilBanlieusards - Kery James---

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2012
Nabil
Banlieusards - Kery James
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Le soleil est en train de disparaître derrière l'horizon, teintant le ciel de nuances oranges et roses, mais ma journée est loin d'être terminée. Je suis toujours là, assis au fond du hall, comptant les billets que j'ai accumulés depuis six heures du matin. Les chiffres défilent sous mes doigts, mais une insatisfaction me ronge. Un tas de fric qui ne suffit jamais, qui ne me remplit jamais. C'est ridicule, mais c'est moi, ça. Une putain d'obsession pour en avoir toujours plus, au point de m'en priver de sommeil, au point de me rendre malade à force de tout calculer. Je deviens dingue. Je le sais, mais j'peux pas m'arrêter. Pourquoi est-ce que je veux toujours plus ?

Nader me rejoint en silence, s'effondrant lourdement sur le vieux canapé en faux cuir qui trône dans le hall, l'air déjà à moitié déconnecté de la réalité. Sans dire un mot, il me tend sa bouteille de Jack Daniel, déjà bien entamée. J'attrape la bouteille, bois trois grosses gorgées qui me brûlent la gorge, ça m'anesthésie juste assez pour que je sente moins cette merde qui me ronge, puis j'allume un joint pour faire passer le goût amer de l'alcool.

— Alors, on a fait combien aujourd'hui ? me demande-t-il, ses yeux mi-clos, le corps affaissé.

— Pas loin de 300 balles, mais y'a encore les gars qui doivent revenir tantôt avec des ients-cli, donc ça va grimper, dis-je entre deux tafs.

— Tranquille, on va atteindre les 600 avant minuit, j'pense, renchérit-il d'un ton confiant, avant de fermer les yeux, déjà en train de sombrer dans une sieste.

Je me lève, le laissant piquer du nez, et sors prendre l'air. J'ai besoin de cette bouffée d'oxygène, de ce vent frais qui me claque le visage. Il me réveille, me rappelle que je suis toujours là, vivant, malgré tout, bien que j'en ressente de moins en moins l'intérêt. C'est juste une routine infernale. L'argent, les comptes, la fatigue qui s'accumule, mais rien ne change.

À l'extérieur, un fond de Sexion d'Assaut résonne à travers les rues du 91, accompagnant le chaos ambiant de la cité. Les petits jouent encore dehors, leurs rires ponctuant l'atmosphère, mais je sais qu'ils ne tarderont pas à être rappelés par leurs darons pour aller grailler. Leur insouciance me fait mal, me renvoie à cette époque où, moi aussi, j'avais cette légèreté, avant que tout ne devienne cette course perpétuelle pour survivre, pour tout gérer. Elle me ramène aussi à une époque où mon propre daron me traînait à la maison, où le rap français n'était pas encore au top, mais on faisait avec. La nostalgie me prend un instant, me ramenant à ces moments simples, presque naïfs, avant que tout ne devienne si... compliqué.

Un sifflement me sort de mes pensées. Je lève les yeux et aperçois Kemil et le reste de la bande qui s'approchent de la tour. Je descends les trois marches du hall pour les rejoindre, et je tchèque Kemil et Ambre, mes meilleurs potes, quand ils arrivent à ma hauteur.

Partir ou pourrir (PNL N.O.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant