2012
Ella
Better now - Post Malone
---Si on m'avait dit un jour que je me confierais à Nabil, que je lui dévoilerais les blessures les plus profondes de mon âme, j'aurais éclaté de rire. Lui, avec ses airs détachés et son éternelle nonchalance, n'était pas exactement le genre de personne à qui j'aurais imaginé dévoiler mes failles. Pourtant, hier, c'est exactement ce que j'ai fait. Et, contre toute attente, ça m'a fait du bien. Un bien que je ne saurais vraiment expliquer. Être écoutée, sans jugement, par quelqu'un qui, en apparence, n'a rien à voir avec mes tourments, a eu un effet apaisant que je n'aurais jamais anticipé.
Il a su trouver les mots. Des mots simples, directs, mais qui ont porté en eux une promesse. Il m'a juré que plus jamais on ne me ferait de mal. Que plus jamais personne ne poserait ses mains sur moi comme Walid l'a fait. Que je n'aurais plus à craindre qu'il revienne me chercher dans l'ombre. J'ai voulu y croire sur le moment. J'ai senti un poids s'envoler, un instant, en l'entendant parler avec cette assurance. Pourtant, au fond de moi, quelque chose résiste. Comment pourrais-je vraiment y croire quand, dans cette tess, des filles comme moi se font briser tous les jours ? Ici, c'est la réalité. Nous sommes toutes à risque, en permanence. L'angoisse rôde dans chaque recoin, prête à bondir à tout moment. Alors, même si je veux croire en Nabil, même si je veux croire qu'il me protégera, il y a cette part de moi qui sait que la vie ne se résume pas à des promesses.
Depuis ce jour, Clara n'a plus donné signe de vie. Elle s'est retirée dans sa bulle, dans cette relation naissante avec Kemil, et je me retrouve seule à gérer mon silence. Et ça me tue. Je me dis que, dans un monde idéal, elle serait là, qu'on irait se poser au grec comme avant, qu'on parlerait pendant des heures de tout et de rien, jusqu'à ce que je me sente assez forte pour lui parler de ce qui me ronge. Mais ce n'est pas le cas. Elle a Kemil maintenant, et même si ça me blesse qu'elle ait un peu effacé notre amitié de son quotidien, je comprends. C'est toujours comme ça quand on démarre une nouvelle relation. On délaisse les anciennes connexions, sans même s'en rendre compte. Pourtant, cette distance me fait mal. Je crains qu'elle ne soit plus là quand j'en aurai vraiment besoin. Alors je n'ose pas faire le premier pas. Par peur d'un refus. Parce qu'un « non », un seul, pourrait me plonger encore plus profondément dans le vide.
Aujourd'hui, je décide qu'il est temps de reprendre le contrôle. Le foot m'appelle, et malgré la fatigue écrasante qui me laisse les traits tirés, je dois y retourner. Les qualifications approchent, et je ne peux pas me permettre de tout rater. Après la visite de Nabil, j'ai pensé à le rejoindre pour choper de quoi dormir, ou simplement quelque chose pour éteindre mes pensées le soir. Mais finalement, je me suis dit que c'était peut-être mieux ainsi, sans rien. Je dois me relever par moi-même. Et puis, le foot reprend cette semaine, et j'ai besoin d'être là, présente, forte, pour mes coéquipières et pour moi-même. Mon objectif du jour : ne pas croiser Walid.
Je me prépare en vitesse, enfilant un vieux jogging noir et une capuche grise qui cachera la moitié de mon visage. Je ne fais aucun effort pour paraître bien, je veux juste passer inaperçue. Mes cheveux sont lâchés, en bataille, et je me fous de tout. J'attrape mon mp3, branche mes écouteurs et me laisse bercer par la musique qui résonne dans ma tête. En descendant les escaliers, les gars me saluent, certains avec surprise. Je vois Lucas murmurer quelque chose à Nabil, un regard curieux sur moi. J'ignore leurs petites messes basses et continue mon chemin vers l'arrêt de bus. Alors que je traverse la rue, une main se pose brutalement sur mon épaule, et, sous le choc, je lâche mon mp3 qui s'écrase au sol.
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Partir ou pourrir (PNL N.O.S)
FanfictionLa haine de vivre, la rage de survivre. Ella veut réussir, elle rêve de quitter cette cité pour perccer dans le sport. Nabil aspire à percer dans la musique, désireux de tourner le dos à la bicrave et de progresser enfin dans la vie. Ils se côtoient...