La haine de vivre, la rage de survivre.
Ella veut réussir, elle rêve de quitter cette cité pour perccer dans le sport.
Nabil aspire à percer dans la musique, désireux de tourner le dos à la bicrave et de progresser enfin dans la vie.
Ils se côtoient...
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31 décembre 2011 Nabil The morning - The Weeknd ---
La nuit de la Saint-Sylvestre semble s'étirer comme un cauchemar aux allures de fête. Dans les appartements du bâtiment C, tout le monde est là, la meute au complet. Les rires et les éclats de voix résonnent dans les couloirs, mais un poids semble se glisser derrière chaque sourire. Ambre, Kemil, Lucas, Karim, Samy, Youssouf, Ilinas, Rayan, Walid, Saïd, Clara, Ella, Jasmine, Elena, Sandra, et tous les autres... tous réunis pour célébrer la nouvelle année. Même les darons sont là, alignant un buffet généreux comme s'ils pouvaient, à travers la nourriture, effacer les réalités plus sombres qui nous rongent tous.
On se disperse dans les différents appartements, chacun trouvant son petit coin pour se poser, boire, fumer, discuter. Pourtant, malgré la chaleur humaine, je ne peux pas m'empêcher de penser à mon frère et mon père, enfermés dans leurs cellules respectives, loin d'ici. Tandis que tout le monde se marre, moi, je pense à eux, piégés dans des vies où les fêtes ne sont qu'un lointain souvenir. Une nouvelle année pour nous, mais pour eux, juste un autre jour de taule, de silence, de solitude.
Je tire une longue taffe de mon bedo, mon regard se perdant dans la pièce. Mes yeux finissent par s'arrêter sur Ella, au loin, son sourire éclatant accompagné de ses déhanchés illuminant la pièce. Dans sa longue robe noir, elle est loin d'être désagréable à regarder.
Ça sent la clope, l'alcool bon marché et l'ennui déguisé en festivité. Puis, mon attention s'arrête un moment sur Jas. Sa robe beige moulante laisse apparaître son string noir. Je devrais être choqué, mais franchement, plus rien ne me choque à ce stade. C'est Jas, quoi. Toujours dans la vulgarité, toujours à chercher l'attention, mais ça m'affecte plus. Ou plutôt, ça m'affecte autrement. À une époque, je l'aurais peut-être trouvée sexy, mais maintenant, tout ce que je vois, c'est une gamine paumée qui cherche à exister. Et moi, tout ce que je veux, c'est autre chose.
Un jour, j'aurai une vraie femme, pas une gamine comme elle. Une femme qui pourrait me sortir de ce merdier, me faire grandir. Une femme avec qui je pourrais évoluer, me poser, rêver d'un avenir différent. WAllah, j'en rêve même la nuit. Mais ce soir, sous les lumières vacillantes des néons, tout ça semble tellement loin, tellement hors d'atteinte.
- Plus qu'un an et on retrouve notre guerrier, résonne une voix derrière moi, brisant le fil de mes pensées.
Je me tourne à moitié et reconnais Karim. Il s'est installé à côté de moi, un sourire nostalgique sur les lèvres.
- Ouais, sa vieille tête me manque comme t'as pas idée, réponds-je en tirant une autre taffe. J'ai gratté une masse de textes, tu sais. Un peu comme toi et Samy avec le rap... J'vais m'lancer aussi, avouai-je pour la première fois à voix haute.