La haine de vivre, la rage de survivre.
Ella veut réussir, elle rêve de quitter cette cité pour perccer dans le sport.
Nabil aspire à percer dans la musique, désireux de tourner le dos à la bicrave et de progresser enfin dans la vie.
Ils se côtoient...
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2012 Ella Left Outside Alone - Anastacia ---
On part en Espagne !
Depuis la fin du match, les filles et moi avons célébré notre victoire dans un petit bar du quartier. C'est un lieu simple, avec un billard au fond, mais parfait pour relâcher la pression après un match intense. J'avais invité tout le monde, et en quelques minutes, le bar était plein. Tout le monde riait, parlait, l'ambiance était incroyable. C'était sûrement l'une des meilleures soirées de ma vie. Il y avait une énergie si positive autour de moi que je ne pouvais m'empêcher de sourire. Mais, malgré toute cette bonne humeur, une petite part de moi restait ailleurs, détachée, comme si un poids invisible me tirait en arrière.
Je ne suis pas douée au billard, tout le monde le sait. Alors forcément, je perds souvent, mais ça ne me dérange pas. Je passe la plupart du temps assise à observer les autres jouer. L'ambiance est si agréable que je n'ai même pas besoin de participer activement pour me sentir bien.
— Je paie la prochaine tournée ! s'exclame Nefissa en s'avançant vers le comptoir pour commander des shooters.
Je la regarde s'éloigner avec un sourire, puis mon regard se pose sur Clara, qui s'amuse avec mes coéquipières. Tout semble parfait, mais au fond de moi, je sens un malaise grandir. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Un vide, comme une sensation de déconnexion, me traverse soudain. C'est comme si, en un instant, je me détachais de ce qui m'entoure, comme si l'espace autour de moi devenait étouffant. Je ferme les yeux, espérant chasser cette impression, mais elle reste là, sourde et persistante.
— Hé, c'est ton tour ! m'interpelle quelqu'un.
Je sursaute, me levant d'un bond pour rejoindre la table de billard. Cette fois, je joue contre Lucas. Il me sourit avec son air de défi habituel, celui qui dit qu'il est prêt à me battre mais avec un brin de tendresse. Lucas, toujours de bonne humeur, est le pilier de notre groupe, celui qui sait comment alléger les tensions et faire rire tout le monde. Il est la raison pour laquelle je n'ai pas encore quitté la soirée, malgré ce sentiment de malaise.
— Tu vas encore gagner, je le sais déjà, dis-je en plaisantant, sans trop y croire.
On remet les boules en place et la partie commence. Comme à mon habitude, je rate la plupart de mes coups, et les rires fusent autour de la table. Je fais semblant de rire avec eux, mais au fond, je me sens un peu perdue. Si je prenais ces moqueries au sérieux, je serais déjà en train de m'énerver, mais ce soir, je n'ai même pas l'énergie pour ça. Nous avalons nos shooters, et le jeu continue. Je perds encore, bien sûr. Nabil s'approche pour prendre ma place.
Je lui tends la queue de billard, et alors qu'il passe derrière moi, son bras frôle légèrement ma cuisse. Ce simple contact me fait sursauter, et une vague de gêne me submerge. Je sens mes joues chauffer, mon cœur s'accélérer, et une question me traverse l'esprit : est-ce qu'il l'a fait exprès ? Peu importe, ce geste anodin réveille quelque chose en moi, quelque chose que je ne sais pas si je veux comprendre. Ça me rapelle le rapprochement qu'on a eu le soir du cinéma, mais que nous avons ouvertement ignoré depuis.