Chapitre 1.

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20 mars - Brooklyn, New-York

Le soleil se lève lentement, réchauffant de ses reflets orangés les buildings new-yorkais. Nous pouvons enfin profiter du Printemps qui a pointé le bout de son nez depuis peu. Le froid hivernal a désormais laissé place à des températures plus agréables. Les fleurs en bourgeons font enfin leur grand retour dans Central Park, au grand dam des personnes allergiques au pollen. C'est tellement agréable de profiter de New-York dans ce cadre-là. Quelques mois auparavant, nous étions ensevelis sous une tonne de neige, ne pouvant quasiment pas sortir de chez nous. Je revis qu'il soit enfin possible de remettre le nez dehors sans me transformer en statue de glace... Je déteste la neige. C'est beau seulement dans les films de Noël à l'eau de rose ou derrière une fenêtre, mais dans ton quotidien c'est un calvaire.

La tête dans le coltar, les yeux encore remplis de fatigue, je me prépare à partir de chez moi pour me rendre au travail. Inutile de vous dire à quel point je ne suis pas du matin, n'est-ce pas ? D'ailleurs aujourd'hui je me sens d'humeur grincheuse. Je ne sais pas pourquoi mais depuis que mon réveil a sonné, j'ai comme le pressentiment que ma journée ne va pas se dérouler comme prévu. Est-ce que ma cliente du jour va être un peu trop compliquée à mon goût ? Est-ce qu'un de mes collègues va être plus pénible que d'habitude ? Je n'en sais rien, mais mon intuition se trompe rarement et cette sensation ne me quitte pas. J'essaie de faire abstraction de tout ça, me disant que rien ne sert de ruminer, si ce n'est me mettre encore plus de mauvais poil.

Après m'être mis rapidement un coup de crayon et de mascara noir, essayant tant bien que mal de ne pas me crever un œil vu l'énergie dont je fais preuve, je termine par une touche de mon rouge à lèvres fétiche qui m'accompagne tous les jours, d'une teinte « vieux rose », me donnant un coup de peps sans trop en faire. Le maquillage en mode « pot de peinture », très peu pour moi. J'enfile ma veste en cuir usé marron, ma paire de Doc Martens de la même couleur, sans oublier ma grosse écharpe en laine kaki (la neige n'est plus là, mais n'abusons pas quand même, je reste une grande frileuse).

Je jette un coup d'œil à mon téléphone. Merde... je suis encore à la bourre, comme tous les matins ... J'ai intérêt à passer la vitesse supérieure. Tous les jours, c'est la même histoire. Tous les jours, je me maudis de trainer à m'extirper du lit car ça me met à chaque fois en retard et je dois ensuite courir dans tous les sens, ce qui n'arrange clairement pas mon humeur.

Je sors de mon immeuble, ajustant un peu plus mon écharpe autour de mon cou. Il n'y a rien de pire que de sentir un vent froid dans sa nuque, on est d'accord ? Malgré le vêtement bien calé autour de moi, je peux voir quelques mèches de mes longs cheveux auburn voler autour de mon visage au rythme de mes pas. Sur la route du salon, je prends quand même cinq minutes pour me prendre un café à emporter chez Stan, mon petit rituel du matin. Quitte à être en retard, cinq minutes de plus ne vont pas me tuer.

— & un Caramel Macchiato format big pour Madame, comme d'habitude ! me lance-t-il avec un clin d'œil alors que je viens à peine de franchir le sol de son bar.

Malgré mon humeur massacrante, je lui souris.

Stan est très grand, assez fin niveau corpulence. Ses cheveux roux sont toujours ébouriffés, lui donnant un air de petit garçon farceur malgré le fait qu'il ait vingt-huit ans. Avec ses yeux verts légèrement différents des miens et nos couleurs de cheveux assez similaires, on pourrait croire que nous sommes frère et sœur.

Je l'aime beaucoup, il est la gentillesse incarnée. Lorsque je me suis installée à New-York il y a maintenant trois ans, je suis rentrée dans son café, faisant le tour du quartier dans lequel je venais d'emménager. Je pense que ça devait se voir à des kilomètres que je n'étais pas du coin, comme les trois quarts des habitants de New York d'ailleurs. Il m'a été d'une grande aide à cette époque, me donnant toutes les astuces possibles et inimaginables afin que je m'acclimate facilement à ce nouvel environnement. Je pense que je ne le remercierai jamais assez pour son soutien précieux & son amitié.

Foutu DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant