Chapitre 7.

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June

10 ans en arrière - Pittsburgh, Pennsylvanie

Serrant ses poings, je le vois se jeter sur mon agresseur et le ruer de coups. Il les enchaine, les uns après les autres, le touchant dans la mâchoire, le nez, l'arcade.... Il est pris d'une folie terrifiante au point que je commence à entendre les os de son visage craquer sous l'assaut de ses impacts. Je dois l'arrêter avant qu'il n'aille trop loin par ma faute.

— Tyler !

Il ne m'entend pas, la rage qui s'est emparée de lui a créé des œillères qui l'isolent complètement.

— TYLER !

Ma détresse a dû l'atteindre car je le vois se stopper net. Tournant la tête vers moi, je ne peux pas voir son regard à cause de l'obscurité, mais je sens sa colère redescendre un peu. Dans le silence de cette pièce, j'entends uniquement sa respiration saccadée. Il reste ainsi durant quelques secondes qui me paraissent être une éternité, figé dans sa position : son bras qui était déjà en l'air prêt à amorcer un énième coup retombe le long de son corps. Je peux voir sa victime dans les vapes, complètement défigurée. Il essaie de parler mais je ne comprends rien. Tyler relève ce qu'il reste de mon assaillant et le balance violemment dans le couloir. Celui-ci essaie de s'enfuir en courant malgré sa démarche chancelante. Mon sauveur se retourne soudain et se rue sur moi, prenant mon visage entre ses mains.

— Il t'a blessé ? Dis-moi qu'il n'a pas eu le temps de te faire quoi que ce soit ?

Je peux enfin voir ses yeux. Son regard est brillant, rempli de détresse, autant que le mien doit l'être de panique. Le voir autant inquiet pour moi me surprend mais j'ai l'impression que ça me réanime après ce que je viens de vivre. Il me redonne de l'oxygène.

Je prends ses poignets dans mes mains et profite de ce contact qui m'apaise indéniablement. Je prends une grande respiration.

— Non... Non ça va, heureusement que tu es arrivé... Je n'imagine pas...

Je n'arrive même pas à finir ma phrase. Le stress est en pleine descente et je ne contrôle plus mes émotions. Je suis emportée dans une chute libre de mon adrénaline et mes larmes coulent de plus belles de manière incontrôlable.

Je veux m'éloigner un peu de lui, ne supportant pas qu'il me voit dans cet état, mais il maintient mon visage dans ses mains, me forçant à le regarder dans les yeux.

— Regardes moi June !

Lorsque mon regard croise le sien, tout s'arrête. Nous sommes comme suspendus dans le temps. Je réalise alors le contact de ses doigts sur mes joues, sur ma peau. Un frisson me parcourt la colonne vertébrale. Je ne sais pas expliquer ce sentiment qu'il arrive à me procurer. Nous nous connaissons à peine. Pourtant il a été là pour moi dans ce terrible évènement et il est indéniable que son contact me fait énormément de bien. Je suis complètement apaisée. Je dirais rassurée même, enserrée par ses mains.

Toutefois, personne ne m'avait prévenu que l'adrénaline avait un double effet kiss-cool. L'atmosphère dans la pièce se met à changer, c'est comme si les ombres s'élevaient sur les murs pour s'enrouler sur nous.

Nos pupilles noircissent de tension, nos corps se crispent mutuellement.

Ses doigts se tendent sur ma mâchoire, ses yeux oscillants entre les miens et mes lèvres. Je me rends compte que je dois être en train de faire exactement la même chose, inconsciemment.

J'en ai envie... J'en ai complètement envie bordel.

Mais est-ce normal ? D'en avoir ne serait-ce que le besoin après ce qu'il vient de se produire ?

Foutu DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant