Chapitre 15.

21 2 17
                                    

Tyler

28 mars – Pandémonium Bar, NY

Je ne peux plus tenir...

Lorsque je l'ai vu à l'autre bout de la pièce avec ses amis, j'ai le cœur qui s'est paralysé dans ma poitrine.

Putain de merde, mais pourquoi je la croise tout le temps ?

Cette semaine a été chaotique. Un vrai bordel.

Depuis notre dernière discussion au bar de mon hôtel, le temps m'a paru interminable mais je ne pouvais pas lui écrire. Pas avec toutes les nouveautés qui me sont tombées sur la gueule...

Et je m'en serais bien passé, croyez-moi.

On nous a « présenté » le nouveau boss de la maison de disques, un certain Luciano Moretti. Je dis bien « présenté » car nous ne l'avons pas vu directement, seulement entendu via le haut-parleur du téléphone en salle de réunion. Aucune idée de ce à quoi il ressemble, je ne sais même pas si nous le croiserons un jour. Nous n'étions pas au courant avec les mecs qu'il était question d'un changement de patron dans leur business à la con. En soit, on s'en foutait, nous ce qui compte, c'est uniquement notre musique. Tant que les choses ne changeaient pas pour nous, ça nous allait. Mais visiblement, ça ne va pas se passer comme prévu.

Henri nous a mis une pression monumentale à cause de ce mec, insistant sur son influence et le fait qu'il pouvait tout arrêter du jour au lendemain, en un claquement de doigt : plus de groupe, plus de carrière...

— Les gars, ce boss, ce n'est pas n'importe qui ! Il n'a peur de rien ni personne. Si votre tête ne lui revient pas, il la fera dégager de vos épaules, et la mienne avec en prime. Alors ne déconnez pas, s'il vous dit de faire quelque chose, vous le faîtes !

J'ai eu beau me rebeller, lui dire que personne ne pouvait me commander et dicter ma façon d'être, rien à faire, il m'a fait comprendre que je devais me calmer tout de suite.

— Fais pas ta tête de con Tyler, si tu fais de la merde, il n'y a pas que toi qui va morfler ! C'est tout le groupe ! Alors tu la fermes et tu fais ce qu'on te demande.

Ça m'a stoppé rapidement dans mes coups de gueule et je déteste ça, qu'on ait l'ascendant sur moi sans pouvoir faire quoi que ce soit. Me sentir impuissant. Je ne sais pas qui est ce nouveau boss mais la façon dont Henri nous le dépeint est un peu flippante. Lorsqu'il parle de lui, il semble vraiment stressé comme s'il sentait sa vie menacer.

Par contre ce qui me met en rage, c'est ce qu'a dit ce connard sur haut-parleur :

— Vous continuez les frasques comme vous faisiez jusqu'à présent. C'est bien, ça fait vendre ! Les gens en raffolent. Et qu'on soit bien d'accord les gars : je ne veux aucun de vous en couple, il faut que les filles continuent de vous désirer, à faire les groupies autour de vous. Vous les baisez autant que vous voulez, tant que ça reste des coups d'un soir. On est bien d'accord ?

Sous le regard appuyé d'Henri, je sens mon corps se tendre, mes poings blanchissent à force de les serrer sur mes genoux.

Ce mec se prend pour qui putain ? Fils de...

Mais je n'eus pas d'autre choix que d'acquiescer comme les autres, ne voulant pas révéler le sujet June. Je sentais le regard d'Henri posé sur moi, décortiquant la moindre de mes réactions afin d'éviter un faux pas de ma part. Il semble se douter de quelque chose mais je fais en sorte de garder mon habituel je m'en foutisme.

Je ne veux pas que l'un d'entre eux se concentre sur elle.

C'est ce pourquoi je l'ai évité toute la semaine, faisant de nouveau le mort. Je suis complètement perdu, entre mon envie d'être avec elle et mes obligations dans le groupe. Je me retrouve tiraillé dans une situation merdique que je n'ai pas demandée. Je n'ai pas le choix que de l'éloigner de toutes ces nouvelles merdes qui me tombent dessus. Je ne peux pas lui faire mon numéro de « je veux te récupérer » alors que je n'ai pas le « droit » d'être avec elle. Pour la faire souffrir une nouvelle fois ? Sûrement pas.

Foutu DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant