Chapitre 5

478 15 0
                                    

Pendant les jours qui suivirent, notre cohabitation fut plutôt compliquée, Adam est quelqu'un de bordélique, il pourrait vivre dans un cachot que ça ne le dérangerait pas contrairement à moi qui suit du genre maniaque de la propreté. Le pire pour moi c'est quand il met sa musique de rap à fond alors que j'essaye de travailler, moi qui travaille et vit mieux dans le silence, je fournis un gros effort pour prendre sur moi. Il lui arrive également d'utiliser mon tapis de gym pour effectuer des exercices et du coup il se balade torse nu devant moi. Ça me gêne mais je ne vais pas non plus dire que c'est déplaisant de voir son torse parfaitement sculpté et ses muscles saillants. Quand je le vois dans cette tenue, je ne peux pas m'empêcher de rougir et de me désintéresser de ce que je suis en train de faire, non mais qu'est-ce qu'il m'arrive, ce n'est pas mon genre de m'émoustiller pour si peu comme une gamine remplie d'hormones ! Je crois qu'il a remarqué qu'il me faisait de l'effet et ça à l'air de beaucoup l'amuser.

J'ai du mal à suivre son humeur, parfois il me pose des questions sur moi et s'efforce d'être gentil et l'instant d'après il se renferme et rumine, il est capable de rester des dizaines de minutes sur le canapé à regarder dans le vide, d'un regard à faire pâlir n'importe qui, quand il est comme ça, je le laisse tranquille et ne l'approche pas, je ne le connais pas si bien que ça après tout.

Mes inquiétudes se sont confirmées à peu près une semaine après qu'il soit arrivé chez moi, le voisin du dessus, Mr Gontrand est venu frapper à ma porte se plaignant de la musique trop assourdissante pour lui et que ça durait déjà depuis des jours. J'étais presque tentée de lui dire que moi non plus je n'en pouvais plus mais avant que je n'aie pu dire un mot, Adam qui était sur le balcon à ce moment-là a débarqué, une bière à la main et a insulté mon voisin de tous les noms. Ce pauvre Mr Gontrand bien qu'ayant le triple de notre âge ne s'est pas laissé faire et a menacé d'appeler la police. Adam l'a alors menacé de son poing et était vraiment prêt à en découdre. Mon voisin a pris ses jambes à son cou et a parlé de déménager de ce « quartier de fous ».

- Mais qu'est-ce qui t'as pris ? On ne parle pas aux gens comme ça ?

Je me suis énervée, choquée de sa réaction. Il n'a pas eu l'air de comprendre en quoi il était en tort :

- Tu devrais me remercier, ce vieux con allait appeler la police et tu allais avoir des ennuis

- Tu ne peux pas menacer les gens, les insulter et trouver ça parfaitement normal ; je m'avance vers lui, un doigt pointé sur son torse.

- Bien sûr que je le peux, j'insulte qui je veux et quand je veux, personne ne me dit ce que je dois faire ; il élève la voix et se rapproche d'un air menaçant.

Je recule, sentant le danger

- Non tu ne fais pas ce que tu veux chez moi ; dis-je d'une toute petite voix.

Il voit que je prends peur alors il se calme et comme tous les jours depuis qu'il habite chez moi, il s'en va faire un jogging. Je pense qu'il a besoin d'évacuer toute sa frustration et sa colère pour ne pas exploser. Ce fut notre toute première dispute, témoignant du fossé de nos vies bien différentes, qui nous sépare.

Je ne sais pas combien de temps il compte rester ici ou s'il se cherche un autre logement, à vrai dire je n'ose pas poser la question, je n'ose pas non plus aborder le sujet de sa sœur, à mon avis il devrait retourner vers elle et discuter calmement mais comment aborder le sujet avec Adam ? Je n'arrive pas à prévoir ses réactions et sais qu'il est capable de réagir au quart de tour.

Aujourd'hui on est jeudi ce qui signifie que j'ai 4h de cours le matin et 2h l'après-midi. Pourquoi c'est toujours le jeudi que la journée est la plus nulle !? Avec toute ma bande « d'amis » nous avions pris l'habitude de manger tous ensemble au bord du fleuve. Sans surprise je m'installe à côté de Marina et Evan viens se coller à moi. Il me demande si je n'ai pas trop froid et me propose sa veste, je décline poliment alors que je suis très frileuse et que j'ai super froid mais je préfère encore mourir d'hypothermie plutôt que de mettre la veste de ce rat d'égout !

Pendant que nous écoutons tous Julie critiquer les élèves de notre auditoire et rire comme une poule, je sens la main de mon voisin se rapprocher dangereusement de moi et se poser sur ma cuisse, ce qui me provoque un frisson de dégout.

- Moi aussi j'adore quand on se touche, me chuchote-t-il, pensant certainement que mon frisson était dû au plaisir.

Un son inexplicable sort de ma bouche, un mélange de dégout et d'étonnement. Je me lève en vitesse :

- J'ai oublié mes livres de cours pour les 2 prochaines heures de psychologie de la santé, m'exclamais-je.

Sans attendre de réponse je pars en courant pour me réfugier dans le bâtiment, maintenant il n'y a plus qu'à attendre que le cours commence. Soudain, je vois Evan rentrer et venir vers moi avec un sourire triomphant et pervers. Sans que je m'y attende et sans même prononcer le moindre mot il se rapproche de moi et pose ses lèvres sur les miennes. Non mais qu'est-ce qu'il se passe là ? Je le repousse violemment :

- Mais qu'est-ce qui te prends abruti ?

- Bha quoi, c'est bien pour ça que tu es partie non ? Je savais bien que tu avais tes livres de cours je les ai vus dans ton sac.

- Mais pas du tout, je suis partie parce que tu me dégoutes et me rends mal à l'aise, maintenant je vais devoir me rincer la bouche à l'eau de javel.

Touché dans son égo il me prend par la gorge et me plaque contre le mur.

- Ecoute moi sale pute, tu crois vraiment que tu peux me faire du rentre dedans pour ensuite me repousser ? Tu penses que ça te donne du pouvoir sur les hommes ? La prochaine fois je ne vais pas seulement t'embrasser et je peux te garantir que tu vas aimer ça ; me dit-il d'un air mauvais.

Il me lâche et s'en va certainement rejoindre les autres. Quant à moi, je n'ai qu'une idée en tête rentrer chez moi et pleurer dans mon lit pour ne plus jamais en sortir. Les larmes coulent toutes seules tandis que je malaxe mon cou encore douloureux de mes mains tremblantes. Je me force à bouger mes jambes et emprunte la porte de sortie en baissant la tête. Alors ce sera ça ma vie ? Être encore plus effrayée qu'avant à cause de ce qu'il vient de se passer ?

J'arrive chez moi et ouvre la porte les mains toujours tremblantes, je tombe sur Adam en train de faire des pompes à une seule main :

- Hey, fais pas attention au bazar dans la salle de bain, je compte ranger t'inqui..... mais qu'est-ce qu'il se passe ?

Je devais probablement avoir une tête terrifiée pour qu'il me demande ça, j'essaye de parler mais à la place je fonds en larme. Adam n'a pas trop l'air de savoir quoi faire mais il vient me prendre dans ses bras et me laisse pleurer de tout mon saoul.

- Raconte-moi ce qu'il t'est arrivé. ; ça ressemblait plus à un ordre qu'autre chose mais je décide de tout lâcher sur cet enfoiré d'Evan.

Le reste de la journée, Adam est aux petits soins avec moi, je dois dire que ça me fait du bien de me confier à quelqu'un d'extérieur à mes études. On regarde la télé tandis que je sens mes yeux se fermer et ma tête se poser sur son épaule. Alors que je m'enfonce dans le pays des songes, j'ai l'impression d'entendre une voix qui me dit :

- Ne t'inquiète pas, je vais régler ça. 

Entre vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant