Entre vous

Chapitre 30

- Ça vous dit qu'on aille manger quelques part ce midi, c'est moi qui offre

Ils me regardent avec un regard pétillant

- Yessss t'es la meilleure Lizzie

- Merciiiiii Ellie

Nous nous dirigeons vers un petit café tous les 3, je compte leur parler là-bas, est-ce que je me suis dit qu'ils allaient être plus enclin à accepter si je leur paye à manger ? La réponse est oui.

Ils ne se sont pas fait prier pour commander la moitié de la carte ces 2 bâtards, il y a des pains, des pâtisseries, des omelettes, plusieurs sortes de fromages et j'en passe. En plus, ils s'amusent à faire leur diva dans le but de faire courir le pauvre serveur partout. J'inspire profondément et me lance :

- Je rentre chez moi demain, pour les vacances

Aussitôt leurs sourires s'effacent et leur visage deviennent neutre, Adam tente un sourire mais je peux voir à quel point il est affecté, Allison, quant à elle, n'essaye même pas de faire semblant et affiche un air dédaigneux qui me rappelle les débuts de notre rencontre.

- Ok, c'est normal de le passer en famille ; dit Adam.

Un silence pesant s'installe, les jumeaux continuent leur repas mais il n'y a plus aucune joie, leur mouvement sont plus rapide et plus dur, même le pauvre serveur se prend des regards de glace et n'ose plus s'approcher de notre table.

- Je suis désolé ; dis-je d'une petite voix.

- Désolé de quoi ? C'est tout à fait normal, on est capable de le comprendre, on n'est pas si con ; rétorque le jumeau.

Je m'avance un peu plus sur ma chaise et essaye de capter leur regard à tous les 2

- Je me suis dit que vous pourriez peut-être venir avec moi ?

Ils s'arrêtent de manger et froncent les sourcils, c'est de nouveau Adam qui prend la parole

- Venir où ?

- Bah chez moi, on fêterait Noël et le nouvel An tous ensemble ; leur dis-je d'un ton enjoué.

Un rire moqueur et froid sort de la bouche d'Allison, elle prend pour la première fois la parole et j'aurais préféré qu'elle se taise

- Sérieux tu nous vois débarquer dans ta famille de bourge ?

J'ai la sensation d'avoir été poignardée en plein cœur, je déteste son attitude et celle de son frère également, ce dernier me fait comprendre qu'il est d'accord avec ce qu'elle vient de dire. J'essaye tant bien que mal de garder contenance.

- Bien sûr que oui je vous vois là-bas

- Tu nous vois mettre des pulls de Noël, offrir des cadeaux, chanter des chansons stupides et taper la discute avec tes grands-parents dans la joie et la bonne humeur ? ; continue celle-ci.

- Je ne veux pas que vous soyez seul pour les vacances Ally

- T'as pitié de nous ? ; cette fois c'est Adam qui s'y met ; c'est pour ça que tu nous laisses loger chez toi sans loyer et que tu nous invites même à bouffer c'est ça ? Tu fais du bénévolat en fait

- Mais pas du tout, tu sais bien que ce n'est pas ça ; je sens les larmes venir mais j'essaye de les contenir.

- S'il y a bien une chose qui nous reste c'est notre fierté Elizabeth et je ne laisserai personne avoir pitié de moi, de nous, je préfère encore être à la rue à voler et casser des gueules

Ça y est, mes larmes se mettent à couler d'elles-mêmes, je ne comprends pas ce que j'ai fait de mal, ni leur colère qui me glace le sang

- Vous voulez savoir pourquoi je vous l'ai proposé ? C'est parce que moi je ne voulais pas être seule et que vous alliez terriblement me manquer pendant plus de 2 semaines ; je commence en reniflant ; et oui bêtement je me suis dit que vous n'aviez qu'à venir avec moi et qu'on allait bien s'amuser tous les 3 mais si vous préférez rester dans votre fierté débile alors tant pis pour vous

Je me lève et leur tend des billets

- Tenez c'est pour le repas, parce que c'était une invitation et pas de la charité

Et je me barre sans attendre de réponse, une fois sortie je pleure encore plus ce qui fait s'écarter les passants sur mon passage. Pourquoi tout doit être aussi compliqué, pourquoi il faut qu'ils soient si froids, dédaigneux et j'en passe, c'est si dur à comprendre que je les apprécie, c'est même plus que ça d'ailleurs et que je veuille les aider par simple altruisme ? Je sais bien que je n'ai jamais manqué de rien dans ma vie contrairement à eux, mais justement ça ne me coute rien de les aider en les hébergeant et en les aidant à avoir leur diplôme, en plus ils me sont bénéfique, bien plus qu'ils ne s'en doutent. Inconsciemment je me dirige vers la personne dont j'ai le plus besoin en ce moment, Marina.

J'arrive devant chez elle et sonne à la porte, celle-ci ouvre et en voyant mes yeux rouges et remplis de larmes elle ne dit qu'une chose :

- Qu'est-ce qu'ils ont encore fait ces 2 cons ?

 -        Mais qu'est-ce qu'ils sont nuls !!!

Je ne peux m'empêcher de sourire, je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans elle dans ma vie, elle continue :

- Non mais c'est vrai quoi, tu leur propose de venir passer les vacances chez toi parce que tu les kiffes et eux, ils te crachent à la gueule, ils ont de la chance que je n'ai pas été là sinon je les aurais encastrés dans le mur

Cette fois je rigole franchement

- Ah ah ah, j'aurais donné cher pour voir ça

- Tu vas faire quoi du coup ?

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Je rentre chez mes parents et tant pis pour eux

- Bien dis, ça c'est ma meilleure amie ! ; me dit-elle fièrement.

Je n'ai pas le temps de lui répondre, qu'on sonne à sa porte, elle se précipite pour ouvrir et que ne fut pas ma surprise en apercevant Fanny, un paquet de chips à la main

- On m'a appelé en urgence ; s'exclame-t-elle.

Je me tourne vers Marina, celle-ci fait un sourire complice à la nouvelle arrivante

- Tu l'as appelée ? ; je lui demande.

- Bien sûr tu as besoin de notre soutien à toutes les 2

Emue, je tends mes bras et elles viennent toutes 2 s'y blottir, puis se mettent de chaque côté de moi, toutes 3 couchées sur le lit de Marina. Je raconte tout à Fanny sans omettre le moindre détail.

- Ils ont toujours cette culpabilité face à toi

- Mais pourquoi ?

- Elizabeth, tu fais tellement pour eux et ils sont trop fier pour l'admettre, en plus ils n'ont jamais connu de famille stable, la perspective de se retrouver dans une maison avec des parents normaux pour les fêtes les effraye surement

- Mais eux aussi en font énormément pour moi

- Tu leur as dit ?

- Non et je ne suis pas près de leur reparler, ils ont intérêt à venir s'excuser

- Ouais ! ; me soutient Marina.

- Et s'ils s'en vont ? Si jamais ils partent pour de bon cette fois ? ; me redemande Fanny.

Je souffle, cette perspective me ferait énormément souffrir

- Alors je n'irai plus les rechercher, on ne peut pas aider quelqu'un qui ne veut pas l'être ; je dis d'une voix douce.