Je rentre chez moi avec appréhension, j'avance un pas dans l'entrée, puis l'autre et suis malheureusement obligée de constater qu'il n'y a personne. Qu'est-ce que j'espérais ? Qu'ils m'attendent tous les 2, la tête baissée, en s'excusant platement ? Oui je l'avoue. J'aurais voulu qu'on ait une conversation tous les 3, le genre de conversation où tout le monde se met à plat et ou on en ressort tous plus soudés que jamais. Aucune idée de l'endroit où ils pourraient être et je m'en moque après tout, du moins j'essaye. J'en ai marre de subir leur colère et leur sale caractère, je n'ai rien à me reprocher dans cette histoire.
Je vais dans ma chambre et commence à faire ma valise, je prends le plus de vêtements chauds possible, mon ordinateur, mes livres et tout ce qui me passe par la main. Mon train n'est que dans 1h, j'ai encore le temps de ranger le salon, même si mes colocataires vont probablement le dégrader sous peu, si tant est qu'ils reviennent, pensais-je ayant les paroles d'Adam encore en tête, « je ne laisserai personne avoir pitié de moi, de nous, je préfère encore être à la rue à voler et casser des gueules ».
Je remets ma nintendo switch en place, je pourrais la reprendre mais je sais à quel point ils aiment y jouer, alors je la laisse juste à côté de la télé.
Bien, j'ai attendu le plus longtemps que je pouvais, il est temps que je parte, j'essaye de ravaler l'émotion qui me submerge, ils savaient que je partirais aujourd'hui et pourtant ils ne sont pas là. Respire Elizabeth, tu n'as pas besoin d'eux pour vivre, tu es une femme forte et indépendante.
Arrivée à la gare, je monte dans le train et tente des petits regards à la fenêtre juste au cas où mais hélas nous ne sommes pas dans un film. Le train démarre et une larme coule le long de ma joue.
- Ah enfin notre puce est là !!!!
- Coucou papa, coucou maman
- Comment tu vas ? Et ces examens alors ?
- Laisse-la respirer Charles ; soupire ma mère.
- Mais oui, tiens donne-moi ta valise je vais la monter dans ta chambre
Une fois seule avec ma mère, je remarque son regard sur moi qui ne me lâche pas, elle a l'air de s'inquiéter.
- Tu vas bien Elizabeth ?
- Oui maman ça va
Elle n'a pas du tout l'air convaincue mais décide de me laisser tranquille, je monte les escaliers et retrouve enfin ma chambre qui m'avait tant manquée. Je me couche sur mon lit et mets de la musique en fond, au moins ça couvrira mes sanglots pensais-je tristement, comment est-ce que je vais pouvoir tenir 2 semaines ici, sans eux. D'habitude j'attends ces vacances avec impatience, mais aujourd'hui je me retrouve plus déprimée que jamais, un grand vide dans le cœur.
Déjà 3 jours que je suis ici et mon moral ne s'améliore pas, je reste constamment dans ma chambre, attendant que le temps passe. Mes parents s'inquiètent mais ne m'en font pas part, de peur de me braquer et de me voir me refermer telle une huitre comme je sais si bien le faire. Même parler avec Marina ou encore Fanny ne me fait pas autant de bien que d'habitude. Comment j'ai pu devenir accro à ces idiots insensibles ? Parce que oui, maintenant je n'ai plus aucun doute, je suis dépendante d'eux. J'ai l'impression d'être une de ces addicte qui dépérit lentement parce qu'elle n'a pas eu sa dose. Je ne veux pas leur envoyer un message, c'est eux qui m'ont blessée, c'est à eux de le faire. J'ai peur qu'ils soient partis pour toujours, j'ai dit aux filles que je n'allais pas les chercher si c'était le cas mais est-ce que je pourrais arriver à tenir cette promesse ? Stop arrête d'y penser, ils sont en train de faire des combats clandestins et se tapent des dizaines de filles en se moquant de toi et de ta naïveté, ils t'ont surement déjà oublié à l'heure qu'il est. Je ne dois pas me morfondre, ma tristesse et ma dépression doivent se transformer en colère, oui, je vais ressortir plus forte de cette épreuve.
Je me lève soudainement, j'ai bien fait d'amener mes vêtements de sport ici, je m'habille, descend les escaliers et annonce à mes parents, ébahis, que je vais faire un jogging. J'ai un pincement au cœur en pensant à Adam qui allait si souvent courir, stop n'y pense plus. Il fait très froid mais ça me fait du bien de prendre l'air et de me mettre en mouvement, mon corps réclamait sa dose de sport. Je croise plusieurs voitures mais c'est quand une moto me dépasse que je me sens plus vide que jamais, je m'imagine encore en train de rouler avec Allison derrière moi, me donnant des consignes et se moquant gentiment de ma lenteur. Mes jambes bougent plus vite et je me mets pratiquement à sprinter, portée par ma colère et ma tristesse.
Après avoir parcouru 4 km, je reviens chez moi complètement épuisée mais de meilleure humeur. Je file à la douche et me sens bien plus légère, je n'allais quand même pas me morfondre pour 2 sdf malpolis, c'est en sortant de la salle de bain que j'entends mes parents parler au re-de chaussée. Leurs voix sont formelles comme s'ils parlaient à quelqu'un d'autre, on a des invités ? Je n'ai pas entendu la sonnette pourtant.
- Elizabeth, tu peux venir ? ; m'appelle mon père.
Je descends tranquillement les escaliers et manque de peu la crise cardiaque en voyant la scène devant moi. Mes parents, mal à l'aise, sont tournés vers moi, un air interrogateur sur le visage et derrière eux se trouvent ceux qui ont hantés mes pensées pendant les 3 derniers jours, ces satanés jumeaux. Ils sont parfaitement détendus et ont chacun leur sac en main.
- On accepte ta proposition pour finir, Lizzie ; me sourit Adam d'un air entendu.
- Apparemment tu les as invités ; m'interroge mon père.
Je suis bouche bée, mais quel culot, ils sont là comme si de rien n'était alors que moi ça fait des jours que je déprime en m'imaginant les pires choses possible. En plus s'ils m'avaient prévenu, j'aurais bien entendu, avertis mes parents et les aurait préparés à cette arrivée mais là je suis complètement prise de cours.
- Tu les connais hein ? ; me demande ma mère, surement prête à appeler la police au moindre mouvement suspect.
Je pourrais faire comme si je n'avais aucune idée de qui ils sont, ils le méritent un peu dans le fond mais je suis, malgré tout, touchée de les voir dans mon salon, leur sac à la main, prêts à passer les fêtes avec moi alors qu'ils auraient pu rester dans mon appartement et faire la fête.
- Hum oui oui, ce sont mes amis hum, je les avais invités mais ils m'avaient dit que ça ne les intéressait pas ; je leur fais les gros yeux en essayant de dégager le plus de haine possible.
- On a changé d'avis, on a même fait des biscuits de Noël, pour vous remercier de votre hospitalité ; dit Adam d'un air charmeur en tendant une boîte de biscuit à ma mère.
Allison se contente d'afficher un grand sourire qui fait un peu peur, ils ont surement convenu ensemble que c'est le frère qui allait parler vu que celui-ci est bien plus doué pour se montrer sympathique. J'interroge mes parents du regard, ils sont un peu déboussolés mais comme c'est la première fois que j'invite des amis, ils font rapidement étalage de leur hospitalité légendaire.
- Bon eh bien vous pouvez monter vos affaires et bienvenue chez nous, on est ravis de rencontrer les amis de notre fille
Les jumeaux affichent un grand sourire victorieux et je leur fais signe de monter à l'étage avec moi, jusqu'à ma chambre. Une fois à l'intérieur je ferme violement la porte, je ne vais pas les louper, ça c'est sûr.
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Entre vous
RomanceElizabeth est une jeune étudiante studieuse et renfermée, sa vie parfaite et bien orchestrée va se retrouver bouleversée quand elle va empêcher le suicide d'un jeune homme à l'allure dangereuse et au passé sombre. Elizabeth découvrira par la suite...