Chapitre 8

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Aujourd'hui ça fait 2 semaines qu'il est parti, 2 semaines à devoir supporter ce silence que j'aimais pourtant tant avant. Il n'est resté que 12 jours chez moi mais quand je me lève le matin j'ai toujours l'impression qu'il est sur mon canapé, sa musique de rap si agaçante me manque, comme le fait de le voir effectuer ses exercices de musculation à n'importe quelle heure de la journée.

Je n'arrête pas de repenser à ce qu'il s'est passé juste avant qu'il ne parte, quand il m'a dit qu'il n'avait aucun ami j'aurais dû le contredire, il m'avait moi et j'aimerais croire qu'il me considérait comme son amie. J'aurais dû le réconforter au lieu de ne pas lui adresser la parole, peut-être qu'il a cru que j'avais eu peur de lui, du fait qu'il a envoyé quelqu'un dans le coma ou qu'il cachait un couteau chez moi et était prêt à s'en servir. Tant de regrets et maintenant il est parti, il a bouleversé mon monde pour me laisser toute seule. Il m'avait donné son numéro de téléphone et je lui ai envoyé plusieurs messages qui sont restés sans réponses, je ne veux pas non plus le harceler ça n'a jamais été mon genre d'être collante, si quelqu'un ne veut plus de moi alors je le laisse s'en aller.

Même Marina a remarqué que je déprimais en cours alors je lui ai tout raconté sur Adam, elle essaye de me faire sortir pour me changer les idées mais je n'ai jamais aimé ça. Et pour ne rien améliorer, après la confrontation entre Adam et Evan (plutôt l'humiliation d'Evan) à la sortie des cours, tout le monde pense que je sors avec lui. Les filles viennent me demander des détails sur notre relation, ce à quoi je réponds de manière floue. Le point positif c'est que les garçons ne viennent plus me draguer et les plus peureux ont même peur de me regarder dans les yeux, je dois avouer que c'est agréable d'avoir la paix.

Avant de m'endormir je vais vérifier pour la énième fois sur internet qu'il n'y a pas eu de suicide dans la région, c'est devenu mon rituel. J'ai cette angoisse qui ne me quitte pas, statistiquement une personne qui tente d'atteindre à sa vie a beaucoup de chance de recommencer et maintenant que sa jumelle l'a repoussé pour de bon je crains le pire pour mon ancien colocataire. La seule personne qui pourrait le retrouver c'est bien elle mais étant donné son caractère, je n'ai pas l'impression qu'elle acceptera, surtout si c'est moi qui lui demande, elle m'a bien fait comprendre qu'elle ne me portait pas dans son cœur. Mais si je lui dis qu'il y a un risque que son frère se suicide ? Non je n'oserais jamais me pointer dans cet endroit toute seule de tout façon.

On est lundi, je suis en train de suivre mon cours de psychologie de l'enfance et le prof nous montre un film mettant en scène 2 bébés jumeaux, 1 garçon et 1 fille. Ils sont tranquillement en train de jouer avec des peluches quand le garçon vole la peluche de la fille, elle tire dessus pour le récupérer, tout comme son frère. Les 2 bébés sont en train de pleurer et de tirer sur le doudou quand leur mère arrive, elle les réprimande, rend la peluche à sa fille et en montre une autre à son fils. Les enfants ont retrouvé le sourire jouant ensemble et rassurés d'avoir leur maman tout près d'eux.

Cette vidéo me rend triste, je ne peux pas m'empêcher de penser à Adam et Allison, eux n'ont même plus de maman pour les guider et les réconcilier, les paroles d'Adam me reviennent en tête je n'ai personne qui se soucie de moi. Me sentant nauséeuse je me lève et quitte discrètement le cours pour aller me rincer le visage aux toilettes. Dans le miroir, je vois mes grands yeux bleus qui me fixent, accusateur, ils ont l'air de me dire : tu ne fais rien espèce de lâche. Mes jambes se mettent à bouger toutes seules, je quitte le bâtiment et suis bien décidée à me rendre à l'endroit au centre de mes cauchemars.

Je suis enfin arrivée, qu'est-ce que je fais ? Je sonne ? Je demande à parler à Allison ? Non je vais attendre devant, un peu cachée, qu'Allison passe et puis j'irai directement vers elle. Je le reconnais, ce n'est pas le plan le plus courageux mais je suis déjà très fière d'être arrivée jusqu'ici.

Ça fait 2 heures que je suis derrière un buisson à guetter sa venue, j'ai déjà vu plusieurs résidents sortir et rentrer mais toujours pas ma cible, je commence à avoir très soif et je dois faire pipi. Aucun plan n'est parfait me direz-vous ! Mon attention est sur une coccinelle posée sur ma main quand j'entends un cri de femme. Je tourne rapidement la tête et j'aperçois 3 voyous, 2 garçons et 1 fille, qui attaquent une pauvre passante et tentent de lui voler tout ce qu'elle a. Sans réfléchir je cours dans leur direction et m'apprête à faire la chose la plus courageuse et stupide que j'ai jamais faite. Je me dirige vers le garçon le plus proche de moi et lui assène un coup de poing dans lequel j'y ai mis toute ma puissance, c'est-à-dire pas grand-chose. Au moins l'effet de surprise est de mon côté, les voyous se désintéressent de la passante et me regardent avec étonnement, ils n'ont surement pas l'habitude de se faire attaquer. Bon, là je suis dans de beaux draps, j'ai fait 1 an de karaté dans ma jeunesse alors j'essaye de me remémorer tout ce que j'ai appris et me met en position d'attaque. Je me prends un coup de poing dans le ventre sans que je n'aie rien vu venir et me retrouve à terre, le souffle coupé. Je me protège la tête comme je peux, prête à recevoir le prochain coup mais rien ne vient, à la place je vois un de mes agresseurs à terre, les 2 autres se tournent vers une silhouette que je ne reconnais que trop bien : des tatouages et des longs cheveux noirs, Allison.

- Putain qu'est-ce que tu fous ? C'est elle qui nous a attaqué

- Rien à foutre, en plus Sam vous a déjà dit de pas racketter les gens juste devant le bâtiment, vous avez de la merde dans le cerveau ou quoi ? ; répond ma sauveuse.

Les 3 brutes se soumettent et quittent les lieux, en grommelant. C'est vrai qu'ils n'ont pas l'air d'être les couteaux les plus aiguisés du tiroir. Je cherche du regard la jeune femme qu'ils ont tenté de voler mais ne la trouve nulle part, elle a probablement dû s'enfuir profitant de ma diversion. Très sympa pour moi en tout cas ! Mes ennuis ne sont pas terminés parce qu'Allison s'avance vers moi, son regard est moins méprisant que la dernière fois et elle a même l'air un peu impressionnée. Au moins je l'ai trouvée !

- Qu'est-ce que tu fous là, la bourge ?

Entre vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant