Chapitre 8 : Un amour impossible 1/2

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Avertissement : Ce chapitre contient des scènes de violences explicite et est destiné à un public averti (18+)

Point de vue d'Emilie

                           *

Sept ans auparavant :

Le royaume de Davallion, autrefois paisible, avait sombré sous la poigne de fer du Dominion de Gasiria. J'avais grandi dans une contrée où tout s'était effondré. La guerre avait envahi chaque recoin de Davallion, et j'étais là, au milieu de ce chaos, témoin de la lente agonie de notre peuple. Les commerces, qui faisaient la fierté du royaume, n'étaient plus que ruines. Chaque jour, je découvrais de nouvelles traces laissées par les combats : des maisons incendiées, des rues désertes, et ce silence lourd, l'absence poignante de ceux qui ne reviendraient jamais.

Les Gasiriens… Rien que d’entendre ce nom me glaçait le sang. Ils n'étaient pas seulement horribles pour leur férocité au combat, mais pour une cruauté sans bornes. Leur pratique de l'esclavage était redoutée dans tout Mesilfa. Ce qui me terrifiait par-dessus tout, c'était le Narfiom, cette substance effroyable qu’ils utilisaient. J'avais vu de mes propres yeux ce qu’elle provoquait : ils prenaient leurs captifs, souvent de simples prisonniers ou des pauvres âmes , et les transformaient en monstres. Des créatures au pelage dense et aux crocs tranchants, qui ressemblait à des loups bipèdes . Quand ils surgissaient sur le champ de bataille, c'était la mort et la sauvagerie incarnées. Même les soldats les plus aguerris reculaient en les voyant approcher.

Dans ce carnage sans précédent, Gaëtan Sevré, le second commandant, était l'un des rares à garder son sang-froid malgré la situation. Il avait persuadé le roi Eunart de prendre une décision inimaginable : enrôler de force tous les jeunes garçons du royaume, surtout les plus marginaux. J'avais vu des familles entières brisées par cet ordre. Les pleurs des mères, les protestations des pères… Mais personne n’avait vraiment le choix. Le royaume tenait à peine debout, et chaque bras comptait.

Pendant ce temps, Rayvan Naark, le conseiller du roi, prenait un autre chemin, encore plus sinistre. Il menait des expériences secrètes dont peu connaissaient les détails. Les rumeurs parlaient d'un gaz étrange, extrait de vers mutants, qu'il testait sur ces jeunes cobayes pour en faire des guerriers invincibles. Je n'arrivais pas à croire que nous en étions arrivés là. Même le roi semblait incertain face à de telles méthodes. Mais Rayvan, avec son ton froid et détaché, éludait les questions gênantes en invoquant sans cesse la nécessité de sacrifices pour sauver le royaume.

Je me demandais : à quel prix pouvions-nous espérer gagner cette guerre ? Et que resterait-il de Davallion, de notre humanité, une fois le conflit terminé ?

                            *****
Trois années s’étaient écoulées depuis que la guerre avait dévasté nos vies. Contre toute attente, une lueur d’espoir se dessinait : Davallion et le Dominion étaient enfin parvenus à une trêve. Épuisés par les combats, le roi et le dominus avaient signé un accord. Gasiria nous livrait une de leurs créatures les plus redoutables, capturée chez eux, et s’engageait à interdire l’usage du Narfiom. Une victoire, certes, mais elle me laissait un goût amer.

Le roi Eunart, mon tuteur depuis la mort de mes parents Raymond et Isabelle Narbic, avait fait une promesse qu’il n’aurait jamais dû : m'offrir en contrepartie. Fille de son cousin défunt, on m’avait destinée, à dix-sept ans, à épouser un homme que je n'avais jamais rencontré, le comte Marcel Serphija, frère aîné du dominus de Gasiria. Un homme malade et vieillissant, de soixante-sept ans. Mon cœur se révoltait face à cette injustice, mais je n’avais pas le droit de refuser. J'étais devenue un vulgaire pion dans leur jeu de paix, une promesse pour stabiliser un avenir qui n’était pas le mien.

Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant