Mes écrits

Texte 3.

J'étais une fille paraissant normale, mais se détachant à sa façon de la foule et de la normalité. Etrange parmi les étranges. Haïssant ses semblables, maudissant ses différences. Chérissant son étrangeté et tâchant de se fondre au bloc. J'étais l'océan, la tempête, je rugissais de l'intérieur, explosant comme le volcan le plus puissant. Les gens ne voyaient qu'une enfant joyeuse et souriant aux plaisirs futiles. Je bâtissais mon armure lors des nuits les plus sombres, taillant de mes larmes le masque aux yeux pétillants. Les reflets teintés de haine offraient l'amour, et le désespoir pleurait de la joie. Tel un loup solitaire, je mordais durement, mais camouflant la noirceur derrière un rire aux sonorités faussement cristallines. Les dents aiguisées, je déchirais les peaux de mes mots, sourires anesthésiant leur réception. Mes proches étaient lointains, et je me moquais en silence de leur croyance d'existence. Je détruisais tout des autres, broyant dans mes poings jusqu'aux regards de compassion et de gaité. Chaque pas assuré me faisait trembler, mais je m'obstinais à avancer, à bâtir de mes mains nues cette armure autour de mon cœur. Alors je souriais de toutes mes dents blanchies au mensonge, me délectant, refusant de m'arrêter. Un à un, je les écartais, laissant la douleur m'épauler. Pas besoin d'humanité, de paroles toutes prêtes à déballer, puisque la souffrance m'écoutait. La noirceur se rependait en moi tel un poison guérisseur, me réchauffant comme personne auparavant. J'étais encore présent, je vivais de ces entailles. J'étais guérie de moi, de ces sentiments qui m'étouffaient. 

  A présent, je suis le vide des conversations et le frisson en pleine canicule. Je suis l'improbable et l'invisible. Là, en moi, la mort a pris vie, comblant ce qui fuyait sans cesse. Je suis partie, tout comme la vie. Et sous cette armure, dans le cœur immobile, celle que j'étais se brise, poussiéreuse et oubliée. Il ne me reste qu'à l'imiter, qu'à partir pour enfin me retrouver.

RenesmeeEaton4