Chapitre 12 - Lilly Anna

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Le père de Colson est ... adorable. Une petite cinquantaine, son ventre proéminent, sa barbe et ses cheveux blancs lui confère cet aspect très "Père Noël" et donc attendrissant. La maison des Fields est petite, on est vite serré dans l'entrée et son père nous invite à entrer dans la salle à manger qui ne peut guère accueillir plus d'une dizaine de personnes. Pourtant, je me sens bien mieux ici en quelques minutes, que toute une vie dans le manoir de mes parents. 

Une petite femme rondelette aux cheveux autrefois aussi brun que ceux de son fils arrive en trottinant, un tablier et des gants de cuisine à la main.

— Vous voilà en fin les enfants. Bienvenue Lilly Anna. Tu peux m'appeler Trudy.

Elle embrasse ma joue et me prend Jenna des bras pour la bercer contre son cœur. Je me fige une seconde, son attitude est maladroite mais je comprends vite qu'elle est juste très heureuse de nous recevoir et qu'elle adore les bébés. La douceur de ses gestes m'attendrissent aussi vite que Kenny tout à l'heure.

— M'man, tu peux pas prendre le bébé comme ça, s'emporte Colson en voyant mon expression.

— Oh pardon pardon. Je ne voulais pas vous...

— Il n'y a aucun problème Trudy, je les coupe. Jenna vous adore déjà. Merci de nous recevoir. 

— J'adore les bébés, m'avoue t elle avec une moue adorable. C'est un vrai plaisir de vous recevoir. Faites comme chez vous. J'ai presque terminé. 

Elle me tend ma fille qui regarde le chapeau de Kenny avec envie. Il le remarque et approche sa tête, elle s'en saisit et commence à le manger avec avidité ce qui nous fait tous rire.

— La dinde qui est dans le four sera bien meilleure que celle là, rigole le père de Colson. 

Kenny tend les bras vers ma fille dans une interrogation silencieuse. Je lui tends mon bébé qu'il cale contre son bras puissant et joue avec elle en lui faisant visiter la petite salle à manger. 

— Ca va? me murmure Colson.

— Ils sont adorables.

Il m'offre ce sourire en coin qui me fait de plus en plus craquer et mon cœur s'emballe en fixant ses lèvres. 

— Tu as grandit ici? je demande en regardant autour de moi.

Des photos de Colson à différentes étapes de sa vie sont accrochés au mur ainsi que celle d'une jeune fille, surement sa sœur.

— Oui. Mes parents ont acheté cette maison quand j'avais 3 ans. Ils m'ont eue très tôt, ils avaient tout juste 18 ans quand ma mère est tombée enceinte.

— Et oui, le bébé désiré ici, c'est moi, claironne une voix derrière lui.

— Chloé, souffle t il avant de serrer l'ado dans ses bras. Ma petite sœur, légèrement égocentrique, Chloé. Je te présente L.A. et sa fille Jenna.

Elle me serre dans ses bras avant d'embrasser le front de ma fille.

— Sois pas jaloux frangin. On sait tous les deux que c'est moi la préférée, lance t elle en lui envoyant un baiser imaginaire.

Colson ricane en secouant la tête. J'observe cette famille si unie, complice et pleine d'amour et je ne peux m'empêcher de penser à la mienne, inexistante, sans compassion ni empathie. 

— Alors comme ça toi et Colson? claironne Phil en haussant ses sourcils de façon suggestive. 

Je comprends qu'il me taquine quand je vois les regards outré des Fields tout autour de la table.

— C'était le seul moyen pour squatter ici aujourd'hui, je lui avoue avec un clin d'œil. Toi aussi tu as dû passer à la casserole? je lui demande avec un sourire exagéré.

Tout le monde éclate de rire et Phil me tend une main que je viens frapper volontiers. 

— Je l'aime bien, conclut il. 

On s'installe autour de la table ovale alors que Kenny commence à servir l'apéritif. Installée entre Trudy et Colson, Chloé face à moi ne cesse de me jeter des coups d'œil. Les discussions vont bon train et l'ado finit par lâcher la question qui lui brûle les lèvres depuis un moment de toute évidence.

— Tu n'es plus avec le Papa de Jenna?

— Chloé, s'indigne sa mère.

— Bah quoi? Si on peut même plus poser de questions.

— Jenna n'a pas de Papa, je lui explique. Juste un géniteur incapable et lâche. 

— Ah ... Bah tu vois, elle a répondu, dit elle à sa mère qui soupire de désespoir.

 La sonnette de la maison retentit et tous les Fields se regardent surpris, apparemment ils n'attendaient personne d'autre. Personne ne bouge et la porte s'ouvre. Une brune élancée aux yeux ambrés un peu trop maquillés entre dans la pièce sans y avoir été invité. Magnifique et sûr d'elle, son parfum embaume la pièce me donnant rapidement la migraine. Elle ressemble un peu à ma mère, hautaine et arrogante.

— Désolée, je suis un peu en retard, chantonne t elle. 

Un silence écrasant se fait dans la pièce et perdue je me tourne vers Colson qui la dévisage blême.

— Chloé, va donc me chercher une chaise ma chérie.

La jeune fille ne bouge pas et la fusille du regard. 

— Qu'est ce que tu fais là? tonne Colson.

— Je suis venue fêter Thanksgiving avec toi mon chéri, enfin, c'est ce qui était convenu depuis des mois.

Mon chéri? Je crois que j'ai la nausée. Alors il a quelqu'un dans sa vie, mais évidemment! Qu'est ce que j'ai bien pu m'imaginer?! Je me sens tout à coup terriblement mal à l'aise.

— Ce genre d'invitation est automatiquement annulée lorsque l'on rompt, lui fait remarquer Colson.

Ouf, je respire à nouveau.

— Ne dis pas de bêtise, tu ne vas tout de même pas me laisser seule un jour pareil. On s'entend bien toi et moi, non? 

— Non, pas vraiment, je l'entends marmonner à ma droite. 

Trudy se lève et l'installe entre Chloé et Kenny, juste en face de Colson. Je ne l'ai jamais vu aussi tendu. Et son ex petite amie ne semble pas en être gênée le moins du monde! Ses parents sont bien trop gentils et bienveillants pour avoir le courage de la mettre dehors et Colson ne semble pas vouloir faire d'esclandre, ce que je peux comprendre. 

Pour ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant