Pour Elle

Chapitre 3 - Colson

— Sacré tigresse ton étudiante, se marre Phil après que je me sois fait rembarré.

— Ferme là.

On se dirige vers un restaurant près du campus. Phil me raconte son dernier coup d'un soir alors que je repense à cette jeune femme. Je l'ai peut être mal jugé tout compte fait. C'est vrai qu'elle n'avait pas fière allure, elle était très pâle et ne semblait pas dans son assiette. J'ai mis ça sur le compte d'une soirée étudiante mais je me trompe peut être. Si je ne lis pas le dossier de mes élèves c'est justement pour m'éviter ce genre de comportement. Juger sans savoir. On ne peut pas juger une personne sur ses erreurs passées et je n'aurais pas dû me comporter ainsi avec elle. 

— Tu m'écoutes pas là? Tu te rends compte qu'elles étaient jumelles?! 

— Phil .. tu ... j'ai même pas de mot pour te décrire. 

—  Ah ah voilà! Je savais bien que tu ne m'écoutais pas! Si je m'étais envoyé en l'air avec des jumelles, tu penses bien que je t'aurais appelé dans la foulée, se marre t il.

— Je t'en supplie, non, ne fait pas ça, jamais.

Je grimace rien qu'à l'idée d'avoir un compte rendu pareil. Phil est incorrigible. Célibataire endurci, il passe son temps à voguer de femme en femme sans jamais s'attacher. Nous sommes totalement différent sur ce point. J'ai toujours voulu fonder une famille, me poser, trouver la femme de ma vie. Je ne suis pas très doué pour ça, je vous l'accorde, mais il n'empêche que c'est ce à quoi j'aspire.

— Plus sérieusement. Comment tu te sens?

Aussi cinglé soit il, il est l'homme le plus fidèle et le plus sincère que je connaisse. Je sais que je peux compter sur lui à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Il s'amuse à me taquiner avec mes étudiantes, mais au fond je sais qu'il est là pour s'assurer que je vais bien.

— Ca va. En faite, je crois que c'était finit depuis longtemps.

— Tu es sur que ça avait commencé?

— Phil, je râle en levant les yeux au ciel.

— Non, mais c'est vrai quoi! Vous étiez tellement différents. 

— Ouais, je sais pas trop pourquoi j'ai voulu continuer ainsi si longtemps. Peut être parce que je suis lassé de chercher. 

— Laisse la femelle venir à toi mon biquet. Regarde ne serait ce que ton amphi et je suis sûr que tu peux déjà assurer une douzaine de soirées agréables.

— Ouais et perdre mon job. Merveilleuse idée. 

— Ah je savais que c'était la seule et unique raison, s'extasie t il. 

Je me marre avec lui le temps de ma pause déjeuner avant de retourner en cours pour le reste de l'après midi. Je suis tenté de lire le dossier de Mlle Monroe mais je sais que c'est une mauvaise idée. J'ai déjà merdé avec mon comportement de ce matin, si je rajoute des spéculations sur ses actions passées, ça risque d'être pire. Pourquoi je pense encore à cette histoire d'ailleurs? 

Je passe ma soirée à corriger mes copies. Le niveau est plutôt bas cette année, je vais devoir reprendre certaines bases non acquises pour avancer convenablement le reste du semestre. Cela me surprend guère, le professeur que je remplace est parti à la retraite. C'est toujours comme ça ... la dernière année, ils n'en n'ont plus rien à faire et se contente de donner leur cours sans se préoccuper de ce qui est compris ou non. Ce n'est pas ma vision de l'enseignement et je compte rattraper ça rapidement.  

Le lendemain, j'attends mes étudiants de pied ferme. J'ai passé la soirée à réorganiser mes cours pour combler leurs lacunes. Quand la pimbêche d'hier s'approche de mon bureau, je me concentre de toutes mes forces pour ne pas l'envoyer paitre. 

— Bonjour, Monsieur Fields. 

— Mlle Morrison.

— Je me demandais si vous donniez des cours .. particuliers, roucoule t elle.

Penchée sur mon bureau, j'ai une vue prenante sur son décolleté mais je m'efforce de garder un visage neutre et mes yeux dans les siens.

— Il est certain que vous en avez grand besoin Mlle Morrison. Mais il faudra vous trouver quelqu'un d'autre. Maintenant allez vous asseoir je vous prie.

— Tout ce que vous voudrez, dit elle en léchant ses lèvres.

Oh c'est pas vrai! Je ne vais jamais m'en débarrassé de celle ci! Je devrais peut être appeler Phil, c'est tout à fait sa came. Je me lève pour fermer la porte quand Mlle Monroe apparaît essoufflée. 

— Un nouvel imprévu j'imagine?

— En faite c'est toujours le même ... imprévu. Et il risque de perduré quelques semaines, dit elle tout sourire. Mais je veillerai à le décaler dès que possible Mr Fields. Je ne manquerai vos cours pour rien au monde. 

Je lève les yeux au ciel avant de la laisser entrer. Comme hier elle s'installe au premier rang. Elle semble moins fatiguée et son sweat n'a pas de tâche douteuse aujourd'hui. Elle surprend mon inspection et lève un sourcil. Je me détourne et commence mon cours en évitant soigneusement de la regarder.  

Le reste de la semaine se passe sans accroc en dehors de Julia qui revient à la charge à chaque cours. Quand enfin vient le weekend, je dois affronter la tempête Carole qui a décidé que nous avions encore de "merveilleuses choses à vivre tous les deux", d'après ses dires. 

— Je ne t'aime plus, ok? 

— Alors, j'avais raison, hein? Tu couches avec l'une de tes étudiantes?

—  Je ne couche avec personne Carole et même si c'était le cas, je n'aurais pas de compte à te rendre. Toi et moi on est séparés, point. 

— C'est parce que je ne voulais pas d'enfant? Je peux changer d'avis si c'est ça qui te manque.

— Purée, mais tu es complétement névrosée ma parole! Tu es égoïste, narcissique et si jalouse que tu étais à deux doigts de me foutre un GPS au cul. Et tu crois que je veux faire un bébé avec toi?! Rends toi à l'évidence, merde! On a rien en commun, on aurait jamais dû rester ensemble si longtemps. Maintenant, c'est terminé alors va de l'avant.

Je me déteste d'être si dur avec elle, mais la vérité? C'est que je ne m'en débarrasserai jamais tant qu'elle ne me considérera pas comme la pire des ordures. J'hésite même à lui mentir et lui dire qu'effectivement je couche avec quelqu'un, ça arrêtera peut être ses pleurs ridicules et forcés.

— Tu n'es qu'un connard Colson, crache t elle avant de quitter mon appartement en claquant la porte.

Merci mon Dieu.