J'attends sur le parking près de la voiture de Colson. Toby me rejoint rapidement et me lance ce sourire malsain malgré ses blessures. Colson n'y est vraiment pas allé de mains mortes.
— Alors comme ça tu baises avec les profs maintenant? articule t il avec difficulté.
— Qu'est ce que tu veux Toby? je crache.
— Je te l'ai dit. Je veux le reconnaître.
— Le? C'est une fille, tu as déjà oublié? Pourquoi tu voudrais la reconnaître alors que tu cries à tout va que je suis une traînée qui ne connait pas le géniteur de ma fille.
— Peu importe pourquoi je veux le faire. Je t'avais prévenu.
Je lui balance un papier qu'il déplie avant d'en lire le contenu.
— Tu veux être son père, alors vas y, je t'en prie. Ca ce sont les frais de son hospitalisation du mois dernier. Ca c'est la facture des couches et du lait pour ce mois ci, et ça, je dis en fourrant un peu plus de papiers à chaque fois dans ses bras, c'est le montant des visites pédiatriques obligatoires et .. voilà la facture de la babysitter et ..
— C'est bon, j'ai compris, hurle t il. Tu veux du fric c'est ça?
— Je ne veux absolument rien de toi Toby!
— C'est mon père qui m'oblige à la reconnaître, m'avoue t il. Il menace de me couper les vivre si je n'assume pas, se plaint il.
Cette fois je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. Je vois Colson arriver au loin mais il faut que ça sorte.
— J'ai passé une année entière à travailler comme une dingue pour économiser assez d'argent pour avoir le luxe de voir ma fille grandir et subvenir à ses besoins. J'ai vendu tout ce que je possédais pour être sûr de pouvoir finir mon année, obtenir mon diplôme et la voir s'épanouir sous mes yeux. J'ai dû vivre cette grossesse toute seule, j'ai accouché toute seule, j'ai pleuré pendant des jours toute seule parce que tu es un incapable. Alors va te faire foutre Toby. Toi et tes états d'âmes allez vous faire foutre. Je n'ai même pas pu payer la facture d'hôpital de ma fille et ma propre mère m'a rit au nez quand je lui ai demandé de l'aide. Alors si tu crois que je vais te laisser mettre ton nom au côté du sien sous prétexte que tu ne veux pas perdre ton train de vie après m'avoir lâchement abandonné tu peux aller te faire voir.
— Je vais t'aider pour les factures et ...
— Mais je ne veux pas de ton aide, je hurle. Oublie nous.
Je sens des larmes de rage dévaler mes joues et des étudiants nous observent au loin mais je m'en moque. Je n'en peux plus, je veux juste qu'il me laisse tranquille. Colson vient poser sa main dans mon dos.
— Tu devrais partir, lui conseille t il.
— Toi et lui? demande Toby.
— Ca ne te concerne pas Toby. Tu n'as plus le droit de poser cette question depuis longtemps déjà.
Il hoche la tête et se décide à partir. Je suis à deux doigts de m'effondrer mais Colson resserre sa prise autour de ma taille.
— Viens, je te ramène, souffle t il.
En mode automatique, je m'installe dans la voiture et remonte à mon appartement. La baby-sitter s'en va dès mon arrivée et j'embrasse ma fille que je serre contre mon cœur. Je la repose dans son parc et vais chercher la trousse de premier soin. Colson est resté dans l'entrée comme s'il n'osait pas approcher.
— Viens, je l'invite.
Il s'installe sur le canapé et je m'assois sur la table basse face à lui. J'imbibe un coton de désinfectant avant de tamponner sa lèvre qui a déjà doublé de volume. Il ferme les yeux quand le produit entre en contact avec sa plaie. Une fois fait, je vais chercher un paquet de petit pois surgelés que j'applique sur sa lèvre. Nos jambes se frôlent et son contact m'électrise malgré les vêtements qui nous sépare.
— Tu n'aurais pas dû faire ça, je murmure.
Il pose sa main sur ma joue, je ferme les yeux savourant son contact et mes larmes redoublent. Son front vient rencontrer le mien avec douceur et son souffle chaud caresse mes lèvres.
— Pourquoi tu pleurs L.A.? Parle moi.
Je n'y arrive pas, la vérité c'est que j'aimerais que tout s'arrête. Les factures s'accumulent, les cours s'intensifient et je n'arrive plus à suivre. Je dors à peine 4 heures par nuit et je n'intègre rien aux cours dans lesquels j'excellais avant.
— Salut, coloc' d'amour. Ca été ce matin? chantonne Damia depuis l'entrée.
Colson s'écarte de moi et j'essuie mes joues avec ma manche. Je me relève et elle comprend à la seconde où elle pose ses yeux sur moi.
— Je vais vous laisser, suggère Colson.
Il sort et je ne l'en empêche pas même si le vide qu'il laisse dans la pièce m'oppresse.
Damia tente de me réconforter en vain. Je suis épuisée, physiquement, psychologiquement et émotionnellement. Je me bats contre la Terre entière depuis trop longtemps et même si j'aime ma fille plus que tout au monde, tout ce que j'aimerais en cet instant, c'est m'endormir et ne jamais me réveiller.
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Pour Elle
RomansColson est heureux de cette prise de poste dans cette nouvelle université. C'était sans compter cette jeune femme aussi surprenante que mystérieuse. 6 ans qu'il s'efforce de maintenir une distance raisonnable entre lui et ses élèves mais qu'en sera...