Pour Elle

Chapitre 14 - Lilly Anna

On déjeune tranquillement et Jenna commence à peser sur mon bras. 

— Viens, je vais la prendre que tu puisses manger, me propose Colson.

Je surprends le regard attendri de sa mère lorsque je pose mon bébé dans ses bras. Elle somnole et ne tarde pas à s'endormir contre lui. Il la regarde avec tendresse et j'ai du mal à me détourner du tableau qu'ils m'offrent.

— J'ai ressorti le lit parapluie dans ta chambre chéri. Si vous voulez aller la coucher.

Colson m'interroge du regard et je remercie sa mère avant de le suivre à l'étage. Un couloir étroit mène à 4 pièces, il se dirige vers la porte au fond à droite et je découvre sa chambre d'adolescent.  Des posters de groupes de rock que je ne connais pas jonchent les murs. Un petit lit parapluie trône au milieu de la pièce avec une turbulette au motif papillon. Sa mère a tout prévu. J'installe ma fille endormie sur le lit et commence à la changer. 

— Tu es vraiment très jolie, murmure t il dans mon dos.

Je sens mes joues chauffées et n'ose pas le regarder. Je remets le collant de ma fille en place et la pose dans le lit. Je zippe la turbulette et caresse son visage paisible. 

— Tu es plutôt bien conservé pour ton âge, je le taquine. Malgré ta calvitie.

Il me regarde horrifié avant de vérifier ses cheveux dans le miroir dans son dos. Moi, je pouffe. 

— Ca t'amuse? râle t il.

— Quoi? je demande innocente. Je suis sûre que tu avais une rangée de cheveux supplémentaires par ici à la rentrée, je dis en frôlant son front. 

Il enroule ses doigts autour de mon poignet et s'approche de moi les yeux brûlants. Je recule et mon dos bute rapidement contre le mur. Il est proche, beaucoup trop proche. Mon cœur s'emballe, ma respiration s'accélère. 

— Tu me trouves vieux, Lilly Anna? me demande t il la voix rauque.

— Ca dépend pour quoi, je souffle.

Ses doigts abandonnent mon poignet et viennent caresser ma joue avec douceur. Ses yeux dérivent dangereusement vers mes lèvres quand une voix nous parvient.

— La loi interdit de faire un bébé à proximité d'un autre bébé bande de cochons.

Je regarde le babyphone posé sur la table de nuit avec horreur. 

— Je vais le tuer, conclut Colson en s'écartant de moi. 

Il m'abandonne dans la chambre et je mets quelques minutes à retrouver mes esprits. Qu'est ce qu'il s'est passé exactement? Rien du tout. Qu'est ce qui se serait passé sans l'intervention de Phil? Rien du tout, évidemment! Je vérifie une dernière fois que Jenna est bien installée puis la laisse et redescends dans la salle à manger. Personne ne fait allusion à ce qui aurait pu se passer et j'aide Trudy à débarrasser. 

— Tu as besoin de quelque chose pour la petite? me demande t elle avec douceur.

— Non, c'est parfait. Merci, vraiment, pour tout. Vous êtes tellement gentils.

— Oh, c'est normal ma chérie. Toutes les mères sont comme ça, me dit elle en souriant.

— Pas la mienne, je ne peux retenir dans un souffle.

— Colson ne s'est pas étendu sur ta situation. Tu ne parles plus à ta mère?

— Et bien, disons plutôt que c'est eux qui ne me parlent plus. A cause de Jenna.

— C'est triste, je suis désolée pour toi. Ils changeront d'avis. On ne peut qu'aimer ce petit bouchon.

— Encore faut il accepter de le voir...

Elle frappe dans ses mains pour mettre fin à cet échange mélancolique.

— J'ai des pommes, ça te dit qu'on prépare une compote pour le goûter de Jenna? Enfin, si tu as envie d'essayer bien sûr. 

— Ce serait génial, merci.

Pendant que les garçons discutent de football, Chloé nous rejoint et nous aide à préparer la première compote de ma fille. Trudy me donne plein de conseils précieux pour la suite. Elle prend son rôle de mère très à cœur et c'est comme ça que la mienne aurait dû réagir, en me donnant des conseils et m'expliquant ce que je ne sais pas encore, en prenant le soin de faire de moi une meilleure mère. Au lieu de ça elle m'a délibérément abandonné mais après tout, même si elle était là aujourd'hui, je doute sincèrement qu'elle se comporte de la sorte. Elle n'a jamais été proche de moi. Je décide de laisser ma famille de côté et savoure ce moment mère - fille par substitution. 

Nous rejoignons les garçons les bras chargé de tartes et desserts variés. 

— Tu ne peux pas dire ça, il est nul. Il n'aurait jamais dû le recruter cette saison, il va les faire perdre, c'est sur, s'énerve Phil.

— Mais pourquoi on l'invite encore? râle Kenny vexé.

Trudy hausse les épaules et désigne Colson.

— C'est ton fils qui ne peut pas se passer de lui.

Phil rigole, pas vexé pour un sous.

— Les plus belles femmes du monde, face à leur Dieu, prêtes à faire offrande, scande t il les bras grands ouverts.

Colson et Kenny frappent l'arrière de sa tête le faisant grogner de douleur.

— Oh allez Kenny, toi et moi on partage beaucoup de choses.

— Regarde encore une fois ma femme et je te fourre avec les restes de dinde, gronde M. Fields.

 — Et toi, tu vas me laisser au moins l'étudiante sexy, non? demande Phil en implorant Colson.

— Et moi alors? s'indigne Chloé empêchant Colson de répondre.

— Tu es un bébé, lui fait remarque Phil.

— Elle aussi c'est un bébé, dit elle en me désignant du doigt.

— Euh... je suis majeure et maman, je fais remarquer.

— Oui bah moi aussi je peux en faire un si je veux. 

Kenny bouche ses oreilles et regarde sa fille avec horreur. 

— Je t'emmène chez le gynéco lundi à la première heure, tonne Trudy avec un regard menaçant. 

— Bon, c'est pas le tout mais je sais toujours pas si j'ai le droit à l'étudiante sexy? continue Phil.

— Même pas en rêve, grogne Colson.

— T'es pas marrant. Pour une fois que ton boulot sert à quelque chose. C'est vrai quoi, je te dépanne tout le temps à la maison et toi tu me rends même pas un petit service?

— Tu as changé une fois une prise parce que tu n'aimais pas son emplacement, je t'ai rien demandé moi!, râle Colson. Et tu n'as qu'à te balader sur le campus pour piocher autant d'étudiantes que tu veux.

— Oui mais c'est plus marrant de prendre celle que tu regardes avec des yeux de merlans frits, se moque son ami.

— Lâche moi clochard.

— Soit pas si grognon mon biquet. J'ai juste du mal à accepter que tu la préfères à moi. 

— Oui bah elle est quand même plus sexy que toi, fait il remarquer.

— Tu es vraiment très jolie, raille Phil en reprenant les mots que Colson m'a dit dans la chambre avec une voix niaise.

Colson est de plus en plus mal à l'aise et si au début cela m'amusait, je trouve que Phil y va un peu fort. Je décide de prendre les choses en mains.