Phil va me rendre dingue à me balancer des trucs pareils devant elle. Lilly Anna s'approche de nous et vient s'asseoir sur les genoux de Phil qui jubile. Elle passe un bras dans sa nuque et fait battre ses paupières avec exagération.
— Tu vois, c'est moi le beau gosse de la bande, se marre t il.
Même si je vois bien qu'elle se joue de lui, j'ai quand même du mal à supporter de la voir si proche de lui, pourtant je devrais m'en moquer.
— Dis voir Phil, roucoule t elle. J'ai toujours rêvé d'avoir des enfants rapprochés... Ca te dirait que toi et moi ...
— Oh putain! Reprends ton truc, hurle t il en la poussant de ses genoux.
Hilare elle rejoint sa place à mes côtés et je ne peux m'empêcher de ressentir une bouffée de fierté face à cette femme capable de tenir tête à un gougeât pareil.
— Vous vous êtes bien trouvé les tordus des bébés, râle mon ami.
— Bon, tonne mon père. Si vous avez finit vos chamailleries, j'aimerais beaucoup goûter cette tarte. C'est toi qui l'a faite L.A.?
Nous sommes tous d'accord pour désigner L.A. meilleure pâtissière que ma mère, qui se vexe faussement pour la forme. Une fois le repas finit, nous échouons au salon. Après un repas aussi copieux, nous somnolons tous et les discussions sont moins virulentes. Mon père met en route la chaîne de sport qui diffuse d'anciens matchs.
L.A. est assise à genoux sur le canapé à ma gauche, elle commence à s'endormir contre le dossier. Ma mère surprend mon regard sur elle et me fait signe de la suivre. On se retrouve en tête à tête dans la cuisine. Elle me sert une tasse de café et me la tend tout en m'observant en silence.
— C'est une mauvaise idée, c'est ça? je devine.
— Je n'ai jamais dit ça. Tu es bien assez grand pour savoir ce que tu fais.
— Mais tu penses que je ne devrais pas.
— Je pense que ça fait longtemps que je ne t'avais pas vu aussi heureux.
Je relève les yeux vers elle, surpris. Elle me sourit tendrement.
— C'est une jeune femme très intelligente, bien élevée, très jolie et très douce.
— Mais très jeune ...
— Arrête donc de finir mes phrases à ma place, veux tu? Tu trouves qu'elle est trop jeune?
J'appuie mes bras sur le plan de travail et contemple la fumée qui s'échappe de ma tasse. Je réfléchis mais je n'ai pas de réponse à cette question.
— J'en sais rien. Peut être, peut être pas ... 10 ans d'écart c'est énorme.
— Ce n'est pas non plus le bout du monde. Et la maturité ne dépend pas forcément de notre âge, regarde ton père, rigole t elle. Plus sérieusement, j'ai l'impression que cette jeune femme a dû grandir bien plus vite que prévu. Qu'est ce qu'elle en pense?
— On en n'a pas discuté. Mais elle a comparé Carole à sa mère, je grimace.
— Cette pimbêche a du lui rappeler sa mère indigne effectivement. Elle ne parlait pas forcément de son âge.
— Hmm..
— Cole, quoi que tu décides, on te soutiendra toujours, tu le sais? Par contre, ne joue pas avec elle tu veux bien? Elle a déjà enduré bien trop de chose à un si jeune âge. Elle a besoin d'un compagnon sur qui se reposer.
— Je sais tout ça M'man. Je ne joue pas, seulement ... j'ai peur de tout gâcher en parlant d'une éventuelle relation. Je suis son prof après tout, elle pense surement que je suis gentil parce que j'ai pitié d'elle ou une bêtise du genre.
Ma mère tapote mon épaule avant de me souffler :
— J'ai vu comme elle te regarde! Les yeux ne trompent jamais. Et les siens ne brillent que pour toi.
Sur ces belles paroles, elle quitte la cuisine. Je reste un moment à contempler ma tasse et c'est au tour de Phil de venir me voir. A croire que c'est une salle de thérapie.
— Ca va? C'est Carole ou L.A. qui te tracasses?
— Je me fous de Carole. Elle a essayé une dernière fois de revenir dans ma vie, mais c'est finit.
— Alors c'est L.A.
— Vas y, parle, je l'invite voyant que ça le démange de me donner son avis.
— Elle est géniale.
— Mais?
— Mais tu veux jouer au Papa et tu risques de la faire souffrir.
— Arrête tes conneries, je m'emporte. Je ne veux pas jouer au Père de substitution.
Phil blêmit et fixe quelque chose derrière moi. Je ferme les yeux une seconde avant de me décider à me retourner. Lilly Anna me regarde comme elle ne l'avait encore jamais fait. Un mélange de déception, de colère, et de dégoût.
— Je voulais juste prendre la compote de Jenna, murmure t elle.
La petite calée sur sa hanche mâchouille sa main qui dégouline de bave. Phil ne demande pas son reste et s'éclipse. L.A. s'avance et prend le pot qui attend sur le plan de travail sans un mot et moi je ne sais pas quoi dire pour rattraper les choses.
— Qu'est ce que tu as entendu?
— Bien assez, rétorque t elle.
Elle s'apprête à sortir mais je la reteins par le bras.
— Attends, s'il te plaît. Ce n'est pas ce que tu t'imagines.
— Oh, je te rassure. Je ne me suis jamais rien imaginée du tout.
Elle se détache de moi et sort rejoindre la salle à manger. Je la suis et m'assois à ces côtés. Ma mère a sorti notre vieille chaise haute et L.A. est en train d'attacher Jenna dedans qui suçote sa cuillère en plastique.
— Je suis sûre qu'elle va adoré, s'extasie ma mère qui n'a pas vu le malaise.
L.A. ne répond pas et tend une première cuillère à Jenna, la main tremblante. La petite grimace mais accepte de goûter avant d'engloutir la cuillère avec avidité.
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Pour Elle
RomanceColson est heureux de cette prise de poste dans cette nouvelle université. C'était sans compter cette jeune femme aussi surprenante que mystérieuse. 6 ans qu'il s'efforce de maintenir une distance raisonnable entre lui et ses élèves mais qu'en sera...