Ses yeux inspectent chaque parcelle de mon corps à la recherche de je ne sais quoi. Cela pourrait me mettre mal à l'aise mais ce n'est pas le cas, bien au contraire. Je sais pourquoi il a préféré venir ici, il ne veut pas que je m'imagine quoique ce soit et je comprends.
— Si tu ne me parles pas, je ne peux rien pour toi.
— Il veut la reconnaître.
Il fronce les sourcils avant de comprendre la portée de mes mots. Tobby est réapparu comme par enchantement en me disant qu'il voulait qu'elle porte son nom, qu'il allait aller la reconnaître. Ce ne devrait pas être aussi tragique, après tout il est son géniteur, il en a le droit. Le problème ce sont les menaces qui en ont découlé. Je ne supporte plus cette pression psychologique.
— Est ce que c'est si grave que ça?
— Si je refuse, il menace de m'envoyer les services sociaux et de lancer d'autres rumeurs, encore.
— Lilly, tu t'occupes de ta fille à merveille, les services sociaux n'auront rien à te reprocher et ces rumeurs, qu'est ce que ça peut bien faire? Tu es plus forte que ça.
— Ca fait un an que les gens chuchotent sur mon passage. J'ai passé toute ma grossesse à me cacher derrière des vêtements informes pour éviter qu'ils ne me dévisagent plus qu'ils ne le faisaient déjà. Les histoires qu'on raconte à mon sujet, je m'en moquais mais là je n'en peux plus. J'en ai marre de continuer à me cacher et d'entendre ces messes basses sur mon passage. J'y arrive plus.
Ses mâchoires se crispent.
— Tu sais, c'est à lui d'avoir honte de vous avoir abandonner, pas à toi. Pas alors que tu as affronté cette grossesse et la naissance de ta fille toute seule. Dans cette histoire, c'est lui qui devrait raser les murs, c'est lui qui devrait se cacher, c'est lui qui est trop faible pour assumer ses conneries, aussi mignonne soit elle. Tu es la femme la plus forte que j'ai jamais rencontré. Tu élèves ta fille en parallèle de ta vie universitaire, je crois que tu ne te rends pas compte d'à quel point c'est extraordinaire. Alors tu as le droit d'en avoir marre, d'être épuisée, mais tu n'as pas à te cacher. Soit fière de la femme et de la maman que tu es.
Mes larmes coulent toutes seules alors qu'il me sourit avec tendresse. J'aimerais tellement me blottir dans ses bras. Avec lui j'ai l'impression que tout est possible.
— Jeudi, je viendrai vous chercher à 11 heures.
— Mais c'est ...
— Thanksgiving, oui je sais. Ma mère vous attend avec impatience. Elle risque d'oublier que Jenna n'est pas sa petite fille, mon père parlera de football une grande partie de la journée, ma sœur voudra surement faire de toi un cobaye pour ses essais coiffures ou maquillage, au choix, et Phil va se faire un malin plaisir à te mettre aussi mal à l'aise que possible. Mais je suis presque sur que ce sera quand même une bonne journée.
La petite étincelle qui s'allume au fond de ces yeux quand il parle de sa famille me paraît à la fois si fantastique et si étrange. Je n'ai jamais été proche de mes parents, à tel point qu'ils m'ont rayé de la carte sans une once de regret alors j'ai du mal à m'imaginer ce que c'est que de vivre dans une famille unie et aimante.
— Ce sera son premier Thanksgiving, je murmure plus pour moi même.
Son premier Thanksgiving et pas de père ni de grands parents avec qui le passer.
— Et ça va être mémorable, je peux te l'assurer.
Son sourire me rassure et j'accepte sans trop savoir pourquoi.
Je sautille dans tous les sens dans l'espoir de réussir à fermer ma robe.
— Pourquoi j'ai dit oui? je me plains à Damia. Tu aurais dû m'en empêcher, je l'accuse.
— Pour ça il aurait fallu que tu réfléchisses et que tu me consultes avant de dire OUI à tout ce qui sort de sa bouche, se moque t elle.
— Je dis pas oui à tout, je ronchonne depuis la salle de bain.
C'est une catastrophe, je ne rentre plus dans cette robe, je n'arrive même pas à la fermer et Colson doit arriver dans moins d'une demi heure. Damia est beaucoup plus fine que moi et ne pourra pas m'aider.
— Bon, qu'est ce que tu fais? Wahou.
— Arrête, je pleurniche. J'arrive pas à la fermer, je ressemble à la dinde que je vais bientôt manger avec de parfaits inconnus.
— Ne dis pas de bêtise L.A. tu es superbe. Attends, hop et voilà. Tu vois qu'elle ferme! Allez coiffe toi, il va bientôt arriver.
Il me reste peu de temps pour mettre de l'ordre dans ma crinière ébouriffée. Je soupire et m'attaque à chaque mèche avec acharnement. Hors de question de ressembler à un épouvantail alors qu'ils m'accueillent chez eux. Après avoir dressé ma chevelure, je m'attaque à mon maquillage. Je n'en n'ai pas mis depuis des mois, un an peut être. Je ne suis presque pas sortie depuis que j'ai appris la grossesse de Jenna. J'ai passé toute l'année dernière à travailler comme une acharnée, chaque heures, chaque minutes de mon temps libre, pour me permettre d'économiser un maximum pour ne pas avoir à travailler en dehors des vacances cette année. Ainsi je peux profiter de ma fille en dehors des cours. On ne roule pas sur l'or c'est même hyper tendu mais au moins je la vois grandir et s'épanouir. Une fois prête, je remonte un peu ma robe et retourne dans le salon où se trouve Damia et ma fille.
— C'est pas un peu trop décolleté? Il va croire que je l'allume, non? je demande en regardant ma robe avec une grimace.
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Pour Elle
RomanceColson est heureux de cette prise de poste dans cette nouvelle université. C'était sans compter cette jeune femme aussi surprenante que mystérieuse. 6 ans qu'il s'efforce de maintenir une distance raisonnable entre lui et ses élèves mais qu'en sera...