2. Remise en cause

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Malgré son trouble, Althea rentre néanmoins sans encombre chez elle. Ysé l'accueille dans leur salon, éclairé à la bougie, par un baiser et une tasse fumante. Après un petit bisou à un Troy envolé au pays des rêves, elle enfile une robe en coton noir.

Les deux partenaires s'installent alors sur le canapé, une jambe repliée sous l'autre pour se faire face.

— Une drôle d'énergie se dégage de toi ce soir, chérie, commente-t-iel.

— Ouais, j'ai fait une rencontre assez étonnante.

— Ah ? Un beau gosse ?

Althea émet un petit rire, un peu crispé néanmoins car Ysé ne sait pas à quel point iel est proche de la vérité. Pour cacher son émoi, elle prend, avec un soupir de bonheur, une gorgée de thé blanc aux fleurs de cerisier et feuilles de saule, censé apporter une sensation de paix et de calme.

— Pfff, t'es bête. Non, j'ai rencontré un démon et ai discuté avec lui au lieu de le tuer — première fois que ça m'arrive ! Il est pacifiste, soi-disant.

— Il peut être beau gosse quand même, remarque Ysé avec un sourire en coin.

— Je suis sérieuse, baby ! C'est lui qui me suivait depuis plusieurs nuits.

— Oui, j'avais compris. Et alors ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

Althea lui raconte la teneur de sa conversation avec Jamie, tout en sirotant son thé. Ysé l'écoute avec attention, une main sur la cuisse nue de la jeune femme.

— C'est n'importe quoi ! Ça n'existe pas, les non-humains pacifistes ! Et dire que je l'ai laissé partir sans l'affronter !

— J'ai toujours pensé qu'il pouvait y avoir des créatures non violentes, déclare Ysé sur un ton soucieux. Et tu sais que je ne suis pas toujours d'accord avec l'Ordre. Pourquoi les non-humains seraient-ils tous assoiffés de sang ? Il y a tant d'espèces différentes.

— Je ne sais plus, Ysé, je suis un peu perdue, là. Je vais en parler à Gales.

Sa dernière phrase est prononcée sur un ton plus résolu : elle se repose beaucoup sur son père adoptif, qui lui a beaucoup appris.

— Ouais, bonne chance avec ça, rétorque Ysé.

— Ce qui veut dire ?

— Tu sais très bien ce que je veux dire, mon amour. C'était l'ami de tes parents, ton mentor et un père de substitution, mais Gales reste campé sur ses positions archaïques depuis le début de l'invasion.

— Les démons prennent de plus en plus de place !

Les joues de la jeune chasseuse se parent d'une belle couleur rouge et la pièce résonne du bruit de sa tasse qu'elle pose avec un peu trop de force sur la table basse.

— Parce que l'Ordre n'a jamais essayé de discuter avec leurs chefs pour parvenir à une sorte d'accord ! renchérit saon amant·e. Ils ne dialoguent avec personne, et ont même aboli la monarchie !

— Je ne veux pas me disputer encore une fois, Ysé, soupire Althea.

— Moi non plus... ça nous arrive de plus en plus souvent, non ?

— Oui, et toujours pour la même raison, car tu remets beaucoup en question mon rôle de chasseuse de démons ces derniers temps... Tu savais pourtant dans quoi tu t'embarquais quand on a commencé à se voir...

Althea grimace : elle a l'impression d'être une petite fille capricieuse et vexée car on ne la soutient pas à 100 %.

— C'est vrai... reconnaît Ysé. Mais je ne soupçonnais pas que ça prendrait tant de place, et que tu suivrais aveuglément l'Ordre.

Harmonie AdverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant