Harmonie Adverse

25. Retrouvailles (2/2)

Jamie s'est à peine rassis sur le lit d'Althea que quelqu'un tape de nouveau à la porte. La jeune femme grogne un peu et lance néanmoins un « entrez ».

Bien qu'elle reconnaisse sans peine l'homme mince qui pénètre alors dans la pièce, Althea marque un moment d'hésitation, déconcertée par sa visite — et par l'absence de livrée.

— Oh, Phileas, bonjour !

— Je suis navré, miss Althea, je ne vais pas vous déranger longtemps, annonce-t-il après avoir avancé de quelques pas seulement vers le lit, je voulais juste m'assurer que vous alliez aussi bien que possible.

— Merci, Phileas. J'ai connu mieux, mais ça va aller.

Elle remarque alors qu'il jette un regard en coin à Jamie, qui s'est levé et a néanmoins gardé sa main dans la sienne.

— Oh, pardon, vous savez que je n'ai jamais possédé de très bonnes manières. Phileas, voici mon... mon fiancé, Jamie. Jamie, Phileas, le, enfin, l'ancien majordome de Gales.

Jamie lui adresse un bref signe de tête et serre un peu plus la main de la jeune femme.

— Bonjour, déclare Phileas sur un ton neutre, toutefois nous nous sommes rencontrés cette nuit, miss Althea.

— Ah oui, bien sûr ! Merci, je vous dois beaucoup, si j'ai bien compris.

— Je n'ai fait que ce qui était juste. Et félicitations alors, je ne savais pas que vous étiez fiancée.

Si l'idée de cette relation avec un démon le dégoûte, l'imperturbable anglais n'en montre rien. Elle remarque néanmoins ses cernes et son teint un peu cireux qui semblent indiquer qu'il a peu dormi, lui aussi.

— Oh, euh, c'est tout récent, précise-t-elle sans pouvoir empêcher un sourire niais d'apparaître sur son visage tuméfié, merci beaucoup.

— Je vous en prie. Et j'espère que votre petit garçon va bien, également.

— Oui, il est en sécurité chez des amis, répond-elle, distraite, avant de reprendre d'une voix plus ferme. Phileas, vous étiez au courant des agissements de Gales ?

Une expression douloureuse passe fugacement sur le visage de l'ancien majordome, et il semble perdre quelques centimètres.

— Oui... Il agissait sans se soucier de moi, sans vraiment se cacher. Persuadé que je ne pourrai jamais utiliser tout ce que je sais contre lui. Cela prouve qu'il ne doutait jamais. Je suppose que c'est l'une des preuves de sa folie, n'est-ce pas ?

— Oui, sûrement. Je ne comprends d'ailleurs pas comment j'ai pu être aussi aveugle pendant toutes ces années.

— Vous étiez toute jeune, miss Althea, ne vous fustigez pas. Moi, de mon côté... J'aurais dû démissionner il y a bien longtemps.

Il baisse la tête et dirige son regard vers le sol, comme si sa honte était trop lourde à porter.

— Nous sommes tous coupables, assène la guerrière. Y compris ses conseillers, et le Premier Ministre, peut-être, aussi.

— Ses conseillers et le Premier Ministre étaient tout simplement bien arrosés avec des salaires et des bonus qui ne donnaient pas envie de se retourner contre le système en place, je vous assure, commente-t-il avec un minuscule ricanement.

— Les dirigeants des autres divisions et des autres gouvernements, alors, poursuit Althea. Personne ne se posait de questions. Même pas sur la possibilité que des non-humains pacifistes puissent exister.