16. Tentation

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De retour de sa ronde, Jamie pénètre dans l'appartement silencieux et sombre, et entreprend de se déshabiller en se dirigeant vers l'alcôve. Il s'arrête net quand il distingue une silhouette allongée sur le lit.

— Althea ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Oh euh, je... je n'arrivais pas à dormir, je remuais sans cesse et j'avais peur de réveiller Troy, donc je suis venue me coucher ici...

—Hum, ok.

Il réalise alors avec effroi qu'il est torse nu et commence à enfiler n'importe comment l'une des manches de sa chemise. Une petite main douce se pose sur la sienne et il reporte son regard sur sa colocataire qui secoue la tête, à genoux devant lui, ses longs cheveux lâchés. Elle plante son autre main sur sa nuque pour l'approcher d'elle.

— Althea...

Jamie ne saurait dire s'il murmure son prénom pour la prévenir avant de renoncer à tout contrôle ou pour encenser son audace. Leurs bouches qui se rejoignent enfin rendent toute réponse caduque. Il se perd dans ce baiser, puis place ses mains sur sa taille fine pour soulever la robe t-shirt qu'elle porte pour dormir. Quand il découvre sa poitrine, fière et généreuse, et sa culotte en dentelle noire, son cœur a un raté.

— Althea, tu es si belle, et je ne suis qu'un... Tu ne préfères pas que je remette ma chemise, tu es sûre ?

— Oui, je veux te voir tel que tu es ce soir, James. Tu es beau, aussi, tu sais.

Il pourrait répondre avec un soupçon de causticité — « je sais, oui » — néanmoins la solennité du moment le retient. Il replace ses mains sur sa taille puis les remonte sur ses flancs, en évitant sa plaie, et effleure à peine de ses pouces le dessous de sa poitrine. Althea produit un petit son étranglé qui l'enhardit, et il se saisit enfin de ses seins ronds, son front contre le sien. Il appuie alors un genou sur le lit et repousse la guerrière contre les oreillers. Quelques instants plus tard, il pose sa bouche sur son téton, et il frissonne tant sa peau est douce.

La jeune femme émet un minuscule gémissement, ses jambes s'ouvrent d'elles-mêmes. Jamie fait prendre le chemin opposé à sa main gauche pour lui retirer sa culotte, tandis que les trois doigts de sa main droite restent pressés sur son sein. Alors que ses lèvres, et parfois ses dents, sont toujours agrippées à l'un de ses tétons, il découvre ensuite la zone sensible entre ses cuisses et pense que son cœur va imploser.

— Oh, oh, Jamie.

Avec le ballet de ses doigts qui dansent à l'intérieur d'elle, la respiration d'Althea devient de plus en plus haletante et elle se raidit soudain, tendue comme la corde des arcs que certains chasseurs utilisent contre des meutes de démons. Son cri de délivrance commence à déchirer la nuit, et Jamie, bien qu'il tremble aussi de tout son corps, a la présence d'esprit de plaquer sa main droite sur sa bouche pour ne pas réveiller Troy.

Elle met de longues secondes à revenir à elle, et il ne cesse de caresser ses cheveux en murmurant des mots qu'il serait bien en peine de répéter ensuite. Les yeux de son amante, encore troubles de plaisir, finissent par se poser sur lui.

— Hey, chuchote-t-elle, c'était... tu es... viens.

Elle commence à défaire ses boutons de pantalon, et il l'arrête d'une main.

— Tu es sûre, petite puce ? On n'est pas obligé. Avec ta blessure...

Elle secoue la tête de gauche à droite et l'attire à elle pour un baiser affamé.

— Je suis sûre, James, affirme-t-elle ensuite dans un souffle.

Il acquiesce, le cœur battant, se relève un instant pour prendre ce qu'il faut dans son portefeuille qui est resté dans sa veste, et se débarrasse de son jean. Il croit distinguer à la lueur de la lune ses yeux qui s'agrandissent à la vue de son corps entièrement nu, cependant elle ne recule pas, et lui ouvre au contraire ses bras. Il l'embrasse à nouveau, avec tendresse cette fois-ci, puis entre en elle d'un seul mouvement.

— Ah, Althea, tu es si...

Elle pousse alors un petit cri et des larmes se forment dans ses yeux — bien que ça aille déjà mieux, sa plaie doit la faire souffrir, car il n'a pas pu lui faire mal, n'est-ce pas ?

Son estomac se comprime et ses joues s'échauffent devant son erreur et son manque de considération.

— Oh, ma belle, désolé, je n'ai pas réfléchi. J'aurais pu aller bien plus doucement.

Elle expire à plusieurs reprises, son fin visage tout crispé.

— C'est rien, ça n'est pas vraiment douloureux, c'est juste... surprenant et différent.

— Je croyais que tu avais été avec des hommes avant... enfin, avant.

Il n'a certes pas envie de mentionner saon partenaire disparu·e à un moment comme celui-là.

— Oui, quelques-uns, mais j'étais jeune, seulement quelques caresses et baisers un peu chauds, jamais... le reste. Pourtant, avec Ysé, on... enfin, bref, c'est, hum, différent, c'est tout...

— Tu veux arrêter, petite puce ? demande-t-il en essuyant de son pouce quelques larmes isolées. Je comprendrais tout à fait.

— Non, non, je vais m'habituer.

—Ok, attends...

Il se met alors à la caresser à l'endroit où ils sont joints, et dépose en même temps de minuscules bisous partout sur son visage. Elle se relâche peu à peu dans ses bras.

Il plonge ses yeux dans les siens autant pour la rassurer que pour pouvoir réagir au moindre signe d'inconfort, toutefois, très vite, au gré de ses va-et-vient, ses traits se détendent. Elle commence à émettre les mêmes petits bruits adorables et indécents que tout à l'heure. Au fil de leur danse, elle le touche, le caresse et l'accompagne dans ses mouvements. Elle murmure son prénom, aussi, à plusieurs reprises, et la douceur de sa voix envoie des frissons dans tout son corps.

Harmonie absolue.

Après un crescendo délicieux, la sensation de ses muscles, là, en bas, qui se contractent autour de lui se place directement en tête de ses sensations préférées. Elle se cambre dans ses bras et émet, cette fois-ci, un cri silencieux qui semble durer trois fois plus longtemps que le précédent. Il la suit dans l'extase et s'effondre contre elle.

— Hey, comment tu te sens, ma belle ?

— Mieux. Je suis navrée pour tout à l'heure, répond-elle, tête baissée.

Elle caresse distraitement les écailles de son bras gauche, ce qui procure à Jamie presque autant de plaisir que son orgasme d'il y a cinq minutes.

— Enfin, c'est moi qui suis désolé. J'ai l'impression de m'être comporté comme une brute sans aucune considération.

Elle émet un petit rire avant de réagir à son haussement de sourcils.

— Je crois que même si tu essayais très fort, tu ne pourrais pas agir comme une brute inconsidérée.

Il rigole aussi et l'embrasse à nouveau.

— Je suis content de t'avoir découverte dans mon lit ce soir, murmure-t-il ensuite.

Elle hoche la tête, mais le repousse gentiment.

— Je ne peux pas m'endormir ici, je ne veux pas que Troy se réveille tout seul et me trouve avec toi, dans le lit que je partageais avec saon Nummy.

Bien que ses mots lui fassent l'effet d'une douche froide, il se sermonne sans attendre : elle a raison, bien sûr.

— Ah oui, je comprends. Mais tu peux rester un peu, non ?

— Je préfère y aller maintenant, j'ai peur de ne plus avoir la force de partir sinon. Merci, Jamie, murmure-t-elle en caressant sa joue une dernière fois.

Son cœur se serre alors qu'il se demande pourquoi elle l'a remercié, pour le sexe-agréable-mais-rien-de-plus, ou pour la compréhension dont il fait preuve ?

Aucune des deux possibilités ne s'avère satisfaisante.

Harmonie AdverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant