Harmonie Adverse

27. Victoria (Epilogue)

Quatre ans plus tard

— Tu ne te brosses pas les dents assez longtemps, Troy !

— Tu m'as dit de faire vite, Maman !

— Si tu ne parlais pas autant pendant le p'tit déj, tu aurais le temps de te laver les dents correctement !

— Tu aimes quand je parle !

Ils se sourient alors, mais des grommellements interrompent leur tendre moment.

— Vous êtes obligés de hurler tous les matins ? demande Jamie, debout à l'entrée du couloir, torse nu, yeux pleins de sommeil et cheveux hirsutes.

— Désolé, Papa ! crie Troy avant de partir s'habiller dans sa chambre.

— Navrée, beau gosse, murmure Althea.

Elle se coule dans ses bras et leurs lèvres se joignent pour un long bonjour.

— Ewww, Papa, Maman !

Les deux parents pris sur le fait s'esclaffent, se séparent à contrecœur et se rendent dans le salon, baigné de la lumière du matin.

— Troy, on va être en retard à l'école, viens faire un bisou à ta sœur !

Elle se tourne vers un bébé qui gigote dans un transat à lévitation magnétique.

— Hey, Victoria, tu t'occupes de ton Papa avant d'aller à la crèche, ok ? Surveille bien qu'une planche de bois ne te tombe pas dessus à l'atelier.

— N'importe quoi, Althea ! Tu préfères l'emmener au café avec toi, au risque que l'un de tes employés renverse un latte sur elle ?

— Eh, je choisis bien mes employés, moi, aucun d'entre eux n'est maladroit !

Jamie la regarde alors, un sourcil relevé, les bras croisés.

— Ouais bon, ok, admet sa femme dans un doux rire. Bref. Viens ici, petite princesse.

Les iris d'améthyste du bébé s'illuminent quand Althea la prend dans ses bras et caresse la mèche argentée qui se détache au milieu de ses cheveux auburn. Elle pose son nez contre le sien et ferme les yeux l'espace d'une seconde pour emporter avec elle sa formidable odeur de bébé.

— Au revoir, Papa, au revoir, Victoria, bonne journée ! s'écrie le grand frère en faisant mine de lui mordiller son mollet dodu.

Le rire cristallin de la fillette remplit alors la pièce où règne un joyeux bazar.

— Salut, mon gars, soit sage à l'école, ok ? déclare Jamie en prenant la petite fille des bras d'Althea.

— Promis !

Sa mère secoue la tête, l'air navré, puis se perd un instant dans la contemplation de Victoria et de son père ; son cœur manque d'éclater dans sa poitrine, comme souvent ces dernières années.

— À ce soir, mes amours, murmure-t-elle enfin.

— Bonne journée, puce.

Elle pose un baiser sur la joue de chacun et part rejoindre son grand garçon qui l'attend déjà au rez-de-chaussée de leur typique maison anglaise.

Si l'harmonie parfaite dans le monde n'est qu'illusion, l'harmonie de leur famille, elle, demeure bien réelle.