4. Discussions

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Jamie parti, les deux partenaires commencent par ranger, en silence, les restes de thé et les fioles et bandages utilisés par læ guérisseuxe.

— Alors, c'est lui ton nouvel ami ? craque-t-iel enfin. J'avais raison l'autre soir, c'est un beau gosse, non ?

— Pfff, n'importe quoi. C'est un démon. Et nous ne sommes pas amis.

— Il t'a sauvé la vie, avance-t-iel sur un ton prudent, la tête penchée d'un côté, comme pour jauger les réactions de son amante.

— J'aurais fini par m'en sortir. Peut-être après quelques coups de griffes, mais tout de même...

Ysé hausse un sourcil et ne répond rien ; Althea lâche un soupir, comme une admission.

— Je ne sais pas si je peux lui faire confiance, avoue-t-elle d'une toute petite voix. Qu'est-ce que tu en penses ?

— Tu connais déjà la réponse, au fond de toi. Sinon tu ne l'aurais pas amené chez nous, avec Troy dans la pièce d'à côté. Et, si tu veux vraiment mon avis, le voici : tu peux faire confiance à Jamie plus qu'à n'importe qui à l'Ordre.

Althea acquiesce sans s'étonner de l'opinion tranchée d'Ysé, qui fait écho à leur discussion d'il y a quelques jours.

Elle s'effondre peu après sur leur lit, épuisée par les péripéties de la soirée et par la tempête de pensées dans sa tête depuis que Jamie est entré dans sa vie.

*****

Elle grommelle quand son chrono-hologramme sonne et se hâte néanmoins pour préparer le petit-déjeuner et espérer arriver moins en retard à l'école que d'habitude — elle n'a même pas entendu Ysé quand elle est partie pour le dispensaire.

Troy déboule quelques minutes plus tard, l'embrasse à plusieurs reprises sur la joue et s'assoit devant son yaourt au granola.

— C'était trop bien d'rencontrer Jamie hier, attaque-t-il sans attendre. C'était la première fois que j'parlais avec un démon.

— Oui, eh bien ça ne va pas se reproduire très souvent, n'y prend pas trop goût.

L'air réjoui de Troy disparaît en une fraction de seconde.

— Oh... j'pensais que Jamie était ton ami. Vu qu'il était chez nous.

Althea admire la candeur de l'enfance : pour lui, c'est aussi simple que ça, et il ne voit pas où réside le problème dans le fait que, bien qu'elle tue des démons chaque soir, l'un d'entre eux puisse être son ami.

— Ses yeux sont trop beaux en tout cas, reprend-il, l'air rêveur. J'aimerais bien avoir les yeux violets, moi. Et sa peau est agréable au toucher, ce sont des écailles toutes fines, rien à voir avec un poisson. Ça ressemble un peu à la peau d'un serpent. Enfin, j'ai jamais touché d'serpent... T'en penses quoi, toi ?

— Je n'ai jamais touché de serpent non plus, mon cœur, répond Althea. Et je n'ai pas l'intention de le faire de sitôt.

— Ouais, ewwww. En tout cas, toucher la peau d'Jamie c'était pas ewwww. T'as essayé, toi ?

Elle se sent rougir, sans savoir pourquoi, à ce souvenir.

— Oui, juste pour voir. C'était ok, tu as raison.

Le petit garçon hoche seulement la tête : il vient d'enfourner une énorme cuillerée de granola qui l'empêche de parler. Au milieu des derniers préparatifs et de leur course habituelle vers l'école, Jamie ne revient pas dans la discussion, au grand soulagement de la jeune femme.

Harmonie AdverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant