Dans un recoin reculé de Glockstorm, bien loin de la zone de débarquement, se trouve un ancien château délabré rongé par les ronces. Le grand jardin, autrefois accueillant par sa verdure, ses arbres fleuris et ses buissons taillés en labyrinthe, est désormais laissé à l'abandon.
L'eau souillée dans le bassin en face de l'entrée recouvre l'intérieur des parois aux couleurs terne par une mousse verdâtre. Les éclats de verre et les fissures sur les pierres grises du bâtiment révèlent les affres du temps suite à l'abandon des propriétaires des lieux. L'une des tours sur les deux s'est effondrée, mettant à la vue du ciel les anciens appartements de Johanna. Plus au sud du château, une partie reste cependant intacte.
À l'intérieur des lieux, plusieurs personnes vaquent à une occupation comme elles le peuvent depuis leur arrivée, sous les ordres de Johanna. Il leur a bien été difficile de rejoindre l'ancienne demeure de son maître après s'être échappé du camp. Ils ont dû jouer de malice pour réquisitionner un véhicule conduit par un habitant lambda qui s'est vu offrir une mort rapide avant d'être enterré dans la forêt. C'est en conduisant avec acharnement que John a amené sa gouvernante, Rosalie, Axelle, Gary et Dennis qui dormait d'inconscience.
Il a laissé tout ce beau petit monde dans le salon après avoir allumé un feu, tandis qu'Arcane leur ramenait deux lapins pour se sustenter. John avait conscience qu'en pleine nuit il ne pouvait pas voir l'état du domaine de ses parents, et avec la pluie s'abattant au-dessus d'eux, il abandonna toute analyse pour le restant de la nuit.
— Excusez-moi ?
La gouvernante, occupée à essuyer un meuble en bois massif du couloir, à l'aide d'un torchon, se retourne en entendant la voix pâteuse de Dennis. Il s'est réveillé il y a peu désorienté dans ce nouvel endroit plutôt lugubre.
— Je souhaiterais savoir où se trouve le reste de ma famille ? demande-t-il étonné de ne pas les avoir aperçus dès son réveil.
Johanna pose la main contenant le tissu sur sa hanche arrondie et porte l'autre vers sa bouche, réfléchissant. Ses yeux se froncent quant elle les porte sur le jeune homme qui attend patiemment devant elle.
— Votre mère se trouve dans l'aile sud avec votre petite sœur pour remettre en état les chambres, indique-t-elle. Quant à votre frère, depuis que je lui ai demandé d'aller chercher du bois dans la réserve, je ne l'ai pas revu.
Dennis en a la bouche qui en tombe. Il réplique, consterné par ces informations :
— Indiquez-moi la réserve ! Il peut lui arriver n'importe quoi !
— Ne t'inquiète pas pour si peu de chose, mon chou, nous sommes en sécurité ici, sourit-elle les yeux plissés.
Mais, Dennis l'écoute à moitié et se dirige vers ladite réserve que lui a indiquée la gouvernante. Les poings serrés, il s'avance à grands pas vers l'extérieur, observant sur son chemin les tapisseries déchirées et les tableaux ornant les murs craquelé.
L'un d'eux attire son regard. Dans un cadre bronze en fer forgé, des filigranes s'entrelacent les uns autour des autres. Des rouages noirs contrastent à chaque recoin, créant une profondeur à la toile encadrée. Sur la photographie jaunie par le temps, un homme se tient debout, les mains derrière le dos. Ses cheveux sont superbement bien plaqués sur sa tête. Un monocle relié à une chaînette est posé sur son œil gauche. Son visage est fin avec un nez droit et une moustache remontant à chaque extrémité. Son air ne montre aucune émotion, l'air impassible. Il porte une chemise claire avec un col châle foncé et un gilet sans manches où la chaînette du monocle est accrochée.
Assise sur une chaise devant lui, se tient une jeune femme. Ses cheveux clair et bouclé sont remontés en un chignon retombant en cascade sur son épaule. La douceur se lit dans son regard, alors qu'un fin sourire dessine son visage. Elle se tient droite dans un corset rayé en verticale, couvrant une blouse aux épaules dénudés, avec des manches amples recouvrant partiellement ses mains posés délicatement sur ses jambes croisés. La jupe longue retombe en cascade sur des boots à talons.
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Glockstorm : par delà les visions ~ En cours
Fiksi IlmiahAn 2255. La terre n'est plus comme nous la connaissions. Suite à de nombreuses catastrophes dues au réchauffement climatique, il ne reste plus que quelques îles où les survivants ont dû s'adapter. Deux cents ans après ce drame, Anna Dogger tente d...