Elio
Ma jambe remue au rythme de la musique dans mes oreilles. Mes doigts survolent et caressent les touches du clavier. Les écrans d'ordinateur éclairent mon visage dans la pénombre, tandis que la ventilation refroidit les processeurs. Mes serveurs accolés au mur tournent à plein régime. Je souffle. J'ai enfin fini de tout réinstaller. Mes bras s'étirent au-dessus de ma tête, avant de les tendres en avant, en dansant de mes épaules.
Les touches s'enfoncent de nouveau, ouvrant une nouvelle fenêtre, connectant le retour des sons. Franck a fait un excellent travail quand il a détruit la porte de la voisine. Son attention s'est complètement focalisée sur moi pendant qu'il déposait un micro à l'arrière de sa commode. De ce que la propriétaire à dit, c'est une bordélique notoire, donc avant qu'elle ne le trouve, il faudra des mois. Mes lèvres s'incurvent. Je coupe la musique et active l'écoute. Silence.
Mes sourcils se froncent. Je pianote sur le clavier pour vérifier que tout est en ordre et réactive l'écoute. Rien. Si. Un son, bas, imperceptible. Ça vibre. Le son est constant et se module. Que fait-elle ?
« Michel... »
Michel ? Mes yeux s'agrandissent en entendant ses gémissements suivis du prénom. Je coupe rapidement le son et prends ma tête entre mes mains en soufflant.
— Elle est en train de se faire plaisir, je ne peux pas autant violer son intimité, bougonné-je.
Mais mon corps a réagi instinctivement à ça. Des années de chasteté pour être réduit à néant. Non. Il faut que je me contrôle. Je remets la musique dans mes oreilles, occultant l'image de Max en train de s'adonner dans les bras de cet homme. Je me connecte à son ordinateur. Vérifie ses derniers achats : un masque de clown flippant sur Amazon. Que va-t-elle faire avec ça ? Un autre site s'ouvre. Elle est connectée.
Ses recherches défilent sous mes yeux. Elle est sur un site pour chiens dominants. Ma main caresse ma barbe, me demandant comment elle peut se faire plaisir et être connectée en même temps. Ma jambe remue de plus en plus. La page se ferme et s'ouvre sur une nouvelle. J'appuie instinctivement sur échap.
À croire qu'elle a déjà décelé ma présence, mais c'est impossible. De la lingerie fine. Bordel, elle veut m'achever. Je soupire et dépose mon casque sur mon bureau. Mes doigts frottent mes yeux endoloris, cela faisait un moment que je n'avais pas passé autant de temps sur des écrans. Je regarde l'heure sur mon téléphone prépayé : neuf heures du matin. J'ai passé la soirée et la nuit à tout paramétrer. Je n'ai pas pu écouter ce qu'il se passait chez elle hier. Mais de ce que m'a rapporté Franck, le patron du Torb'j serait passé et aurait changé sa porte et sa serrure. Elle a été rapide. Je sors de la pièce et remonte l'échelle menant à mon studio.
Les nuages se profilent au-dessus des toits. J'ai besoin de dormir. Reprendre ce rythme va m'achever en moins de temps qu'il n'en faut si, je ne prends pas le temps de me reposer. Je me dirige vers ma cuisine, attrape une bouteille d'eau et bois directement au goulot. Je sors mon téléphone de la poche, le gardant connecté, au cas où. Je me dirige vers mon lit en retirant mon t-shirt et m'allonge sur mon lit. Le calme. Enfin.
J'ouvre les yeux. Un son. Ça tique. Une lame. Non. Une lime. C'est quoi ce bordel ? Je me redresse et fixe ma porte. Qu'est-ce qu'elle fait ? Je me redresse en entendant des coups de marteau. Je regarde par la lucarne. Je ne vois rien. Mon cœur bat la chamade. Ça toque à la porte. Mais personne derrière. J'entrouvre, mais le palier est vide. Une enveloppe se trouve toutefois sur mon tapis. Je sors et me baisse pour la ramasser. En me redressant, sa porte s'ouvre. Je n'ai pas le temps de me retourner qu'une farine explose de l'enveloppe. Me recouvre le visage. Elle sort. Me regarde en plissant les paupières. Un sourire sadique se dessine sur ses lèvres.
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Game of Shadows - en cours
RomanceElle, c'est Maxine, une ombre insaisissable, allant d'un contrat à l'autre. Elle travaille dans un bar en banlieue de Paris jusqu'à ce qu'on pose sa carte sur le comptoir pour des services beaucoup plus particuliers. Aux yeux des hommes qui l'emploi...