Damien
Adossé à la porte de service, je fume tranquillement ma cigarette. La chaleur de l'après-midi cogne autant que mon cerveau face aux horreurs que Max a fait subir aux dealers. L'impasse empeste les cadavres des bouteilles vides dans la poubelle et des restes des déchets que les clients ont laissés la veille. Je tire une grande bouffée, inspirant profondément la fumée avant de la recracher et de cogner l'arrière de mon crâne contre le métal.
La porte s'ouvre en grand me propulsant en avant. Mes nerfs déjà bien à vif, je me retourne en dégainant ma lame prêt à la planter dans la tête du fumier qui ose me déranger. Or, mes yeux s'écarquillent quand je vois apparaître un slip kangourou blanc dans l'entrebâillement.
— Déstresse Damien ce n'est que moi.
Sa tête apparaît avec un large sourire.
— Tu devrais être plus doux connard.
Tony pousse la porte et s'appuie contre le bâti en croisant les bras sur son torse. Ses yeux se plissent et me fixent, tandis que je range ma lame dans son étui.
— C'est bien toi qui me parles de douceur ?
Il se passe le doigt dans l'oreille pour faire mine de se la curer, voir s'il a bien entendu mes paroles. Je souffle.
— Quand la bestiole t'a échappé, j'ai pris pour son grade et tu n'es pas y aller de main morte.
Un rictus se forme sur mon visage. Je m'approche de lui d'un pas sûr, faisant crisser le gravier sous mes semelles. Il ne bouge pas quand je monte les quelques marches menant à la porte. Encore moins quand je le saisis par la nuque d'une poigne ferme. Mes lèvres s'approchent de son oreille :
— À qui la faute si Max est partie en Corée hein ?
Je me recule légèrement pour croiser son regard en biais.
— C'était ça où tu prenais une autre balle, je n'ai fait que mon devoir en obéissant au boss, rétorque-t-il calmement.
— Tss.
Je le pousse vers l'extérieur avec force, il se loupe et atterrit sur les genoux. Je ne m'attarde pas sur les jurons qu'il me lance et traverse le couloir en direction du bar. Ginette est en train d'essuyer les tables, tandis que quelques jeunes traînent autour d'un verre. La fréquentation est faible en journée comparée à nos soirées et exceptionnellement le bar sera fermé ce soir. Je trouve Tobias au-dessus de l'évier, les mains dans l'eau en train de laver les verres. J'attrape un torchon, puis commence à les essuyer en silence.
— Toujours d'humeur massacrante ? me demande-t-il sans lever son regard.
Ma mâchoire se contracte.
— Je me demande si la mission aux States était une bonne idée. D'un côté, elle a pu lui rendre visite, mais de l'autre les emmerdes ont recommencé.
Le voilà reparti dans son monologue. Du Tobias tout craché. Depuis l'ouverture de la chasse aux hommes de dieu, il ne fait que ruminer sur le choix de ses décisions.
— Ah s'il ne s'en était pas mêlé lui aussi...
— Boss, le coupé-je exaspéré. Être dans la tête de Maxine est un sacré défi à relevé, même moi j'ai parfois dû mal à tenir la cadence. Mais tu sais comment elle est, elle reste une tueuse exceptionnelle avec les casseroles qu'elle se traîne. Ça me fait du mal de l'admettre, mais si le serpent peut lui donner une bouffée d'air, autant les laisser en profiter.
Il redresse la tête, étonnée par mes paroles.
— Je ne parlais pas de lui, mais de Silver, et qu'entends-tu par bouffée d'air ?
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Game of Shadows - en cours
RomanceElle, c'est Maxine, une ombre insaisissable, allant d'un contrat à l'autre. Elle travaille dans un bar en banlieue de Paris jusqu'à ce qu'on pose sa carte sur le comptoir pour des services beaucoup plus particuliers. Aux yeux des hommes qui l'emploi...